Seedstars Summit 2016

Doper l'efficience du recrutement dans les pays émergents

Soucieux de rendre le processus d’embauche plus efficient dans les pays émergents, de jeunes Sud-Africains ont fondé Giraffe, spécialisée dans le recrutement automatisé. Cette startup vient d’être couronnée lors du prestigieux concours Seedstars Summit, qui s’est tenu à l’EPFL.

Le Seedstars Summit 2016 a réuni cette semaine sur le campus de l’EPFL les responsables de plus de 60 startups fondées dans quelque 55 pays émergents. Ces entreprises avaient fait l’objet d’une sélection minutieuse lors de compétitions nationales organisées durant l’année 2015. Au départ, elles étaient plus de 4000 à convoiter le titre de meilleure startup émergente du monde, ce concours étant considéré comme l’un des plus importants du genre à l’échelle de la planète.

Après avoir eu l’occasion de participer durant trois jours à des workshops et conférences, les jeunes patrons se sont livrés jeudi 3 mars à l’exercice du «pitch» devant un jury composé d’investisseurs internationaux. C’est l’entreprise sud-africaine Giraffe, spécialisée dans le recrutement automatisé, qui a décroché la timbale. Entretien avec son co-fondateur, ainsi qu’avec les CEO de deux autres startups actives dans les ressources humaines et présentes à Lausanne.

Giraffe/Afrique du Sud

«Le chômage est un gigantesque problème dans les pays émergents, Afrique du Sud y comprise. Or, ce n’est pas forcément faute d’offres d’emploi que les gens ne trouvent pas de travail. C’est par manque d’accès à ces offres », souligne Shafin Anwarsha. Le co-fondateur de Giraffe – une startup basée à Johannesburg et qui vient d’être couronnée lors du Seedstars Summit – précise qu’à l’heure actuelle, « dans mon pays, le recrutement fonctionne souvent via le bouche à oreille et de nombreux candidats acceptent des postes très loin de chez eux».

Soucieux de rendre le processus plus efficient, les fondateurs de Giraffe ont imaginé une «sorte d’agence de recrutement automatisée, dix fois plus rapide et meilleur marché que les acteurs traditionnels du secteur». Destiné au segment des jobs moyennement à peu qualifiés, ce système basé sur un algorithme «ne nécessite rien d’autre qu’un téléphone portable. Pas forcément un smartphone, seulement un appareil capable de se connecter à Internet. Cela le rend accessible à presque n’importe qui, même dans les pays émergents», note Shafin Anwarsha.

Concrètement, les personnes à la recherche d’un job créent un profil en ligne, «en répondant à des questions structurées. En 10 à 15 minutes, c’est fait!», assure le responsable de Giraffe. Quant aux recruteurs, ils entrent dans le système leurs critères d’embauche, ainsi que des dates et lieux pour les futurs entretiens. «Après 48 heures, ils reçoivent non seulement une liste de sept candidats appropriés, mais aussi la confirmation des horaires des entretiens.»

Lancée il y a un peu plus d’un an, Giraffe compte déjà plus de 100'000 candidats inscrits. Côté entreprises, la startup travaille notamment «avec des callcenters, des détaillants, des compagnies de taxis et de sécurité, etc.». Active essentiellement dans la région de Johannesburg, la jeune pousse ne compte pas s’arrêter en si bon chemin: «Nous visons une première extension de nos services à l’ensemble du pays, puis à d’autres pays africains. Ensuite, nous irons voir plus loin, mais a priori toujours dans les pays émergents.»

Plus d'informations sur Giraffe ici.

MapTasking/Panama

Moins chanceuse que sa concurrente Giraffe lors du Seedstars Summit 2016, la startup MapTasking n’a pas moins décroché un prix secondaire à Lausanne, le Space Prize (qui récompense les meilleures technologies basées sur l’utilisation de satellites). Cette startup établie à Panama, dont les activités ont débuté il y a huit mois seulement, s’est fixé pour mission «d’aider les entreprises dans leur gestion du personnel sur le terrain», explique Joao Fernandes, son co-CEO. Pour y parvenir, la société a développé une application mobile permettant de suivre – et de soutenir – un collaborateur durant toutes les étapes de sa mission pour un client.

