Chronique

Prendre sa place

Reconnaître que nous construisions le sens par l’action et par son observation, certes. Mais aussi, le traduire en prenant des responsabilités. C’est cela faire acte de self-leadership. C’est prendre notre place.

Dans cette tribune, Jean-Yves Mercier partage certaines des réflexions développées dans son ouvrage sur le «self-leadership» à paraître en fin d’année.

La qualité d’une décision ne se mesure souvent qu’une fois ses résultats connus. Le sens se construit, certes, mais il faut bien prendre un chemin. Comment savoir lequel?

La synchronicité, concept développé par Jung, joue un rôle important en la matière. Prendre sa place ne signifie pas chercher une place prédéfinie, mais plutôt favoriser la rencontre entre les besoins de l’environnement et les nôtres. Quand on dit que le changement est une opportunité, c’est de cela qu’on parle. Cette rencontre nécessite de clarifier nos aspirations en même temps que d’interagir avec le champ des possibles. Nous sommes perdus si nous essayons d’imaginer indéfiniment ce qui résultera d’un changement avant d’agir. C’est pourtant ce qui se passe lorsqu’une évolution touche une entreprise, nouvelles technologies, nouvelle stratégie ou nouvelle organisation. Toutes les discussions de couloir comme les communications de la direction se centrent sur la tentative vaine de dire le futur. Entraînant un ballet incessant d’espoirs, de défiance et d’immobilismes. Plutôt que de vision ou de graal à atteindre, parlons d’aspirations.

Au niveau personnel, comment les clarifier? Il arrive que nous manquions d'aspirations, tandis qu'à d'autres moments, elles affluent sans que nous sachions comment les trier. Lorsque nous avons de la peine à les identifier, c’est souvent parce que nous sommes empêtrés dans nos contradictions. Pour mieux comprendre nos aspirations, il nous faut alors identifier nos cohérences et nos paradoxes. Nos cohérences sont des ancrages qui nous rassurent. Nos paradoxes peuvent eux être déconcertants, mais ils sont les fondements de notre inventivité. C'est en reconnaissant nos contradictions que nous évoluons et que nous développons des stratégies pour les vivre au mieux. Un dirigeant de start-up créatif et perfectionniste ne va pas se perdre dans le développement tous azimuts. À la manière d’un artisan, il va concentrer ses équipes sur une innovation spécifique à peaufiner.

Faire acte de self-leadership, c’est reconnaître nos ancrages et nos doutes, observer ce qu’ils révèlent de nos aspirations personnelles, et les proposer à notre environnement par notre action. C’est une question de courage et de décision. C’est sortir de l’immobilisme pour nous permettre de rencontrer le champ des possibles. Celui-ci n’est limité que si nous ne bougeons pas. Attendre le bon job ou la bonne opportunité est une loterie. La synchronicité qui nous permet de prendre notre place avec notre environnement n’est pas un hasard, mais au contraire un travail de clarification constante de notre partie de la relation, nos aspirations. Par leur mise en œuvre à travers nos responsabilités.
 

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Photo portrait Jean-Yves Mercier

Jean-Yves Mercier est directeur exécutif du EMBA de l’Université de Genève et CEO de Self-Leadership Lab.

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