Conseils pratiques

Cinq raisons pour dissiper au plus vite la nébuleuse des heures supplémentaires

La gestion des heures supplémentaires est un sujet tabou. Ce silence et cette nébuleuse qui entoure le comptage des heures sup arrange autant les employeurs que certains employés prêts à tout pour le bien-être de leur société. Cette pratique comporte cependant plusieurs risques majeurs pour les organisations. Quelques conseils pour s’en sortir indemne. 

 

«Je suis engagé à temps plein mais je travaille à 120 pour cent...». Tout le monde a déjà entendu ce genre de formule. C'est même devenu l'usage de considérer comme normal qu'un employé engagé à un certain taux d'activité travaille un bon nombre d'heures en plus, parfois aussi les soirs, les weekends et les jours fériés. Sans, bien entendu, comptabiliser ces périodes de suractivité comme des heures «supplémentaires». D'autant plus si cet employé a une responsabilité de cadre. Cet usage semble finalement arranger bon nombre d'employeurs. Du côté des employés, certaines opinent également, heureux de montrer leur motivation et leur sens du sacrifice. Cette pratique comporte cependant plusieurs risques. Voici les cinq plus dangereux. 

En cas de litige, l'employeur peut se retrouver en mauvaise posture

Le premier est de ne pas respecter la loi sur le travail (Ltr). Rappelons qu'il est du devoir de l'employeur de comptabiliser et d'archiver pendant cinq ans les temps travaillés quotidiennement et hebdomadairement. Cela inclut les temps de compensation et les heures supplémentaires (avec leurs circonstances), les jours de repos ou de compensation, les pauses et les règlements sur la majoration des temps appliqués. En cas de litige devant un prud'homme, l'employeur qui ne peut justifier ces données sera en très mauvaise posture face à un employé qui lui réclame le paiement d'heures supplémentaires. 

Le deuxième point est lié au bien-être et à la santé en entreprise, qui sont en lien direct avec le taux d'absentéisme. L'accumulation d'heures de présence et d'efforts au travail, parce qu'il n'y a pas d'autres choix pour effectuer ces tâches, va produire de la fatigue, avec une baisse de qualité, voire à la longue un épuisement qui peut déboucher sur des absences plus fréquentes «de rattrapage» ou alors une absence de longue durée soudaine (burn out). Toutes ces absences, en plus de leurs aspects humainement douloureux, coûtent cher aux entreprises. Qui doivent en plus souvent réagir dans l'urgence, afin de ne pas perturber la bonne marche des affaires. Le troisième risque est de voir se développer des inégalités de traitements entre les collaborateurs. Certains supérieurs sont plus compréhensifs que d'autres. Le sentiment d'injustice se répercute sur l'ambiance au travail et par là aussi sur la motivation, avec une incidence sur les rendements et les taux de rotation du personnel. 

Avec le risque de ne plus connaître le temps réel dévolu aux activités clés

Le quatrième risque pour l'employeur est de ne plus connaître les temps réels nécessaires aux processus et activités clés de l'entreprise. Généralement, la direction part de l'idée que le travail s'effectue dans l'horaire contractuel, par exemple en 42h par semaine en moyenne, alors qu'il en faut peut-être 45 ou 50 dans les faits. En cas de changement de collaborateur, son successeur peut avoir beaucoup de peine à suivre un tel rythme. Il va donc se décourager rapidement. D'autre part, le taux de productivité surévalué de ses employés peut conduire l'entreprise à de grandes difficultés en cas d'acceptation de nouveaux mandats estimés nécessaires pour sa santé économique. 

Cinquièmement, l'employé a besoin d'un équilibre personnel, son «work-life balance». Ses nombreuses heures au bureau risquent de peser sur ses relations privées qui lui reprocheront alors de se faire exploiter par ses employeurs. Sa vie sociale va en pâtir et ne lui permettra plus de bien se ressourcer par des activités sportives, bénévoles ou entre amis. Ces éléments ont à la longue aussi un impact sur sa fraîcheur. A terme,  des conflits d'intérêts vont se ressentir sous forme de tensions supplémentaires à gérer au travail. Pour toutes ces raisons, un employeur serait bien avisé de mettre de la transparence et de la clarté dans la gestion des heures supplémentaires, dont il endosse de fait la responsabilité. Un outil professionnel de gestion des temps de présence et des absences le lui permet, pour le bien de l'entreprise* et de ses employés. 

*Cinq minutes par jour correspondent à un pour cent du temps de travail. Donc à un pour cent de la masse salariale puisque le temps et l'argent sont liés par le salaire horaire ou mensuel. Vaut-il la peine de rester dans le flou pour conduire son entreprise à bon port dans l'économie d'aujourd'hui? 

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Yves Glardon est responsable de l'antenne romande de la société Zeit AG, spécialisée dans la gestion du temps. Lien: www. zeitag.ch

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