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Créativité et amour: deux ressources inépuisables
Cette rubrique est ouverte à des contributeurs qui viennent d’horizons et de métiers différents. La chronique de ce numéro est signée par Pascal Mino.
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Photo: 123RF
Le plaisir est fondamental dans la motivation au travail. Il facilite une convivialité, une sincérité et une véracité des sentiments qui rapproche les individus entre eux. Il permet de briser la glace entre les êtres humains, d’abattre les frontières et de rompre les chaînes pour nous conduire vers la liberté, celle du voyageur – ce chercheur d’absolu – et non celle du touriste, qui lui cherche des repères auxquels il peut se raccrocher, se rassurer... La différence entre le voyage et les vacances est le plaisir. C’est aussi la théorie des sept nains: quand on se met à siffler en travaillant, le travail disparaît au profit du plaisir, qui éclaire notre chemin.
Le travail est un lieu idéal pour laisser jaillir les idées. Malheureusement, dans un environnement économique et organisationnel très concurrentiel, où chacun est évalué et rémunéré selon sa contribution personnelle au succès, la créativité et les idées sont souvent gardées sous silence. Nous avons peur de «donner» nos meilleures idées aux autres et craignons que notre contribution ne soit pas reconnue suffisamment par notre manager. C’est bien le problème des dispositifs d’évaluation et de rémunération basés sur la performance individuelle. Ils sont plus castrateurs que créateurs de valeur. Or, il s’avère que la créativité est une ressource inépuisable. Partager et échanger avec les autres est donc le meilleur moyen de stimuler de nouvelles idées.
Le chercheur américain Ramez Naam rappelle remarquablement bien dans son livre «The Infinite Resource», que la puissance des idées ne diminue pas quand on les utilise. Par exemple, partager une bonne idée avec ses proches (amis, famille) ou ses collaborateurs (collègues, entourage professionnel) permet d’enrichir ceux-ci sans pour autant s’appauvrir, ce qui n’est pas possible avec la plupart des biens matériels. En démocratie, la créativité n’est pas seulement technologique, elle est aussi économique, politique, culturelle et artistique. Nous avons besoin d’elle pour inventer un nouveau modèle de société et le faire advenir. La créativité est la clé de notre temps, celle qui permettra l’émergence d’autres formes d’organisations de la vie, celles que nous attendons.
Mais elle n’est pas la seule ressource renouvelable dont nous disposons en abondance. Il en est une autre, non moins importante: l’amour. Comme la créativité, il est inépuisable. Plus on en donne, plus on est capable d’en donner et plus on est capable d’en recevoir. Ce n’est pas parce que j’aime ma femme ou mon mari que j’aime moins mes enfants. En fait, c’est souvent le contraire, chaque amour s’enrichit des autres amours. De la même façon, ce n’est pas parce que je ne me sens pas concerné par la biodiversité que je ne m’intéresse pas à la famine en Afrique... L’amour entendu au sens large, c’est-à-dire comme une forme d’empathie et de bienveillance est la clé de voûte d’un «vivre ensemble». C’est également une force de transformation immense: allié à la créativité, il devient révolutionnaire. Leur synergie représente la source renouvelable la plus importante de notre société. Il faut donc apprendre à les recueillir et à les utiliser comme on le ferait pour les ressources renouvelables, c’est les enjeux des transformations fondamentales à venir!