Conseils pratiques

Trouver sa place par rapport à l'autre

Les relations humaines en entreprises sont complexes. Nous avons parfois besoin d’espace, parfois d’un contact de proximité. Voici quelques clés pour ajuster nos besoins à ceux des autres.

La danse de la relation à l’autre peut parfois être complexe. Par exemple quand l’un est envahissant, l’autre recule. Les protagonistes n’aiment pas forcément la situation mais souvent pourtant la perpétuent. Pourquoi continuer à pourchasser quelqu’un qui fuit? Pourquoi continuer à fuir plutôt que de faire face? Le pire, c’est lorsque nous restons bloqués dans ces positions polarisées, et que nous les renforçons: plus l’un fuit, plus l’autre le poursuit.

Ce schéma se retrouve particulièrement en entreprise, où les missions de chacun sont définies de manière stricte, et où l’on risque de voir un comportement répétitif d’une personne comme une caractéristique de celle-ci, liée à son identité. Par exemple, lorsque Nathalie veut absolument obtenir des informations de Tim car elle en a besoin pour remplir son rapport, que c’est une priorité pour elle mais pas pour lui, Tim aura peut-être l’impression que Nathalie est pénible. Nathalie, trouvera peut-être que Tim ne prend pas ses responsabilités.

Alors comment y mettre fin? Comment chacun pourrait-il trouver son espace face à l’autre, et la distance souhaitée sans que ce soit un combat larvé?

Limite claire et bienveillante

A une personne qui a besoin de plus d’espace, je propose de ne pas se laisser submerger par l’autre ou par une situation en posant une limite claire et bienveillante. Il vous sera nécessaire d’expliciter votre besoin, c’est-à-dire par exemple d’être seul avec vos pensées et vos émotions, pendant un temps. Vous pouvez indiquer combien de temps vous souhaitez être seul, et expliquer que ce n’est pas un rejet de l’autre ou de la situation mais un besoin de connexion à soi, pour pouvoir faire le point. Cela sera à vous de revenir vers l’autre, une fois que vous le pouvez, pour montrer l’importance que vous attachez à la relation ou à l’objectif commun.

Pour la personne qui demande plus d’interactions, cela va être utile d’expliquer qu’elle a besoin d’être avec l’autre, d’échanger avec l’autre, pour mettre au clair ses idées et ses émotions. Vous pouvez demander à l’autre quel serait le meilleur moment pour lui. Et rien ne vous empêche de contacter plusieurs personnes pour répondre à votre besoin!

Le risque, en cherchant absolument à obtenir de l’autre ce dont on a besoin (que ce soit de la distance ou du rapprochement), est d’entrer dans ce que l’analyse transactionnelle appelle des jeux psychologiques. Cela revient à essayer de manipuler l’autre pour pouvoir répondre à notre besoin. Pour ne pas faire de jeux, il est nécessaire de faire une demande claire et d’accepter le «non» de l’autre.

On peut aussi vite basculer dans le jugement de l’autre, le voir soit comme distant soit comme insistant. Pourtant, nous avons tous les mêmes besoins. Ce qui change, c’est la quantité de ce besoin (espace, connexion), avec qui, et le moment où nous le souhaitons.

Ce qui crée cette situation, c’est simplement qu’une personne a un besoin plus grand que ce que peut lui offrir l’autre à un moment donné. Ironiquement, ces deux postures extrêmes, ces besoins d’espace et de connexion se rejoignent et se résolvent de la même manière: en investissant vraiment notre espace intérieur et en choisissant avec l’autre quels sont les contours de notre espace relationnel.

Mental, émotionnel et spirituel 

L’espace intérieur et l’espace relationnel ont plusieurs dimensions:

Mental – la manière dont nous concevons nos idées, à quel moment et sous quelle forme l’autre propose les siennes, notre manière d’échanger. Par exemple, certaines personnes sont très stimulées par des brain storming en groupe, l’énergie dégagée lors de ces exercices leur permet d’être encore plus créatifs que lors d’une réflexion autonome. D’autres au contraire vont se sentir submergés par les sons, la tension présente de devoir s’exprimer, et pour développer le temps et l’espace consacré à la réflexion, ils seraient mieux dans un contexte calme, seuls. L’échange d’idée, de savoir, de questionnement peut aussi se faire en différé grâce à l’écrit et aux vidéos, ce qui permet d’être avec l’autre intellectuellement, chacun dans notre propre espace.


Émotionnel – la connexion à soi et à l’autre, dans quelle mesure nous sommes présents à l’autre et à nous-mêmes. En étant conscient de nos émotions, en leur donnant une place importante, on peut aussi créer un espace en soi pour accueillir l’autre et ses émotions, sans se laisser envahir pour autant, et sans envahir l’autre de nos émotions.

Spirituel – les pratiques que nous souhaitons faire seul ou ensemble, ou pas. Si l’on prend l’exemple de la méditation, elle peut se faire en étant guidé par une personne, elle peut se faire de manière totalement autonome, elle peut se faire en groupe. Chaque modalité de méditation crée un lien particulier par rapport aux autres et au monde.

Alors, à chacun de trouver ses stratégies pour investir son espace et répondre à ses besoins d’une part, et à définir les contours de l’espace relationnel avec l’autre d’autre part.

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Eloïse Basille est formatrice en entreprise, consultante et coach professionnelle. Depuis sept ans, elle partage son expertise via son entreprise de conseil de carrière Ressource - Coaching. www.ressource-coaching.ch

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