15.01.2018

Un village-test pour le revenu de base inconditionnel

Un village de Suisse doit tester le revenu de base inconditionnel. L'idée vient de la réalisatrice alémanique Rebecca Panian. Elle veut connaître les interactions sociales qui en découlent ainsi que l'impact sur l'économie locale. Plusieurs communes sont intéressées.

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(ats) L'idée de cette expérience est d'abolir les "blocages dans les têtes". En juin 2016, les Suisses avaient rejeté par 77% le revenu de base inconditionnel. La votation a laissé beaucoup de questions ouvertes, selon la cinéaste qui a rendu public cette semaine son projet.

Pour ce faire, elle a lancé un appel. Elle cherche un village qui serait prêt à tester dans la réalité le revenu de base inconditionnel. Durant un an, la commune-test devrait accorder à ses habitants un revenu garanti correspondant au minimum vital. Pour les adultes, ce serait 2500 francs et pour les mineurs, 625 francs par mois.

Lorsqu'une personne gagne moins, pour quelle que raison que ce soit, elle devrait recevoir le complément soit de la commune soit d'une source de financement externe.

Une solution pour les parents

"Les femmes ou hommes au foyer et les enfants seraient les principaux bénéficiaires de l'expérience", selon Rebecca Panian. Certains parents pourraient par exemple réduire leur temps de travail, sachant que le revenu de base est assuré, imagine-t-elle dans une interview à l'ats.

La commune idéale serait un village de 150 à 1000 habitants avec une répartition représentative d'actifs, de retraités, de jeunes, d'enfants, de chômeurs, de célibataires, etc. "J'ai conscience que mon projet peut paraître un peu fou. Mais je suis convaincue que l'expérience peut être financée si un village se lance dans l'aventure.

On est encore dans le flou s'agissant de l'argent nécessaire à une telle expérimentation. La réalisatrice se prononcera seulement une fois qu'elle aura connaissance de la commune qui se prêtera au jeu. Son projet a toutefois déjà suscité l'intérêt: en milieu de semaine, elle a reçu entre 20 et 30 propositions. La localité de Bergün dans les Grisons a par exemple été citée par deux fois.

Pas de proposition romande

Aucune localité romande n'a pour le moment répondu à Rebecca Panian. De ce côté de la Sarine, l'initiative avait pourtant rencontré un beau succès d'estime: à Genève, les citoyens du quartier des Pâquis avaient par exemple accepté le texte par 54% des voix, dans le canton de Vaud, la commune de Sarzens avait voté à 51,4% pour.

Rebecca Panian va désormais étudier les données collectées. Elle se rendra dans les communes intéressées. Selon la réalisatrice, cette expérience devrait apporter des enseignements que la théorie ne peut pas révéler. Un village représentatif dans sa population constituerait un espace idéal pour ce genre d'expérience, une sorte de mini-pays.

La réalisation de ce projet n'est cependant pas garantie. La population de la commune prête à se lancer devrait sans doute voter. Rebecca Panian souhaite tirer un film documentaire de l'expérience. La réalisatrice s'est déjà illustrée avec un autre film "Zu Ende Leben" (Vivre jusqu'à la fin) dans lequel elle accompagne un homme souffrant d'un cancer.

Expérience en Finlande

Les partisans du revenu de base inconditionnel ont apporté leur soutien à la cinéaste. Ils avaient annoncé en juin dernier leur volonté de mener une grande expérience en vrai. Un projet similaire est en cours en Finlande. Depuis janvier 2017, 2000 chômeurs choisis au hasard perçoivent 560 euros (608 francs) par mois au lieu des allocations, sans conditions.

Cette somme ne doit pas être déclarée aux impôts et on peut la compléter par un revenu supplémentaire sans préjudice financier. L'expérience doit durer deux ans. Le gouvernement veut simplifier le système de prestations sociales et stimuler l'emploi.