Marché du travail

Les jeunes ne répondent plus à l'appel syndical

Le nombre de jeunes tend à diminuer dans les syndicats. Cette hémorragie pourrait à terme avoir un impact sur les finances de ces organisations.

Berne (ats) Employés Suisse remarque une fuite plus massive de ses jeunes affiliés que des plus âgés. Le syndicat connaît l'âge de plus de la moitié de ses membres. Entre 2014 et 2015, il a observé une baisse du nombre de ses adhérents âgés de moins de 30 ans d'1% et une augmentation de l'âge moyen de ses partisans de deux ans.

La Société suisse des employés de commerce constate un recul de ses membres de 50'000 à 48'000, au cours de ces cinq dernières années. "Ce repli concerne aussi les jeunes. En revanche, nous ne communiquons pas de chiffre à ce sujet", précise Dominique Nussbaum, porte-parole Suisse romande de l'organisation.

Population vieillissante

Du côté du Syndicat des services publics (SSP), après des baisses enregistrées durant les années 2000, la situation s'est stabilisée. L'organisation assiste, par contre, à un vieillissement de ses adhérents.

"A plus long terme, cela pourrait avoir une conséquence sur nos finances vu que les jeunes au bénéfice d'un salaire plus faible cotisent moins pour notre association", explique Christine Flitner, secrétaire centrale de l'organisation.

Auprès de l'Union syndicale suisse (USS), le nombre de jeunes affiliés reste stable ces dernières années. Idem pour le syndicat des médias et de la communication, syndicom. Ce dernier s'inquiète toutefois du taux de syndicalisation toujours trop bas, à ses yeux, de la population.

Selon les derniers chiffres de l'Office fédéral de la statistique (OFS) disponibles, 746'126 personnes étaient syndiquées sur sol helvétique en 2013, cela représente 20,2% des employés engagés à 20% et plus. Dix ans plus tôt, cette proportion se situait à 24,9%.

Dédiaboliser

La majorité des syndicats questionnés avouent rencontrer des difficultés à recruter de nouveaux membres. "Cela étant, toutes les organisations sont confrontées au même problème. Une adhésion de longue durée à une association semble moins aller de soi qu'auparavant", souligne Dominique Nussbaum.

Pour Roman Helfer président de Jeunesse.Suisse, "le mot syndicat fait peur". "Il faut mieux informer les jeunes si l'on veut qu'ils nous suivent", déclare celui qui représente la voix des 15 - 30 ans auprès des cinq plus grandes fédérations membres de Travail.Suisse.

Selon lui, les campagnes actuelles axées sur les avantages en nature, comme par exemple des rabais sur des places de cinéma, en cas d'affiliation à un syndicat ne sont pas optimales. "Il faut au contraire privilégier plus le contact humain pour expliquer notre rôle et notre mission dans la société. C'est en ôtant la peur par le dialogue que l'on arrive le plus à convaincre", martèle-t-il.

Avis partagé par Dominique Nussbaum: "Nous devons mieux communiquer sur nos prestations, notamment celles qui, comme le contrôle de CV, soutiennent les adolescents qui arrivent sur le marché du travail".

Génération Y pointée du doigt

Roman Helfer ne constate pas de repli auprès des jeunes. Par contre, il reconnaît la difficulté grandissante à mobiliser cette génération. Signe selon lui de la précarisation des 15 - 30 ans, "les jeunes sont nombreux à cumuler deux jobs ou à travailler à côté de leurs études. Ils n'ont par conséquent tout simplement pas le temps de s'engager".

Virginie Jaquet, porte-parole d'Employés Suisse, avance une autre explication: "La génération Y ne met plus l'accent sur le travail uniquement. Il est plus important pour elle d'avoir un bon équilibre entre vie privée et active, ce qui pourrait engendrer une volonté plus faible de s'engager dans une association professionnelle".

"A l'ère des réseaux sociaux, les jeunes ne veulent plus s'affilier à un syndicat. Par contre, ils viennent nous voir lorsqu'ils rencontrent une difficulté sur leur lieu de travail", renchérit Hansjörg Schmid, porte-parole d'Employés Suisse. Selon lui, il faut aller pêcher les jeunes là où ils sont: sur ces réseaux sociaux précisément.

La jeunesse, un marché convoité par les syndicats

De la rencontre-éclair avec un futur potentiel employeur à l'instauration de quotas jeunes, les syndicats multiplient les actions pour attirer de nouvelles forces vives. Tour d'horizon.

Syndicom a mis sur pied un quota de jeunes fixe pour tous ses organes et ses délégations. L'organisation dispose également d'une commission jeunesse représentée par des salariés âgés de moins de 31 ans. Le groupement traite de toutes les questions des jeunes employés et mène aussi une réflexion sur le développement futur de leurs professions respectives.

A l'instar d'autres syndicats, Employés Suisse possède une page internet tout spécialement consacrée à la jeunesse.

La Société suisse des employés de commerce a, quant à elle, engagé plusieurs collaborateurs qui prennent en charge les prestations de conseil et le marketing dédiés aux jeunes. Elle organise aussi des événements qui facilitent l'entrée dans la vie active, tels que des "job speed dating", qui incluent notamment des ateliers de relecture de CV et des simulations d'entretien d'embauche.

Le syndicat publie également, régulièrement, des textes dans le supplément formation du journal 20 Minutes. Le juriste de l'organisation choisit toujours quatre questions intéressantes que des jeunes lui ont posées dans le cadre de son travail.

Enfin, l'immense majorité des syndicats questionnés mettent sur pied des visites dans les écoles. Ils sont aussi présents à des foires professionnelles.

 

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