«Prenez un installateur d’air conditionné, qui doit se rendre dans une banque pour réparer un appareil en panne. Grâce à l’application (ndlr : qu’il peut consulter sur un smartphone ou une tablette), il a d’abord accès aux informations de base, telles que l’adresse du mandataire et le but du déplacement», explique Vittorio Calcagno, l’autre co-CEO de MapTasking. En cas de circulation perturbée, l’employé va aussi pouvoir «être guidé dans le trafic, car nous sommes équipés d’un système de monitoring en live». Une fois arrivé à bon port, l’installateur est envoyé vers une personne de contact puis va «procéder à une sorte de check-in. Il va envoyer dans le système une photo de l’appareil avant réparation. De même, lorsque son travail est achevé, il fera un rapport complet en ligne.»

Selon les patrons de la startup, il ne s’agit pas «de surveiller les collaborateurs. Mais de mettre de l’ordre dans le chaos qui règne sur les opérations de terrain. Dans de nombreux pays émergents, l’efficacité des entreprises gérant des centaines de collaborateurs mobiles est réellement plombée» par des facteurs tels que le trafic, le manque de données précises ou simplement la désorganisation, insiste Vittorio Calcagno. Entièrement personnalisable, le système proposé par MapTasking permet par ailleurs de «générer toutes sortes de rapports, un peu à l’image d’une base de données».

S’il estime que cette solution est susceptible d’intéresser des entreprises actives dans les pays développés, Joao Fernandes indique que l’Amérique du Sud et les Caraïbes constituent pour l’instant les marchés cibles de la startup. «Nous sommes en phase de test, avec cinq sociétés pilotes ici au Panama, pour un total de 3000 employés.» Et le jeune patron de se dire confiant pour l’avenir proche, étant donné que «les clients intéressés se bousculent déjà au portillon».

Plus d'informations sur MapTasking ici.

Talkpush/Hong Kong

«Conduire les premiers entretiens avec les candidats est un processus extrêmement répétitif, sans grande valeur ajoutée. En plus, on perd un temps fou à essayer d’atteindre ces personnes», constate Max Armbruster. Il y a un an, ce «serial startuper» a créé Talkpush, une société installée à Hong Kong et qui propose à ses clients – principalement des entreprises asiatiques comptant plus de 5000 collaborateurs – un logiciel permettant d’automatiser ces entretiens.

«Lorsqu’une personne pose sa candidature auprès d’un de nos clients, il est automatiquement contacté par téléphone. Une voix pré-enregistrée lui donne des informations générales et lui pose une série de questions, auxquelles il répond directement.» Les recruteurs peuvent ensuite écouter en diagonale ces enregistrements, «en passant au candidat suivant dès qu’ils le souhaitent». Selon le CEO de Talkpush, il est de cette manière possible de parcourir plus de cent entretiens en moins de deux heures, soit d’être «dix fois plus efficace qu’avec un screening traditionnel». Max Armbruster précise que chaque entretien revient environ à 2 dollars. «On peut dès lors se permettre de ne pas se limiter à des critères trop restrictifs au moment du choix des personnes à interroger.» Et, dans la foulée, de ne pas passer à côté de certaines perles.

Actuellement, «toutes les trois minutes, un candidat est interrogé par notre logiciel à travers le monde. Nous sommes notamment actifs en Chine, aux Philippines et en Inde, mais aussi au Maroc et aux Etats-Unis.» Sans surprise, la startup connaît particulièrement le succès auprès de sociétés qui ont un fort taux de rotation de personnel, par exemple les call centers. Certes, des logiciels vidéo ont déjà été mis sur le marché dans un but similaire. Mais le gros avantage du système Talkpush, «c’est qu’il est utilisable par toute personne ayant accès à un téléphone, donc est parfaitement adapté aux pays émergents».

Plus d'informations sur Talkpush ici.

 

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