Autoriser les chiens au bureau, une bonne idée?
Journaliste et blogueuse, Lovey Wymann estime que les chiens et les autres animaux domestiques n’ont pas leur place en entreprise. Julie M. Stillhart, directrice de l’organisation de protection des animaux Quatre Pattes Suisse, argumente au contraire que ces animaux ont un effet bénéfique sur la qualité de vie au bureau.
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Pour : Julie M. Stillhart
Le succès d’une entreprise dépend de la satisfaction de son personnel. Mais comment l’atteindre? Il existe une pléthore d’études scientifiques qui traitent de cette question. Une des pistes qui est souvent laissée de côté est la présence des chiens sur la place de travail. Mais comment nos amis à quatre pattes influencent-ils la réussite économique?
Une étude du cabinet vétérinaire Banfield à Portland aux Etats-Unis montre que les animaux domestiques influencent positivement le climat de travail. Dans les entreprises qui autorisent leurs collaborateurs à prendre leurs chiens l’atmosphère est plus détendue et le niveau de stress des collaborateurs a tendance à baisser. La présence d’animaux déclenche la sécrétion chez l’être humain d’une hormone, l’oxytocin, mieux connue sous le nom d’hormone de l’amour. Selon une étude suédoise, cette hormone influence positivement le climat de travail: les compétences sociales sont stimulées et à l’inverse, elle fait baisser les cas de dépression. De plus, un employeur qui autorise les chiens aura de meilleures chances au moment de recruter du personnel qualifié. Car cette ouverture d’esprit est un des critères qu’un individu observera au moment de choisir son employeur.
Cet effet positif des chiens sur l’ambiance de travail peut se vérifier assez facilement: en moyenne, nous croisons chaque jour cinq animaux domestiques. Cette tendance à la hausse de l’acceptation des animaux en entreprise concerne autant les PME que les grandes entreprises. Il y a cependant quelques conditions cadres à respecter. Un chien aura par exemple besoin d’un espace calme pour le protéger du bruit et de la chaleur excessive. Il a également besoin d’eau et de nourriture en suffisance.
Avant de commencer une «journée au bureau», un chien a besoin d’un temps de jeu et de s’étirer les jambes lors d’une promenade. La pause de midi devra aussi tenir compte des besoins de l’animal. Si plusieurs chiens se retrouvent dans un même bureau, il faudra être attentif à leurs interactions, qui pourraient parfois être difficiles. Ils ont besoin de temps pour faire connaissance. De plus, un chien qu’on emmènera au bureau ne devrait pas aboyer à chaque petit bruit, ne pas faire preuve d’agressivité envers les humains ou d’autres animaux et devrait avoir appris à faire ses besoins à l’extérieur. L’entreprise doit également avoir un règlement avec des directives claires sur ce qui est ou non autorisé. Enfin, l’ensemble du personnel doit donner son consentement, dans le cas contraire cela risque de créer des tensions pour les collaborateurs et les animaux. J’estime pour ma part que la présence de chiens au bureau profite autant à l’entreprise qu’aux collaborateurs, qu’aux animaux.
Contre: Lovey Wymann
Je tiens à préciser d’emblée qu’en tant que professionnelle de la communication, je me déplace en moyenne deux jours par semaine en clientèle. Le reste du temps, je travaille chez moi, avec mes deux chats qui m’obligent à faire des pauses régulièrement durant la journée. Si je les oublie, ils n’hésitent pas à grimper sur mon bureau et à marcher sur mon clavier pour se rappeler à mon bon souvenir. Soyons donc clairs: je n’ai rien contre les animaux domestiques, mais depuis ma plus tendre enfance, j’avoue que ces animaux me mettent parfois mal à l’aise. Enfant, j’étais terrorisée par les chiens qui me sautaient au cou avec leur haleine nauséabonde. Mes parents ont même tenté de guérir ma phobie des chiens en achetant un caniche argenté, Dixi. Cela a merveilleusement bien fonctionné, surtout pour Dixi. Mais ma terreur des chiens n’a pas disparu. Avec les années, j’ai appris à rester calme lorsque je croisais un chien, en gardant mes mains le long du corps et en évitant de les croiser du regard. Ensuite, je demande au propriétaire du chien de le rappeler au pied. C’est une expérience très pénible mais malheureusement inévitable quand je me déplace dans un lieu public. La plupart du temps les propriétaires réagissent immédiatement et avec respect. Mais pas tous. Certains se moquent de mon insécurité ou clament jovialement que «Blacky n’a jamais fait de mal à personne!» C’est peut-être vrai, je n’aime pourtant pas me faire lécher les pieds par un chien. Et de grâce, ne me dites pas qu’«il veut simplement jouer!» Cela m’est bien égal.
Et voilà qu’on veut me faire endurer ce stress sur la place de travail? Jamais de la vie! Ce n’est pas pour rien qu’on appelle ces bêtes des animaux domestiques et non animaux «de bureau». Ces bêtes n’ont rien à chercher sur la place de travail. A l’exception peut-être des bureaux isolés, sans contact avec la clientèle et loin des couloirs qui mènent vers la cafétéria, la sortie ou les places de parc. Et franchement, je me moque de savoir à quelles conditions ces animaux auraient leur place dans un environnement professionnel. J’ai envie de me déplacer dans ces espaces sans avoir peur de croiser Bello ou de marcher sur la queue de Lassie. Cela m’empêcherait tout simplement de me concentrer sur mon travail. Vos chiens sont tous bien élevés et ne feront aucun mal à personne? Je vous félicite. Cela ne change par contre rien à ma phobie et à mon allergie. Car oui, je ne l’ai pas encore précisé, je suis allergique aux poils de chien! Est-ce une conséquence de ma phobie ou une stratégie que j’ai élaboré pour éviter de me retrouver en face de ces animaux? Je n’en sais rien. Mais si vous ne souhaitez pas croiser une personne aux yeux rouges, paniquée et hurlant de peur, donnez-moi un bureau isolé au sixième étage avec une machine à café. Sinon, laissez vos chiens à la maison!