Allemagne

Femmes placées aux postes de direction à la vitesse de l'escargot

"Si l'on me disait que j'ai ce poste car je suis une femme, j'en pleurerais". L'Allemagne oblige depuis début 2016 ses grandes entreprises à nommer des femmes à leur tête, un pis-aller tardif qui ne convainc pas les principales intéressées.

Francfort (ats/afp) "La loi s'attaque seulement à la partie visible de l'iceberg. Nous devons en faire plus que cela", lance Bélen Garijo, membre de la direction du laboratoire allemand Merck KGaA.

Cette Espagnole de 55 ans est la première femme à accéder à un tel poste au sein du groupe de Darmstadt au sud-ouest du pays. Elle préfère parler compétences, aménagements du travail quotidien et des carrières, plutôt que quotas féminins.

"Une loi n'amène rien. Les entreprises doivent comprendre que la diversité est un avantage compétitif", renchérit Claudia Nemat, membre de la direction de Deutsche Telekom. "Il nous faut des hommes, des femmes, de l'expérience internationale, des vieux et des plus jeunes...", précise-t-il.

Plafond de verre

Merck et Deutsche Telekom font figure de pionniers dans un pays où le plafond de verre est tenace. Outre des femmes à des postes de direction, les deux groupes en ont aussi plus au conseil de surveillance que les 30% demandés aux grandes entreprises depuis le 1er janvier 2016, en vertu d'une loi.

Le texte oblige plus d'une centaine d'entreprises cotées en Bourse à se conformer aux 30%. Si elles ne trouvent pas de femmes pour leur organe de contrôle, qui a la main sur les salaires et les conditions de travail, les sièges resteront vides.

En fixant des quotas, l'Allemagne a suivi les traces de la Norvège, pionnière en la matière. Sans oublier ses nombreux voisins comme la France, l'Espagne et les Pays-Bas.

Les grandes entreprises doivent également fixer des objectifs volontaires concernant la proportion de femmes dans leur direction et rendre compte de leurs avancées. Cette obligation vaut aussi pour 3500 petites et moyennes entreprises (PME).

"Tigre de papier"

"Il y a du progrès. Mais espérons que cela ira plus vite que la course d'escargots", commente Elke Host, directrice de la recherche sur le genre à l'institut économique DIW, qui compile depuis dix ans un baromètre sur les femmes à la tête des 200 plus grandes entreprises d'Allemagne. Fin 2015, celles-ci comptaient 6% de femmes dans leurs directions et un peu moins de 20% dans leurs conseils de surveillance.

"La situation s'est un peu améliorée, mais très peu dans les directions, résume Mme Host. On cherche en vain des femmes dans les cercles rapprochés du pouvoir chez Commerzbank, Volkswagen ou Beiersdorf, fabricant de la crème Nivea.

Si l'Allemagne continue au même rythme, la parité ne sera pas atteinte avant le siècle prochain pour les organes dirigeants, et pas avant 2040 dans les conseils de surveillance, calcule la chercheuse.

Et sans sanction prévue pour ceux qui ne remplissent pas leurs objectifs, la nouvelle loi pourrait s'avérer être un "tigre de papier", déplore Mme Host du DIW. Mais des dirigeantes rejettent l'idée de punition. "Eduquer est plus important que punir", pour Erica Mann, première femme à intégrer la direction du laboratoire Bayer.

commenter 0 commentaires HR Cosmos
Texte: ATS

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