24.04.2017

Les bonus de Credit Suisse sous le feu des critiques

La polémique sur les millions de bonus versés aux dirigeants de Credit Suisse ne s'atténue pas à quelques jours de l'assemblée générale du numéro deux bancaire helvétique. Le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann intervient dans le débat, qualifiant de bêtise les rémunérations excessives.

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(ats) Le versement de bonus élevés traduit un manque d'égards, qui tôt ou tard va engendrer des affrontements entre partenaires sociaux, estime le ministre de l'économie dans un entretien accordé au journal Zentralschweiz am Sonntag.

Lorsqu'il était entrepreneur et président de Swissmem, Johann Schneider-Ammann a essayé de sensibiliser ses collègues sur le fait que "les rémunérations excessives sont une bêtise et n'ont rien à voir avec les conditions du marché au niveau mondial".

Face à la fronde de certains actionnaires, Credit Suisse a été contraint de revoir sa copie et de réduire de 40% les bonus de ses dirigeants. La direction générale a proposé de réduire le bonus 2016 de 26 millions à 17 millions de francs, ainsi que la valeur des attributions sous le plan à long terme de 52 à 31 millions.

Les actionnaires trancheront

Plusieurs actionnaires ou sociétés de conseil aux actionnaires, dont les américaines ISS et Glass Lewis ainsi que la fondation genevoise Ethos, ont émis des réserves et recommandé le rejet du rapport sur les rémunérations. Ils ont jugé les montants trop élevés au regard de la lourde perte de 2,71 milliards de francs essuyée l'an dernier, après un débours de 2,94 milliards en 2015.

Le salaire du patron de Credit Suisse, Tidjane Thiam, a finalement été réduit de 11,9 à 10,24 millions de francs. Reste à savoir si la baisse annoncée suffira. Johann Schneider-Ammann laisse les actionnaires trancher. "Nous le saurons dans moins d'une semaine", relève-t-il. Credit Suisse tient son assemblée générale vendredi.

ISS, Glass Lewis et Ethos continuent de recommander de rejeter le rapport de rémunération de la grande banque. Un gros actionnaire, le fonds souverain norvégien, a en revanche changé d'avis après l'annonce de Credit Suisse. De son côté, le fonds Harris Associates s'était déjà prononcé en faveur du rapport de rémunération avant la réduction des bonus.

Le fonds souverain qatari, le groupe saoudien Olayan et le fonds d'investissement américain Blackrock, qui détiennent chacun plus de 3% du capital-actions de Credit Suisse, n'ont pas encore dévoilé leurs intentions.

Sans lien avec la performance

Compenswiss, l'entité qui administre les fonds de compensation AVS/AI/APG, ne s'est pas non plus décidé. "Quand un système de rémunération manque de transparence ou que les émoluments ne correspondent pas aux prestations, nous exprimons notre refus", déclare toutefois son président Manuel Leuthold à la NZZ am Sonntag.

Le conseiller aux Etats schaffhousois Thomas Minder, à l'origine de l'initiative contre les rémunérations abusives, espère un "non" vendredi. "C'est une catastrophe", si les actionnaires approuvent les salaires, le dividende et la réélection du conseil d'administration de Credit Suisse, a-t-il affirmé à la SonntagsZeitung.

L'entrepreneur craint toutefois que Credit Suisse ne réussisse à faire accepter les points à l'ordre du jour. Peu de choses ont changé au niveau de la rémunération des hauts dirigeants, quatre ans après l'acceptation de l'initiative contre les rémunérations abusives.

La résistance s'amplifie

Thomas Minder critique les lacunes comme les votes sur les rémunérations futures. Depuis cette année, la résistance s'amplifie toutefois contre les salaires disproportionnés. La principale pierre d'achoppement est l'écart grandissant entre la performance et la rémunération.

Les actionnaires du groupe industriel schaffhousois Georg Fischer ont ainsi refusé le rapport sur les rémunérations, tandis que 38% des actionnaires du géant électrotechnique zurichois ABB ont rejeté la rémunération de la direction générale.

Le rapport de rémunération du géant pharmaceutique bâlois Novartis a été refusé par 40% des actionnaires. Une opposition de plus de 20% des actionnaires est considérée comme un signal d'avertissement.