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Bore-out: quand l’ennui finit par tuer le travail
S’ennuyer au travail, ça existe. En plus d’être coûteuse pour les entreprises, cette situation est particulièrement douloureuse pour la personne qui la vit.
Photo: 123RF
Les problématiques professionnelles rencontrées par les collaborateurs sont le plus souvent, dans nos sociétés, représentées par un certain nombre de facteurs liés à la suractivité (stress, surcharge, interruptions, urgences, gestion des priorités, projets multiples, etc.).
Ces différents éléments ont tous un point commun: ils relèvent de l’activité à proprement parler (ou de la suractivité). Ils sont connotés positivement dans l’inconscient collectif et reconnus, puisqu’il est communément admis que travailler, c’est positif.
Le tumulte étant en quelque sorte devenu le standard, l’ennui n’a aucune place dans ce décor d’hyperactifs. Extrêmement mal perçu, il constitue finalement un «non-sujet». Pourtant, s’ennuyer au travail, ça existe. Et c’est, en plus d’être coûteux pour les entreprises, particulièrement douloureux pour la personne qui vit cette situation.
N’avez-vous jamais entendu cette expression quand vous étiez enfant : «on ne peut pas s’ennuyer, il y a toujours quelque chose à faire!»? Comment peut-on, en gagnant un salaire tandis que d’autres cherchent du travail, se plaindre de s’ennuyer ?
Les discours et idées reçues sur l’ennui ainsi que les normes devenues acceptables autour du travail - stress et surcharge en l’occurrence - génèrent chez l’individu sous-occupé un sentiment de culpabilité. La honte s’installe progressivement en s’accompagnant d’un profond mal-être.
Quatre grands cas de figure peuvent être à l’origine du bore-out:
- Une activité répétitive, ennuyeuse et routinière, générant une grande lassitude
- Le fait d’être surqualifié pour un emploi et de voir, de fait, ses compétences inexploitées
- La non-définition de ses missions et priorités ou le manque de suivi de ses tâches, laissant le collaborateur livré à lui-même, ne sachant plus quoi faire
- Travailler dans une organisation où il n’y a pas assez de travail pour tout le monde ou dans laquelle la charge de travail est mal répartie
La réaction du manager face à un collaborateur qui visiblement s’ennuie peut être implacable: comment peut-on s’ennuyer alors qu’il y aurait tant de choses à faire, de projets à mettre en œuvre, d’améliorations à apporter dans l’entreprise? Certes. Sauf que, peut-être, ces choses n’ont pas été planifiées, ni organisées et encore moins déléguées.
Un collaborateur qui s’ennuie ne l’admettra pas, soit parce qu’il a honte, soit parce qu’il se sent coupable. Le manager a sa responsabilité dans la détection de ce mal-être et il est important qu’il soit à l’écoute des signaux qui le révèlent pour pouvoir agir et prendre des décisions. Il devrait :
- Etre attentif à la perte d’intérêt et de prises d’initiatives d’un collaborateur, à son manque d’enthousiasme, aux pauses à rallonge et aux trop nombreuses sollicitations du type : «Qu’est-ce que je peux faire maintenant?», «As-tu besoin que je fasse quelque chose?»
- Prendre le temps de s’occuper du collaborateur en réfléchissant aux nombreux projets que la direction a toujours voulu mettre en œuvre sans jamais pouvoir le faire, puis les lui confier
- Se donner la possibilité de réévaluer le poste et la mobilité du collaborateur
- Reprendre avec lui les dossiers en cours, ses missions et l’adéquation de son profil avec le poste occupé
- Enfin, ouvrir simplement et spontanément la discussion et oser demander au collaborateur s’il est à l’aise, se sent bien dans ses missions et s’il fait chaque jour ce dans quoi il excelle
Burn-out et bore-out, même résultat
Passé le stade de la stupéfaction face au constat d’un collaborateur qui s’ennuie, le manager doit réaliser que le résultat final du bore-out est le même que celui du burn-out: la souffrance. S’ennuyer au travail est stressant car on n’a généralement aucune prise sur cet ennui. L’épuisement nerveux qui résulte de la non-possibilité de pouvoir réaliser des tâches en nombre suffisant et d’utiliser ses compétences est réel et lourd de conséquences pour la santé. Perte de sens, désœuvrement puis dévalorisation viennent encore noircir le tableau. Le travail véhicule en effet bien d’autres valeurs que celle, basique, de gagner sa vie. La reconnaissance sociale, l’évolution de carrière, les tâches responsabilisantes, et tout simplement le sentiment de faire quelque chose d’utile en font partie intégrante.