Flexibilité de l’emploi
La structure de l’emploi des organisations se modifie. Les entreprises font de plus en plus appel à des externes. Elles adaptent leurs besoins en personnel de manière flexible selon les projets et les missions. C’est ce que montre une étude de la haute école spécialisée du nord-ouest de la Suisse (FHNW). Les auteurs en ont discuté lors d’une table ronde en ligne en janvier 2021.
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Quel est le degré de flexibilité des employés suisses? La question ne désigne pas ici la flexibilité des horaires ou des espaces, mais plutôt de la structure de l’emploi des entreprises du pays. À quel degré ces sociétés font-elles appel à des travailleurs temporaires, des freelancers ou des travailleurs sur plateformes. Des termes qui font référence à l’économie de la pige (Gig Economy), un modèle qui se développe de plus en plus aux États-Unis et en Europe.
C’est autour de cette question que s’est tenue une visioconférence le 19 janvier 2021 devant 120 participants-es, à l’occasion de la publication de l’étude «Une main-d’œuvre flexible dans les entreprises suisses» (1) de la FHNW. Tobias Mengis, directeur des éditions Alma Medien, éditeur d’HR Today et partenaire média de cette opération, a commencé par donner quelques chiffres. 68% des répondants recourent à une main-d’œuvre flexible et cette pratique a tendance à augmenter.
Selon Christoph Vogel, collaborateur scientifique à la FHNW et coordinateur de cette étude (qui synthétise l’avis de 330 personnes, dont 80% de RH), «les employeurs recourent à cette main-d’œuvre flexible afin de gérer les imprévus». Il s’agit par exemple de faire face à des pics dans les carnets de commande, de combler un manque de compétence en interne, d’obtenir un regard extérieur lors d’un projet de transformation, d’attirer des talents ou d’assurer la relève de postes-clés de l’organisation.
Cette externalisation de certaines activités concerne le même volume d’activités pour la majorité des entreprises. «Seuls 3% des entreprises sondées réduisent cette externalisation des processus», a-t-il relevé.
La table ronde a ensuite réuni Martina Zölch, responsable du département RH et organisation de la FHNW; Michaela Christian Gartmann, Territory Human Capital Leader chez PwC Suisse; Christian Scherff, chef de produits et services à la caisse de prévoyance Vita; Victor Calabrò, fondateur et président du conseil d’administration de Coople Global Services SA; Marius Osterfeld, économiste chez Swissstaffing et enfin Fernando Carlen, associé et responsable des Services chez Avenir Group.
«La flexibilité fait partie de l’ADN de PwC Suisse, assure Michaela Christian Garmann. Notre activité de conseils exige de nous adapter sans cesse.» «Les clients d’Avenir Group cherchent de plus en plus de spécialistes RH pour des missions complexes et passagères, poursuit Fernando Carlen. La demande en management de transition augmente». Cela permet de relancer une activité en perte de vitesse ou au contraire de réduire la voilure dans des périodes plus calmes.
Dans le secteur des agences de placement, ces changements sont aussi perceptibles. «En 2009, le secteur du travail temporaire employait 230'000 personnes. En 2019, ce chiffre était de 380’000», a révélé Marius Osterfeld. «Et ce ne sont pas uniquement des jeunes. Les personnes plus âgées sont de plus en plus demandeuses de missions temporaires. C’est souvent une manière de retrouver un emploi fixe, après un licenciement collectif par exemple.»
La stratégie de la plateforme Coople est justement d’être très réactive aux demandes des entreprises qui cherchent du personnel. Victor Calabrò est d’ailleurs en train de renforcer la plateforme pour répondre à cette demande. «Le défi pour une entreprise est de pouvoir monter une équipe rapidement sans se compliquer la vie avec de l’administratif et des procédures trop lourdes.»
Après deux heures de débats, la partie officielle prend fin. Au lieu d’un apéro, la FHNW a ouvert une salle virtuelle pour les participants qui souhaitent poursuivre les échanges. La proposition a séduit.
(1) Version française à télécharger gratuitement sur hrtoday.ch/fr.