Santé au travail

Comment évaluer le risque «santé»

La santé est un privilège qu'il est fondamental d'entretenir. Depuis une dizaine d'années, cette notion est intégrée par les entreprises au même titre que la sécurité. Aussi nous entendons souvent parler de la GSE (Gestion de la Santé en Entreprise). Mais que recouvre cette approche?

De nombreux dirigeants s’accordent à dire que, très souvent, c’est la qualité du service, l'implication du personnel, l'assiduité et la disponibilité des collaborateurs pour accomplir leurs tâches qui fait la différence dans un contexte de concurrence exacerbée. Il est donc fondamental pour l’entreprise de mettre la valeur humaine au centre de ses préoccupations et de préserver la santé tant physique que psychologique de ses collaborateurs.

Le risque concernant le «capital Santé de l’entreprise» doit être évalué au même titre que d’autres risques tels que les risques financiers, juridiques, industriels et environnementaux. Mais combien de dirigeants ou de responsables de ressources humaines aujourd’hui utilisent des outils d’évaluation afin d’avoir une vision éclairée de la situation?

Cette évaluation permet de faire l’état des lieux du profil de santé de l’entreprise afin d’en apprécier les composantes et les besoins. En fonction des perspectives de l'entreprise en terme de développement, de changement de produits, voire de modifications de processus, celle-ci devra définir comment ce profil santé doit évoluer pour répondre aux attentes futures de l’entreprise.

L’absence de cette évaluation conduit à la mise en place d’actions non ciblées sur les problématiques spécifiques de l’entreprise ne répondant pas aux enjeux de demain. Ainsi la gestion de la santé en entreprise ne se limite pas à des actions ponctuelles: gestion de l'absentéisme, massages, ateliers de bien-être, paniers de fruits offerts aux collaborateurs.

Elle nécessite une démarche co-construite avec tous les acteurs de l’entreprise d'où découleront de manière cohérente des actions de santé comprises par chacun, favorisant ainsi des comportements salutaires. Néanmoins elle doit servir les objectifs stratégiques de l'entreprise sur le moyen et long terme, afin de définir les interventions concrètes et rentables sur le court terme qui permettront de préparer l’avenir.

Ainsi la GSE devient un élément de stabilité de l'entreprise et non un centre de coût non contrôlable et au bon plaisir de chacun!

10 questions à se poser

  1. Quel est l’avenir de l’entreprise dans 3 ans, quels sont ses enjeux majeurs en terme économique, développement et nouveaux processus de fabrication?
  2. Quels types d’impact auront ces enjeux sur les différents personnes impliquées au quotidien dans votre entreprise à 1 an, 2 ans 3 ans?
  3. Face à quels risques professionnels les collaborateurs actuels sont exposés? Y aura-t-il de nouveaux risques professionnels en lien avec les changements?
  4. Quels est le profil actuel d’un collaborateur dans votre entreprise (un profil par site/métier, et niveau hiérarchique)? Les critères du profil sont: âge, ancienneté, niveau scolaire, nombre de formations continues, nombre d’absences – moyennes par année, nombre d’accidents – moyenne par année, salaire moyen, coût/jour.
  5. Quels types d’action de santé ont été developpés cette année dans votre entreprise?
  6. Quelle en a été la participation et le coût/ratio collaborateur/participant?
  7. Quels sont les indicateurs d’évaluation envisagés avant l’action de santé et ceux enregistrés après l’action menée?
  8. Si on prend les risques d’exposition prévisibles dans une année et les actions entreprises actuellement, sont–elles en concordance? Et si oui pourquoi, si non pourquoi?
  9. La prise en compte de la sécurité ou de la santé fait–elle partie des discussions au niveau du top management?
  10. Quel est le retour attendu par votre encadrement des actions de santé (plus-value quantitative et qualitative)?

L’idée ensuite est d’estimer le budget alloué pour l’année et de ne prendre que les actions qui seront évaluables et en cohérence avec les enjeux futurs. Ces actions peuvent être menées sur un ou deux ans, selon leur ampleur. L’essentiel est qu’elles répondent à une problématique ressentie par les collaborateurs, tout comme par l’encadrement; qu’elles soient relayées aux différents niveaux hiérarchiques par des messages de communication afin qu’elles prennent du sens et qu’elles soient prises au sérieux. Il est important de soigner leur présentation et leur introduction et de systématiquement redonner une évaluation à tous, sous forme de communiqué ou d’affiche.

L'auteur de la chronique

Annick Rieker est la créatrice et directrice de PMSE SA à Genève, une société indépendante offrant des prestations de gestion de la santé en entreprise. www.pmse.ch

 

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