Conseils pratiques

Apprendre par l’erreur

Nous connaissons tous le proverbe «errare humanum est», qui nous rappelle notre condition d’êtres humains tout sauf parfaits. Mais comment apprendre de nos erreurs dans un environnement où la rentabilité et la perfection priment? Comment s’améliorer alors que l’aveu de ses erreurs est perçu comme une faiblesse?

Les professionnels du développement personnel et de l’éducation s’accordent à dire que nos erreurs nous font progresser et qu’il est donc normal, voire souhaitable, d’en faire. De plus, de nombreux dictons ou citations viennent corroborer cette approche: «c’est en forgeant que l’on devient forgeron», «nul n’est parfait», «l’erreur est humaine», etc. Mais comment se fait-il, dès lors, que nous rencontrions bon nombre de participants dans nos séminaires de leadership et de teambuilding qui nous disent leur crainte de se tromper ou d’avouer leur incapacité face à une tâche ardue? Comment se fait-il qu’en Suisse, une personne qui fait faillite soit considérée comme un «looser», un perdant?

Pourquoi est-il important d’admettre ses erreurs?

Pour commencer, il est important de s’interroger sur la notion-même de l’erreur et de son importance dans le processus d’évolution personnelle. Pour s’améliorer, il faut prendre le risque de faire quelque chose de nouveau et de se tromper, ce qui sous-entend la nécessité de sortir de sa zone de confort. A contrario, demeurer dans notre zone de confort, nous permet au mieux de délivrer un bon service mais pas d’exceller et innover.

De plus, certaines tâches sont si difficiles qu’il est nécessaire de s’exercer de nombreuses fois avant de pouvoir les accomplir avec succès. Prenez l’exemple d’un enfant qui ne sait pas encore marcher: il va essayer 10, 50, 100 fois, voire même davantage, avant de finalement y arriver. Pourquoi un enfant n’a-t-il aucune appréhension à tomber 100 fois, alors qu’un adulte n’osera souvent pas tenter une nouvelle approche après une chute ou un échec?

Créer un environnement qui permette l’apprentissage par l’erreur

Comme bien souvent, dès que l’on touche à l’Etre Humain, la réponse est complexe et dépend de beaucoup de facteurs. Toutefois, nous pouvons citer les points suivants comme étant nécessaires pour développer un environnement propice à l’apprentissage par l’erreur:

• Une prise de conscience personnelle de la nécessité d’apprendre par la prise de risque

• La définition du champ d’erreur entre le supérieur et le collaborateur

• La gestion par objectifs et une délégation complète dans le cadre défini

• Des plateformes d’apprentissage où l’erreur n’a pas de conséquence directe, comme les simulations, les jeux de rôles et autres formations

• Le soutien et la confiance de l’environnement direct de la personne

• Prendre le temps d’effectuer des cycles d’apprentissage complets comme dans celui proposé par David A. Kolb: Pratiquer, Analyser, Généraliser et Transférer

• Un certain courage de la part de l’apprenant et de son supérieur (rentabilité à court terme diminuée, image en interne/externe, pression, etc.)

• Une culture d’entreprise soutenant cette pratique

5 minutes de réflexion

Prenez 5 minutes de réflexion pour vous poser les questions suivantes:

• Comment définissez-vous une erreur? Est-ce que vos collaborateurs, collègues et/ou supérieurs en ont la même compréhension? Comment le savez-vous?

• Quand a été la dernière occasion où vous avez encouragé activement un collaborateur pour son erreur? Comment l’avez-vous soutenu? Comment a-t-il réagi?

• Qu’avez-vous mis sur pieds, pour soutenir cette culture du droit à l’erreur?

• Vous-même, vous donnez-vous le droit à l’erreur? Pourquoi et comment?

Si il est facile d’adhérer au principe que c’est en faisant des erreurs que l’on apprend, il est beaucoup plus difficile de le mettre en pratique.

En conclusion, il y aura toujours quelqu’un pour vous dire que certaines situations ne permettent aucune erreur: par exemple, dans les domaines de la chirurgie, de l’aviation, du nucléaire, etc. Toutefois, surtout dans ces domaines pointus et sensibles, il aura fallu s’exercer intensément et corriger ses erreurs pour être prêt à faire face à toutes les situations. Seule la répétition intense des gestes et des procédures permet d’atteindre un niveau de maîtrise optimal.

Avant d’arriver au degré d’excellence visé, il aura fallu commettre bien des erreurs et surmonter autant de déceptions. L’enfant qui chute est encouragé par ses parents et les adultes qui l’entourent. Faites-en de même avec votre entourage adulte, notamment dans votre environnement professionnel, et apprenez vous- même de vos propres erreurs!

Bernard Reber

Bernard Reber est directeur de Stucki Leadership & Teambuilding Romandie depuis plus de 4 ans et travaille notamment sur des programmes de Leadership internationaux.

 

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