Construire un département RH

«En Espagne, le choc culturel a été important»

«Durant ma carrière de manager RH, j’ai été amenée à effectuer des missions de plusieurs mois en Espagne, en Italie et aux Etats-Unis. A chaque fois, le changement de pays a eu un impact différent sur le démarrage de mon activité.

En Espagne, c’est surtout le choc culturel qui a été important. Venant du siège central de Genève, ma mission était de mettre sur pied un nouveau mode de management dans un centre de production industriel à Barcelone. Je parle l’espagnol, mais j’ai réalisé en arrivant dans le taxi que la manière de communiquer des Espagnols est totalement différente. Là-bas, tout le monde se tutoie, alors qu’en Suisse, c’est plutôt le vouvoiement et une certaine distance qui sont de mise. D’autre part, à Barcelone on parle le catalan et non l’espagnol. J’ai donc dû faire des efforts en communication. En retour, les équipes sur place ont dû apprendre mon style de management. La culture du dialogue en entreprise est très dure en Espagne. Ils sont dans l’opposition alors qu’ici en Suisse, nous sommes dans le consensus et le dialogue. Ils n’avaient pas l’habitude qu’on leur demande de participer à la solution.

En Italie, j’ai vécu le syndrome de l’œil de Moscou. Ma mission était de fermer une unité de vente et d’éviter des procès avec le personnel licencié. La méfiance était donc compréhensible. Cela a été très difficile à installer un dialogue. D’autant plus que je ne parle pas bien l’italien, donc j’ai eu de la peine à exprimer mes émotions et à être à l’écoute. A cela, s’ajoutait la difficulté juridique. Comme je ne connais pas la législation italienne, j’étais accompagné d’un avocat italien, spécialiste en droit du travail. Cette communication tripartite n’a pas facilité les échanges.

La troisième mission s’est déroulée dans le Midwest aux Etats-Unis. Là, les difficultés sont venues de la brièveté de l’expatriation. Il est extrêmement difficile de s’intégrer socialement en quelques mois. Professionnellement, tout a bien fonctionné mais quand on part à l’étranger, on pense pouvoir découvrir des nouvelles mentalités et tisser des liens avec les indigènes. Il faut dire aussi que Cincinnati n’est pas San Francisco. Les gens sont plus fermés sur eux-mêmes (sourire). Mais je comprends aussi cette attitude. Ils savaient que j’allais repartir dans quelques mois. La personne qui était demandeuse d’un réseau, c’était moi et pas eux.»

Isabel Mann

Isabel Mann a créé en 2012 SaltedMinds Sàrl, une société de conseil en ressources humaines.

 

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