Débat

Avantages et inconvénients du certificat de travail 2.0

Le certificat de travail 2.0 est sur le point d'être introduit dans les premières entreprises suisses. Si certains s'en réjouissent, d'autres sont plus critiques à l'égard des certificats de travail en général.

Andreas Thanner, propriétaire d'Artesian Sàrl

« Le certificat de travail, conçu à l'origine pour documenter la performance et le comportement, est souvent mal compris. Le certificat de travail 2.0 doit apporter plus de clarté grâce à des éléments visuels. Il doit favoriser la transparence et réduire les malentendus. Mais cela suffit-il ? Une représentation visuelle offre certainement un aperçu rapide et facilite l'évaluation. Des graphiques standardisés facilitent la tâche du RH et lui permettent d’éviter des formulations contestables ou incompréhensibles. La subjectivité demeure pourtant : malgré les approches modernes, le témoignage reste subjectif. L'évaluation reflète la relation avec la personne évaluée. Les expériences positives et négatives colorent le jugement. Un certificat peut-il jamais être objectif ? La culture d'entreprise renforce le problème : les gens recherchent la similitude, car elle crée la confiance. Celui qui correspond à la culture déjà en place est évalué plus positivement. Les qualités différentes, qui sont précieuses dans d'autres contextes, sont interprétées négativement. Un certificat reflète donc aussi l'adaptation à l'environnement. Conclusion : le certificat de travail 2.0 est un progrès. Mais un véritable changement exige plus que des éléments visuels. Nous devons nous demander quel est l'objectif réel des certificats de travail : sont-ils des outils de valorisation ou des vestiges de hiérarchies rigides ? »

René Lehmann, Managing Director & Recruiter chez SMART Recruiting Sàrl

« Je n'ai que peu d'estime pour le certificat de travail classique, pas plus que pour le soi-disant certificat de travail 2.0. Le terme même de « certificat » me fait penser à mes années d'école – et cela me fait froid dans le dos. De mon point de vue, une simple attestation de travail suffit amplement. Dans la plupart des cas, un certificat de travail, même dans sa nouvelle version 2.0, ne fait que refléter le point de vue de l'employeur, souvent même le point de vue d'une seule personne. Or, dans les situations conflictuelles, il y a généralement plusieurs perceptions : celle du supérieur, celle du collaborateur – et la vérité se situe quelque part entre les deux. Le certificat de travail, quant à lui, ne présente que l'opinion de l'employeur, et nous savons tous qu'il existe malheureusement de nombreux managers incompétents. La nouvelle mise en page du certificat de travail 2.0 est certes plus moderne et plus agréable. Néanmoins, je suis convaincu qu'elle entraînera des désaccords dans la pratique – notamment en ce qui concerne le positionnement des éléments d'évaluation tels que les diagrammes à barres. De telles visualisations risquent en outre de rendre les employeurs potentiels partiaux, en particulier si une valeur est représentée de manière négative. C'est un inconvénient évident pour les travailleurs. À mon avis, ni le certificat de travail 2.0 ni son prédécesseur ne doivent influencer une décision lors d'un processus de candidature ou de recrutement. Une simple attestation de travail remplit le même objectif et permet en outre d'économiser du temps, des ressources et du stress – des deux côtés. »

Julia Viehweider, co-propriétaire et consultante de Great Place To Work

« La main sur le cœur : la plupart d'entre nous ne sont pas fans des certificats de travail. En tant que rédacteurs, nous investissons beaucoup de temps dans le seul but de rédiger un document qui n'a souvent que peu d'intérêt. En même temps, le contenu informatif des certificats de travail est généralement faible pour nous, lecteurs. Et pourtant, les certificats de travail vont probablement perdurer encore longtemps (en Suisse alémanique en tout cas). Il est donc d'autant plus réjouissant qu'une alternative innovante ait été développée avec le certificat de travail 2.0. Le groupe de travail de Manuel Wiesner a créé, en collaboration avec des experts de l'économie et du droit et avec la participation de collaborateurs, une nouvelle approche qui doit augmenter la pertinence et la valeur des certificats de travail – et ce dans le respect total du cadre juridique. L'ouverture d'esprit de mes collègues RH lors de la table ronde de Berne m'a montré qu'il y a là une véritable opportunité de rendre les certificats de travail plus transparents, plus modernes et plus justes à l'avenir. Les bons employeurs profiteront de l'occasion pour fournir des évaluations différenciées et axées sur les points forts au lieu de formules toutes faites. Le design uniforme du certificat de travail 2.0 assure la comparabilité et réduit sensiblement le travail – un gain pour tous. Chez Great Place To Work, nous sommes impatients de voir comment cette approche va influencer le paysage RH dans les années à venir. Un grand merci à Manuel Wiesner et à son équipe pour cette impulsion importante ! »

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Andreas Thanner

Andreas Thanner est propriétaire d'Artesian Sàrl.

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Julia Viehweider est co-propriétaire et consultante de Great Place To Work.

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