Conseils pratiques

Se remettre à l’écoute du corps

Le corps est une ressource puissante pour comprendre une situation, augmenter l’impact de sa communication ou stimuler la cohésion d’une équipe. Décryptage et exemples.

Le coaching somatique est une approche holistique permettant à la personne qui veut atteindre un objectif de s’appuyer sur l’ensemble de ses ressources, mentales, émotionnelles et corporelles. C’est une approche qui peut également s’appliquer à une équipe. Trop souvent, nous restons focalisés sur nos capacités mentales pour résoudre une difficulté, adapter un comportement, changer d’état d’esprit. Il faut (ré-) apprendre à investir, à découvrir et à utiliser le corps pour mieux se connaître, mobiliser ses ressources internes et pouvoir vivre pleinement notre vie personnelle et professionnelle.

La recherche actuelle, notamment en neurosciences, montre combien le corps, les émotions et les pensées sont liés. Ce n’est pas un fait nouveau: depuis bientôt 5000 ans, c’est un aspect fondamental de certaines approches telles que la médecine traditionnelle chinoise et indienne. Mais la recherche médicale occidentale liée à l’avancée de l’imagerie médicale et à la physique quantique permet aujourd’hui d’en apporter la preuve «scientifique» au sens occidental.

Le mental, les émotions et le corps sont reliés

Nous sommes en relation aux autres et en interdépendance continuelle à travers nos sens et notre chimie interne. La communication se fait donc à travers nos mots, mais aussi nos sens, nos pensées, nos postures, et les réactions hormonales qui en résultent ou qui les provoquent. Le mental, les émotions et le corps sont reliés.

Prenez par exemple une personne qui prépare un discours de présentation de résultats auprès d’investisseurs pour les convaincre d’augmenter leur mise. Elle peut avoir le discours le mieux écrit, avec la meilleure forme et le contenu le plus précis, si son corps (et donc son cœur également) n’y sont pas, elle ne convaincra pas. L’intention, la présence, la capacité de convaincre passent par la posture, l’alignement de toutes les cellules de l’être dans la réalisation de l’objectif. Le corps est une somme d’atomes, formant des cellules organisées en groupes et en tuyaux, qui pulsent (ou vibrent) ensemble et en coordination. Cette pulsation, une onde qui transmet de l’énergie, est ce qui en émane. C’est toute l’organisation de nos atomes, cellules, cavités et tubes, qui s’organisent pour communiquer avec les autres.

Le ressenti corporel est un accès vers l’intuition

En réinvestissant le ressenti corporel, on accède aussi plus facilement à l’intuition. L’intuition, c’est la capacité à savoir, c’est-à-dire avoir accès à une réponse, sans raisonnement analytique. C’est intéressant d’ailleurs, car cette connaissance est associée au corps. Si on pose la question d’où émerge l’intuition, personne ne désigne la tête, c’est toujours le cœur ou l’estomac. En anglais d’ailleurs, on appelle ceci le «gut feeling», le «gut» étant l’intestin. La recherche montre que l’intuition joue un grand rôle dans l’innovation, mais aussi dans la réussite des tops managers.

Ceci illustre combien il est important de travailler à plusieurs niveaux dans un accompagnement de personnes ou d’équipes. Hors, dans la formation et les pratiques organisationnelles actuelles, on reste incroyablement éloignés de l‘intégration de ces connaissances.

Ecouter

Ce que je propose, c’est d’apprendre à écouter et à utiliser le corps pour atteindre nos objectifs. Quand on parle d’écoute, on sous-entend (!) le plus souvent l’écoute de la parole: ce qui est dit, ce qui ne l’est pas, ou ce qui est dit à moitié. Mais en y ajoutant l’écoute par le corps, il est possible d’ouvrir le champ d’expérimentation en multipliant les sources d’informations. C’est un peu comme si on arrêtait de regarder à travers un canal unique, comme une longue vue par exemple, et que l’on admirait l’ensemble du paysage de tout notre être, à 360 degrés.

Pour développer cette écoute, il faut apprendre à lâcher les automatismes, se faire confiance, pour développer d’autres dimensions: le ressenti, le toucher, la respiration, l’organisation du corps, les tensions ou les relâchements. Ecouter, c’est être dans l’action, par opposition à entendre, qui a un sens passif. En écoutant son corps et ses réactions, il est possible de mieux cerner une situation et choisir d’agir.

Eviter les écueils

Prenons le contexte actuel de l’épidémie de burn-out. Dans la majeure partie des cas, il apparaît que la personne a traversé une longue période de difficultés, privées et professionnelles, un entrelacs de circonstances, qui ont provoqué le dit burn-out. Des signaux somatiques sont apparus lentement: troubles du sommeil, douleurs musculaires, irritabilité, grande fatigue, etc.... Trop souvent, au lieu d’écouter ce corps, on «traite» ces symptômes de manière désynchronisée: antidouleurs, alcool, somnifères pour mieux dormir, jusqu’au jour où la machine est complètement à plat. La réaction du corps n’est pas à «couvrir» ou à «traiter», elle est à écouter, avec curiosité, comme un scientifique qui observe une expérience. Fort de cette capacité, il est ensuite possible de mettre en place des stratégies pour agir tôt (prévention) ou au moins éviter un risque de rechute.

En coaching somatique, on apprend donc à écouter ce corps qui nous parle et à en faire un allié. En écoutant, on peut ensuite agir, et non pas subir. A travers des pratiques somatiques, on peut choisir de modifier la situation sur le court terme: en se recentrant intérieurement avec la respiration, en activant une posture de puissance pour provoquer un «shoot» hormonal, en visualisant un état de détachement; sur le long terme, en analysant de manière systémique son environnement, en identifiant des ressources, en relâchant certaines attentes, en modifiant des comportements ou en analysant ses valeurs.

Construire des équipes qui cartonnent

Pour qu’une équipe soit performante, il est capital qu’un climat de sécurité psychologique y règne: les membres doivent être à l’aise de prendre des risques sans se sentir insécurisés. Hors, le réflexe de sécurité est très puissant. Une approche somatique dans ce cadre peut apporter énormément à la construction d’un climat propice. Par exemple, une première étape sera pour chaque membre d’apprendre à analyser son propre ressenti en situation d’interaction d’équipe. Est-ce un état de relâchement et de détente, dans lequel il sera aisé d’avoir une discussion constructive, de réfléchir car la capacité cognitive sera très accessible, de proposer des idées nouvelles, de rire, de se sentir en harmonie ou un état de constriction, dans lequel ce sont les réflexes de peur qui sont engagés, les fameux 3F («fear», «fight» or «flight») de défense? La deuxième étape consistera à identifier l’état désiré pour ensuite mettre en œuvre, par le corps, des mécanismes et des actions réelles qui permettront à chacune et chacun de se relâcher et donc à l’équipe d’être plus performante.

A vous de jouer!

Faites un essai et observez attentivement ce qui se passe dans votre corps la prochaine fois que vous entrez au bureau: comment est votre souffle? Quelles sont les sensations? Etes-vous en train de transpirer? Comment sont vos genoux, vos épaules, votre dos? Quelle est l’organisation de votre corps? Comment vous placez-vous? Qu’est-ce que ceci vous dit? Et que voulez-vous en faire?

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Sakina Aubert Preiswerk est coach et spécialiste de gestion du changement.

www.sakinaaubert.com

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