Conseils pratiques

La Business Intelligence 4.0, un nouveau départ pour les RH

La révolution 4.0 va bouleverser le décisionnel d’entreprise. Quelles sont les différences entre la BI Classique et la BI 4.0? Qu’est­ce que cela va changer dans les comportements décisionnels et le fonctionnement interne des entreprises? Quelles opportunités pour les RH?

Le décisionnel d’entreprise, encore appelé Business Intelli­gence, c’est le processus de décisions et du suivi de leurs effets. Une fonction vitale qui impacte tout le fonctionnement opéra­tionnel et stratégique des organisations. Le décisionnel s’ap­puie sur deux composantes: les hommes (leur capacité à défi­nir le système de mesure des effets de leurs décisions) et les outils de Business Intelligence (leur capacité à extraire les don­ nées, les transformer, les traiter afin d’alimenter complè­tement le système de mesure: dashboard, reporting, analyse, query, ... ).

Avec l’explosion des technologies de l’information et la vitesse de transformation des métiers, les utilisateurs métiers exigent désormais de l’autonomie et de la réactivité dans le pilotage au quotidien de leurs activités. Inspirés par leur expé­rience des outils de bureautique, des smartphones et des ré­ seaux sociaux, les responsables d’activités veulent pouvoir fonctionner par intuition et tester des scénarios pour com­ prendre les situations. Ils veulent un accès direct à leurs infor­mations et demandent à maîtriser les analyses de leur métier qu’ils considèrent de leur prérogative.

Dans un monde de plus en plus rapide, les métiers ne sou­haitent plus d’intermédiaires informatiques entre la donnée et l’usage qu’ils souhaitent en faire. Ils exigent de la facilité d’uti­lisation, une application à leur service et non le contraire et une réactivité qui frôle souvent le temps réel.

La BI classique n’est plus en capacité de répondre à cette évolution car elle impose de passer par une interface tech­ nique qui engendre de la lourdeur, de la lenteur et génère ainsi des délais de réponse incompatibles avec la réalité bu­siness d’aujourd’hui.

Pour répondre à ces attentes, les départements informa­tiques doivent repenser l’architecture de leur système de BI afin de redonner la main aux métiers pour l’exploration intui­tive des données, la définition de tableaux de bord pertinents, l’édition et le partage des informations. Fini l’ancienne ap­proche qui consistait à prédéfinir des semaines, voire des mois à l’avance le contenu des tableaux de bord qui semblaient ré­pondre aux besoins et qui une fois produits, se révélaient mal­ heureusement ‘pas exactement ce qui était attendu’.

La nouvelle génération d’outils BI 4.0 révolutionne la gou­vernance, le pilotage d’entreprise en construisant un système décisionnel orienté sur l’analyse de l’activité en temps réel.

La première révolution de la BI 4.0 est que les métiers de l’entreprise peuvent construire leurs outils de pilotage sans avoir à être des experts en programmation. La BI 4.0 s’utilise sur beaucoup de plans comme des outils de bureautique ‘drag & drop’. Grâce à cette agilité d’utilisation, les Métiers vont se consacrer à la définition en contenu de leurs tableaux de bord de pilotage et de leur mise en forme.

Double cerise sur le gâteau: 

  1. Les métiers vont pouvoir développer leurs tableaux de bord à partir de la vision, mission de l’entreprise et non plus uni­quement des processus;
  2. Les experts système (informaticiens et statisticiens) vont se recentrer sur le centre névralgique de la BI, le ‘20­80’: la mise à disposition des métiers de données fiables, sécurisées, intelligentes.

