24.03.2017

Le patron de Credit Suisse a touché 11,9 millions en 2016

Le patron de Credit Suisse a vu sa rémunération nettement diminuer l'an dernier: Tidjane Thiam a perçu au total 11,9 millions de francs, contre un montant de 18,9 millions un an auparavant. La perte annuelle essuyée par la grande banque s'avère plus lourde que prévu.

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(ats) Le Franco-Ivoirien avait bénéficié en 2015 d'un important dédommagement de 14,3 millions de francs, destiné à combler le manque à gagner suite à son départ en cours d'année de l'assureur britannique Prudential.

Dans le détail, la part fixe de la rémunération de Tidjane Thiam s'est élevée l'an dernier à 3,68 millions de francs, tandis que les éléments variables ont atteint 8,22 millions, ressort-il du rapport annuel de la banque publié vendredi. En 2015, le dirigeant avait touché un salaire "ordinaire" de 4,57 millions pour une durée de six mois.

L'ensemble de la direction de Credit Suisse a perçu en 2016 environ 82 millions de francs, contre un montant de 80,4 millions un an plus tôt en tenant compte des primes de bienvenue.

La compensation du président du conseil d'administration Urs Rohnera été remontée à près de 4 millions, contre 3,2  millions en 2015. L'ensemble du conseil d'administration a empoché près de 11 millions, contre un peu moins de 9,9 millions un an auparavant.

Ermotti mieux payé

Tidjane Thiam reste l'un des grands patrons les mieux payés de Suisse, malgré la période de grandes turbulences que traverse le numéro deux bancaire helvétique. A titre de comparaison, Sergio Ermotti, directeur général d'UBS, a touché 13,7 millions de francs en 2016, légèrement moins qu'en 2015 (14,3 millions).

Le directeur général du géant pharmaceutique bâlois Novartis Joseph Jimenez a touché pour sa part près de 12 millions, celui de Roche, Severin Schwan, 11,64 millions. Paul Bulcke, ancien directeur général de Nestlé, qui va prendre la présidence du conseil d'administration début avril, a reçu 11,21 millions.

Si l'initiative Minder contre les rémunérations abusives, approuvée par le peuple en 2013, a amélioré la transparence, elle n'a en revanche pas contribué à diminuer les salaires versés aux hauts dirigeants.

Instruments de contrôle insuffisants

L'ordonnance contre les rémunérations abusives dans les sociétés anonymes cotées en bourse (ORAb) empêche le paiement à l'avance d'indemnités. En revanche, les primes d'entrée en fonction, qui indemnisent le dirigeant des bonus perdus en raison de son départ de l'entreprise précédente, restent légales.

Les instruments de contrôle prévus dans l'ordonnance fédérale sont notoirement insuffisants et il n'y a surtout pas de réelle volonté d'imposer des limites, déplorait l'an dernier le syndicat Travail.Suisse.

Credit Suisse a essuyé en 2016 une perte plus élevée que prévu. Celle-ci a finalement atteint 2,71 milliards de francs. En février, la grande banque avait annoncé une perte nette attribuable aux actionnaires de 2,44 milliards de francs.

Chiffres rouge vif

Sur le seul 4e trimestre 2016, le résultat s'est inscrit à -2,62 milliards, contre une perte de -2,35 milliards évoquée auparavant, selon les indications fournies par Credit Suisse.

La banque a mis à jour ses résultats déclarés de l'exercice 2016 pour tenir compte d'une charge supplémentaire après impôts de 272 millions de francs, causée par un relèvement des provisions à hauteur de 300 millions.

Cette somme sera utilisée pour payer la pénalité financière infligée par les autorités américaines dans l'affaire des créances hypothécaires résidentielles (RMBS) aux Etats-Unis.

La banque, en cours de restructuration, sort d'une deuxième année consécutive dans le rouge. La sanction infligée par le Département de la justice (DoJ) aux Etats-Unis dans le dossier des crédits hypothécaires pourris (subprime) a pesé sur le bilan annuel. En 2015, Credit Suisse avait déjà subi un débours de 2,94 milliards de francs en raison d'effets uniques.