Comment une association sportive telle que l’UEFA développe-t-elle les compétences de ses employés?
Yann Roduit, Responsable RH de la Ville de Sion, interroge Julien Baehni, Head of HR de l’Union des associations européennes de football (UEFA), à Nyon.
Yann Roduit (à gauche) interroge Julien Baehni (à droite). Photos: DR
On m’a souvent demandé si je recrutais des footballeurs (!). Si tel était le cas, j’aurais rapidement dû me faire remplacer par un entraîneur de football talentueux, capable de développer la technique de ses joueurs ainsi que leur sens tactique. Je ne recrute ni des footballeurs, ni des arbitres. Actuellement, 450 collaboratrices et collaborateurs occupent une large palette de fonctions nécessitant des aptitudes à la fois variées et spécialisées (voir encadré). Comment procéder pour développer ces compétences?
Premièrement, grâce à la chance : celle de pouvoir compter sur beaucoup d’employés passionnés ou vivement intéressés par leur domaine d’activité, naturellement enclins à se développer et à « mouiller le maillot » en dépassant le simple cadre de leur cahier des charges.
Deuxièmement, nous avons mis en place début 2013 un projet RH passionnant : « Football First ». Cette initiative vise à offrir au personnel l’opportunité d’approfondir ses connaissances de notre association et du rôle qu’elle occupe dans le monde du football, ainsi que de comprendre les activités et métiers pratiqués par les différents départements. Au final, chaque employé réalise quelle est sa contribution personnelle au bon fonctionnement de notre organisation dans le but de devenir un meilleur ambassadeur.
Des spécialistes de plusieurs domaines ont été réunis pour proposer des formations pratiques, conférences à la pause de midi, e-learning et quiz ludiques. Même si le projet porte le nom « football », il ne s’agit pas de connaître le 2ème prénom du buteur de la demi-finale de Ligue des Champions en 1981 ni sa marque de chaussures. Avant tout, nous souhaitons donner la chance aux collaborateurs de s’approprier des informations clés, telles que le fait de savoir que l’UEFA organise quelque 1800 matchs par année, redistribue ses revenus dans la famille du football (associations nationales et clubs) et va proposer en 2020 un EURO se déroulant dans 13 différents pays.
Troisièmement, nous offrons la possibilité au personnel de se former et d’occuper un rôle sur site lors de certains matchs de clubs européens. Ainsi, une avocate ou un comptable se « transforme » pendant 10 à 25 jours par année en responsable sponsoring, spécialiste des opérations TV ou point de contact pour les équipes, les arbitres et les médias. Cette culture du « double-maillot » contribue au développement de compétences techniques - les rôles sur site nécessitant une connaissance pointue - et de « soft skills » telles que la prise de décision, la gestion du stress, la réactivité et la résolution de problèmes.
Finalement, notre service RH propose des formations plus classiques telles que des cours linguistiques, des cours en communication, leadership, gestion de projet et des coachings personnalisés. Dans tous les cas, placer le capital humain au centre de nos préoccupations n’est pas qu’un rêve idéaliste et je suis convaincu du bénéfice d’un investissement dans ce précieux capital, pour soutenir son développement et favoriser ainsi le dépassement des objectifs personnels et ceux de l’organisation.
Une grande variété de métiers
Les métiers exercés à l’UEFA sont d’une part ceux en lien direct avec l’organisation des 1800 matchs annuels proposés par notre association : gestionnaire d’événement, spécialiste de la billetterie, chargé de sécurité, vendeur de droits télévisions, responsable sponsors, coordinateur de compétitions, technicien audiovisuel ou TV, spécialiste accréditations ou transport, chargé de presse, responsable de la signalisation dans le stade, etc.
En plus de ces activités, il y a également toutes les fonctions qui gravitent autour et qui sont nécessaires à la livraison d’événements de qualité irréprochable : légal, logistique, finance, ressources humaines. Enfin, de nombreux collègues sont en contact direct avec nos 54 associations membres pour répondre au mieux à leurs besoins, notamment les personnes en charge du fair-play financier visant à assainir la situation financière des clubs de football européens.