Formation

Des offres "last minute" pour soutenir les futurs apprentis

Les vacances battent leur plein, mais la rentrée des apprentis approche déjà. Des services cantonaux tentent d'orienter les jeunes qui n'ont pas encore trouvé leur bonheur. Les places d'employé de commerce, d'informaticien ou de travailleur social sont rares et chères.

Berne (ats) Plusieurs offres dites "last minute" actives durant les mois d'été ont été mises sur pied dans des cantons romands ces dernières années. Elles doivent servir d'interface entre les entreprises et les jeunes qui n'ont pas encore trouvé de place d'apprentissage, à quelques semaines de la rentrée.

Dans le canton de Fribourg, la permanence lancée en 2014 propose aussi des conseils personnalisés avec une ou un spécialiste. Les jeunes qui viennent n'ont en général aucune solution en vue, et la réponse qu'ils reçoivent est toujours la même: pas de place pour la rentrée, explique à l'ats la psychologue et conseillère en formation de cette permanence, Marine Ding.

Plan B

Bien souvent, il faut trouver des plans B car le souhait de base des jeunes n'est plus réalisable, soit du fait de leurs notes scolaires, soit en raison du nombre limité de places d'apprentissage.

Ces alternatives sont "un préapprentissage, un stage longue durée ou encore une année au pair. Souvent les jeunes ne connaissent pas ces possibilités et semblent soulagés de voir qu'ils ne vont peut-être pas se retrouver perdus au mois de septembre", précise Mme Ding.

Du côté des syndicats, on salue la démarche, mais on met toutefois en garde: pour représenter une plus-value pour le jeune, ces stages doivent absolument avoir une composante de formation professionnelle.

Sinon, le risque existe qu'il ne s'agisse que d'un emploi mal payé et pas couvert par une convention collective de travail, notamment dans le cas des stages de longue durée, indique la secrétaire centrale de l'Union syndicale suisse (USS), Laura Perret. En outre, un séjour "au pair" ne devrait pas remplacer une formation ou une pré-formation.

Offres de dernière minute

A fin juillet, le service "last minute" du canton de Fribourg avait reçu 122 appels et 50 jeunes étaient venus en entretien. Un seul a indiqué avoir trouvé une place. Mais la plupart ne donnent pas de nouvelles après en avoir trouvé une. Et il est un peu tôt pour tirer un bilan, souligne la psychologue de la permanence fribourgeoise.

Dans le canton de Vaud, qui propose aussi aux jeunes une offre "last minute", 60 places étaient encore disponibles à la fin juillet sur le site internet. Le service existe depuis quelques années, mais il est avant tout une interface de contact avec les entreprises, et ne propose pas de conseil en formation.

A Genève, l'Office pour l'orientation professionnelle organise durant l'année des "recrutements en direct" pour mettre en lien les candidats à l'apprentissage et les employeurs; 20 ont été organisés en 2016, avec plus de 2000 entretiens à la clé, indique le directeur de l'office, Erwin Fischer. Le prochain événement a lieu le 15 août.

A l'heure actuelle, 600 places restent à repourvoir. "Mais pour la majorité, des processus d'engagement sont en cours", souligne-t-il.

Jeunes en difficulté

Parmi les métiers les plus recherchés, tous les interlocuteurs font le même constat: ceux du social et de la santé, les places d'employé de commerce et d'informaticien. "Il n'y a déjà pas beaucoup de places par rapport à la demande dans ces domaines. De plus, ce sont des formations exigeantes et les patrons sont très sélectifs", indique Marine Ding.

Il y aurait pourtant des efforts à faire avec les jeunes en difficulté scolaire, estime la conseillère fribourgeoise. Les entreprises devraient davantage donner leur chance à ces jeunes-là.

Un domaine pour lequel le canton de Genève, parmi d'autres, s'active. Le dispositif "Cap formation" assure l'encadrement des jeunes de 18-25 ans en rupture de formation. En 2015, 1842 jeunes sont passés par cette structure, et environ un sur deux ont signé un contrat d'apprentissage à la rentrée 2015-2016.

Entreprises avant tout

Dans ce contexte, l'USS veut surtout mettre les entreprises face à leurs responsabilités. Elles sont au premier plan pour proposer des solutions afin que tous les jeunes puissent trouver chaussure à leur pied. Dans le système helvétique, la Confédération a un rôle limité, elle donne des conditions-cadre, et les cantons se chargent surtout de la mise en oeuvre, rappelle Laure Perret.

Avant de nuancer: c'est surtout vrai pour la Suisse alémanique, où la formation duale est reine (travail chez un employeur et théorie à l'école). En Suisse
romande, les cantons ont aussi un rôle important à jouer, avec les filières à plein temps en écoles professionnelles, plus répandues.

Le manque de candidats est aussi une réalité

Des jeunes peinent à trouver une place d'apprentissage comme employé de commerce ou travailleur social. Mais dans certaines branches comme l'agriculture ou la construction, c'est l'inverse: les candidats ne se précipitent pas au portillon. Le recul démographique n'explique pas tout.

La tendance n'est pas nouvelle, mais elle se confirme pour les charcutiers, les maçons ou les métiers du bois. Selon les branches, le manque d'apprentis est chronique.

Le secteur de la viande manque de relève, avertissait récemment l'Union professionnelle suisse de la viande. Ces dernières années, jusqu'à 300 places d'apprentissage sont inoccupées chaque année à la rentrée. Première conséquence: les boucheries-charcuteries artisanales ont du mal à trouver du personnel qualifié ou des successeurs capables de reprendre l'entreprise.

Une tendance aussi observable dans le secteur de la construction. En avril, lors du dernier baromètre du Secrétariat d'Etat à la formation (SEFRI) sur les places d'apprentissage, seuls 6500 jeunes étaient intéressés par une carrière dans le domaine, pour 9000 places offertes par les entreprises. Dans la maçonnerie par exemple, 200 places sont encore disponibles pour la rentrée.

"La lutte pour recruter de bons élèves en fin de scolarité s'est durcie. Et les jeunes ont de plus en plus tendance à opter pour une formation universitaire", constate le responsable de la formation professionnelle à la Société suisse des entrepreneurs, Ueli Büchi.

Pénibilité et salaire

La filière de culture générale gymnasiale est souvent socialement plus valorisée que la filière de l'apprentissage. Des questions comme la pénibilité du travail ou le salaire d'embauche jouent aussi un rôle, note de son côté le SEFRI.

Pourtant, les apprentissages débouchent sur des carrières aussi bien voire mieux rémunérées que des filières de culture générale. Avec des postes impliquant des responsabilités plus élevées et la possibilité de se mettre à son compte, fait valoir la Confédération.

Inquiétudes

Des arguments déployés par toutes les branches, mais qui peinent à percer. "Beaucoup de jeunes et de parents ignorent aussi les possibilités de passerelles au sein du système de formation professionnelle. Aujourd'hui, un CFC peut mener à un Bachelor", renchérit le directeur des ressources humaines d'une entreprise active dans le bois, Grégory Quirino.

Dans sa branche, par rapport à 2010, il y avait l'an dernier 9% d'apprentis en moins chez les ébénistes-menuisiers et les charpentiers. "Un phénomène connu de tous, qui va s'amplifier et risque de causer la fermeture d'entreprises", s'inquiète M. Quirino.

 

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