10.09.2018

Les entreprises romandes mal informées sur le devoir d'annonce

L'entrée en vigueur de l'obligation d'annoncer les postes vacants en juillet a été pénible pour les entreprises, notamment en Suisse romande. "Elles n'avaient pas assez d'informations. Nous avons organisé des séances pour leur expliquer", a indiqué à AWP Béatrice Gallizzi, directrice d'Adecco Staffing pour la partie francophone du pays.

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(awp sda) A en croire la responsable du géant zurichois de l'intérim, les associations faîtières de branche ont joué leur rôle et "fait beaucoup". Toutefois, une information plus intensive de la part du Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) aurait certainement aidé les entreprises à y voir plus clair, selon elle.

Depuis le mois de juillet, les entreprises sont contraintes d'annoncer auprès des Offices régionaux de placement (ORP) tous les postes de travail vacants pour des métiers où le taux de chômage dépasse le seuil de 8%.

Cette disposition fait partie du mécanisme mis en place suite à l'adoption de l'initiative dite contre l'immigration de masse. Elle a entraîné en juillet et en août une flambée des places vacantes recensées par le Seco.

"Certaines entreprises ont eu peur du volume de travail que ça allait représenter pour elles", explique Mme Gallizzi. Adecco accompagne ces entreprises et leur met à disposition des outils leur permettant de bien négocier le virage. Le numéro un mondial du travail temporaire couvre même les montants d'éventuelles amendes, qui peuvent se situer entre 20'000 et 40'000 francs par cas et selon la gravité.

Ces prestations sont payantes. "La facture est symbolique. Il s'agit d'aider ces entreprises", assure toutefois la directrice pour la Suisse romande et le sud du pays.

Dans un premier temps, certains cantons romands n'infligeront aucune pénalité financière aux contrevenants, sauf infraction délibérée, répétée et/ou grave. Genève a notamment promis une période de clémence jusqu'à la fin de l'année, selon les cas, a affirmé Béatrice Gallizzi.

Le surplus de travail concerne les entreprises et les ORP, mais n'épargne pas Adecco, note la dirigeante. "On a dû changer notre méthode de travail. Ça demande une nouvelle organisation. Nous devons appliquer une nouvelle méthodologie pour assurer une traçabilité des candidats."

Profils non adaptés

Sur le fond, Béatrice Gallizzi reconnait la pertinence et le bien-fondé de la préférence donnée aux travailleurs locaux. Le nouveau système n'est toutefois pas exempt de défauts et mène souvent à des situations kafkaïennes. "Dans la construction par exemple, nous devons annoncer les postes alors qu'on ne trouve personne pour travailler dans ces métiers."

Le secteur de l'hôtellerie-restauration est également concerné par cette problématique. "Peu de personnes au chômage correspondent aux critères de nos clients en raison des horaires de coupure ou du travail de nuit", souligne la responsable. De ce point de vue, la situation en Suisse Romande est similaire à celle du pays dans son ensemble.

L'horlogerie recherche particulièrement des mécaniciens, des polymécaniciens et des ingénieurs. La médecine humaine, la pharmacie et l'informatique sont également confrontés à une pénurie de main d'oeuvre qualifiée. Le déséquilibre entre offre et demande risque encore de s'aggraver avec le départ à la retraite des baby boomers.

Selon une étude de Boston Consulting Group, il manquera un demi-million de personnes sur le marché du travail en Suisse d'ici 2030.

La solution réside dans l'engagement de personnes ne résidant pas sur territoire helvétique. Dans cette optique, l'outil des quotas doit être manié avec précaution afin de ne pas se priver de la main d'oeuvre qualifiée nécessaire, avertit Béatrice Gallizzi.

Cette dernière se prononce également en faveur de solutions facilitant le retour des mamans sur le marché du travail. Il fautvégalement éviter que les talents ne s'expatrient.