La seconde révolution est que l’utilisateur peut accéder selon ses droits, mais par lui-­même, à une masse d’informations plus large que celle de son périmètre Métier. Il peut ainsi étu­dier les corrélations entre des informations traitant du même thème mais jusqu’à présent stockées dans des silos métiers fermés. Par exemple, sur le processus de création et de lancement d’un nouveau produit, la R&D, la Produc­tion, le Marketing et la Vente exploitent chacun des données de même nature mais avec une sé­mantique et une structure différentes. Avant, chacun analysait ses performances dans son ter­ritoire mais n’avait pas la compréhension du processus dans sa globalité, ni de sa contribution au succès final. Avec la BI 4.0, le dialogue et l’analyse transversale deviennent possibles grâce à l’agilité des nouveaux outils d’extrac­tion, de mise à disposition et de traitement des données.­

La troisième révolution concerne la partie communication et la réactivité du pilotage, des fonctions natives sur la BI 4.0. Par exemple, les tableaux de bord peuvent se consulter, s’échan­ger en temps réel de partout et sur n’importe quel support (pc, tablette, smartphone). Ils sont à jour instantanément, ce qui permet à la gouvernance d’analyser les situations en temps réel et de par­tager avec d’autres compétences pour une prise de décision rapide. Le reporting interne ou ex­ terne et la publication en ligne peuvent suivre aussitôt.

Et les RH dans tout ça?

La fonction RH a tout à gagner de l’arrivée de la BI 4.0 qui va lui apporter des outils de pilotage qu’elle n’a pas. Aujourd’hui les RH sont généra­lement équipées d’un SIRH qui, par conception, nécessite une équipe informatique importante en interface de l’utilisateur pour traduire ses besoins. Dès lors, il offre peu d’autonomie et de réactivité et porte une vision beaucoup trop opérationnelle des activités pour être un véri­table outil d’aide à la décision. Pour traiter ce point, les SIRH intègrent des outils décisionnels mais ce n’est toujours pas pour autant une in­formatique décisionnelle qui par essence doit répondre au besoin d’agilité et d’analyse intui­tive de l’utilisateur. Une étude de KPMG de 2015 a mis en évidence «le nombre sans cesse crois­sant d’entreprises qui veulent faire appel aux technologies mobiles pour remplacer leur SIRH».

La BI 4.0 va faire évoluer la RH sur au moins deux points. Elle va permettre d’exploiter la mine d’or des données qualitatives internes. L’intégration d’un système d’enquête dans une plate­forme BI 4.0 permet d’alimenter la RH en continu de données sur le climat social, le ni­ veau de stress et de bien­être, la satisfaction, l’engagement des collaborateurs, la perception du changement, l’impact sur les comporte­ments, les échanges inter équipes / départe­ments, etc..., et d’analyser les corrélations entre ces données et les données RH (entretiens indi­viduels, évaluation des formations, absentéisme, turnover, maladie, etc...).

La deuxième évolution est de permettre aux RH de démontrer leur contribution au succès de l’entreprise. L’accès aux données hors péri­ mètre RH va permettre de comprendre les rela­tions de causes à effets entre les activités RH (recrutement, formation, développement per­sonnel, ... ) et les résultats des autres Métiers (rentabilité client, Qualité produit, réclama­tions, satisfaction client, etc...). Grâce à la mise en valeur de ces corrélations (dashboard, repor­ting, analyse multidimensionnelle) et aux fonc­tionnalités de communication (partage, envoi des tableaux sur tablette, publication sur l’in­tranet), le Codir va (enfin!) voir la contribution réelle des RH au succès de l’entreprise et à la création de valeur.

La nouvelle génération de BI 4.0 ouvre une nouvelle approche du pilotage et de l’aide à la prise de décision. Forte de ces outils et de leur analyse prédictive, la gouvernance d’entreprise va pouvoir surveiller, contrôler et anticiper l’ensemble des ac­tivités de l’entreprise, des objectifs macros aux actes opérationnels les plus détaillés.

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Olivier Saurais est directeur de MSR SA, conseil en Expérience Client et Collaborateur, et concepteur de Mbee.M, solution en ligne de mesure et d’accompagnement de l’exécution stratégique.

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