Chronique

Apprendre le sens

Si le sens dont nous avons besoin est difficile à identifier, c’est parce qu’il n’est pas unique, mais aussi parce que nous prenons la question par le mauvais bout. On le cherche trop souvent comme s’il existait quelque part, en nous ou dans notre environnement, comme s’il était à «dénicher».

Dans cette tribune, Jean-Yves Mercier partage certaines des réflexions développées dans son ouvrage sur le «self-leadership» à paraître en fin d’année.

Le sens ne se trouve pas, il se construit. La confrontation entre nos principes et nos actions est essentielle pour cultiver un sens réaliste et concret. Nos croyances sont des repères que nous avons intériorisés, mais il est crucial de remettre en question nos convictions par nos pratiques afin de les faire évoluer. Prenons l’exemple d’une valeur aujourd’hui importante, favoriser l'inclusion en entreprise. Si nous sommes rigides en la matière, nous provoquerons du rejet. À l’inverse, si nous nous ne nous y engageons pas, nos actions individuelles et collectives seront marquées du sceau de l’habitude et rien ne bougera. Il y aura un monde entre les paroles et les actes. Il nous faut aller au-delà des mots, confronter nos croyances à nos actes pour apprendre, affiner nos principes pour mener des stratégies d'action utiles.

Accepter de ne pas tout savoir et de s'engager dans un processus d'apprentissage est alors essentiel. Il nous revient d'apprendre à concrétiser au présent ce qui a de la valeur pour nous en fonction des évolutions de notre environnement. L'action est le premier pas qui nous permet de donner du sens à notre vie professionnelle. La prise de recul en est le second. Le chemin vers le sens ne peut se mener sans remise en question. Pour construire une responsabilité qui ait du sens, nous devons nous accepter tels que nous sommes et reconnaître tant notre complexité que nos limites. C’est bien ce qui fait défaut aujourd’hui. 

On voit en effet trop souvent apparaître deux tendances tout aussi insatisfaisantes l’une que l’autre. Reprenons notre exemple.  Inclusion, égalité des genres, Quel que soit l’étendard, prôner la seule exemplarité autour d’une valeur rigide nie l’histoire et le chemin à parcourir. Le but, même légitime, prend la place du sens. Ou alors on complexifie à souhait, LGBTIQ+, étalant l’ensemble des évolutions en cours dès leur émergence. Et l’on place ainsi ceux qui voudraient en prendre le chemin dans une sorte de sentiment d’impuissance. On oublie dans les deux cas que le sens est un mouvement.

Ce que nous contrôlons, ce n’est ni qui nous sommes, ni les mutations de notre environnement. Mais notre engagement à apprendre. Construire le sens par notre action et par son observation devient alors fondation d’une certaine confiance en soi face aux évolutions. N’oublions jamais que si la question du sens se pose, c’est bien parce que nos repères changent à vitesse grand V. Le chemin parcouru est aussi important que le but poursuivi. Nous ne pouvons pas prétendre détenir toutes les réponses, mais nous pouvons évoluer et identifier notre valeur ajoutée dans ce processus d'apprentissage. C’est là, au quotidien, où nous trouverons du sens.

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Photo portrait Jean-Yves Mercier

Jean-Yves Mercier est directeur exécutif du EMBA de l’Université de Genève et CEO de Self-Leadership Lab.

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