Parlons des «petites phrases qui tuent», un sujet que vous avez évoqué lors de votre conférence. Ces commentaires toxiques consomment beaucoup d’énergie en organisation, dites-vous. Comment mettre en place une culture qui bannirait ces propos?
Mon premier conseil serait de montrer l’exemple et d’éviter, en tant que professionnel RH, de prononcer des commentaires destructeurs et malveillants. C’est une très mauvaise habitude. Il n’y a sans doute rien de pire pour les collaborateurs que d’entendre le responsable RH parler ainsi. On confie aux RH des informations détaillées et souvent confidentielles. Ils ont aussi des rapports privilégiés avec les décideurs de l’entreprise. Entendre des mots malveillants dans leur bouche agit comme un poison. Il m’arrive d’imposer à une direction générale qui me demande de les accompagner de cesser sur le champ ces commentaires destructeurs. Sur ce sujet, je n’ai aucune tolérance. En général, cela dure trois à quatre semaines et les problèmes disparaissent. C’est le temps qu’il faut pour ancrer ces fondamentaux dans une culture d’entreprise. Parfois il est nécessaire de se séparer d’une ou deux personnes. Le changement de culture est à ce prix. Les conséquences doivent être visibles et bien réelles pour celui ou celle qui ne respecte pas les règles.
Vous travaillez actuellement sur un livre qui traite du thème très à la mode de l’engagement des collaborateurs. Pouvez-vous nous dévoiler quelques détails?
Il s’agit d’entraîner les collaborateurs à s’engager par eux-mêmes. Toute mon activité consiste à dire aux autres de se concentrer sur ce qui est important et bien pour eux, et de ne pas attendre que l’entreprise leur offre un programme qui les motivera.
Avant la pause de midi, vous avez demandé aux femmes présentes dans la salle de rester encore un moment, seules avec vous. Je suis curieux de savoir quels secrets vous avez partagés avec elles?
Ces ateliers de dix minutes réservés aux femmes sont en train de devenir très populaires. Peut-être parce que je leur conseille de s’autoriser à être heureuses, de ne plus se sentir coupables et d’accepter simplement ce qui est. La vie est le fruit d’un nombre incalculable d’actions réalisées pour nous par nos ancêtres. Je leur conseille par conséquent de penser à ces ancêtres et à la multitude de cadeaux qu’ils nous ont laissés. Quand je leur demande ensuite ce qu’elles aimeraient dire à ces ancêtres, la réponse est invariablement: «Merci!»
Et encore?
Je leur demande ensuite si tous les êtres humains sont parfaits? Non! Et faites-vous aussi des erreurs? – Oui bien sûr! – Et qui est la première personne que nous devons pardonner? – Nous-mêmes! – Puis je demande aux mères dans la salle – et j’ai déjà accompli ce rituel avec des milliers de mères à travers le monde – de me dire ce qu’elles souhaitent le plus pour leurs enfants? La réponse est toujours, peu importe le pays: «Du bonheur». (Silence) Tout le monde souhaite le bonheur de celles et ceux qui sont dans leur cœur. Voulez-vous que vos collaborateurs soient contents? Alors montrez-leur le bon exemple, et soyez heureux!
Marschall Goldsmith
Le classement «Thinkers50» a nommé Marschall Goldsmith «spécialiste du leadership le plus influent du monde». En tant que business coach, il a conseillé plus de 150 CEO, actifs au niveau international. Il enseigne également le leadership à la Tuck Business School (Dartmouth, Etats-Unis) et est professeur invité à Harvard. Conférencier de talent, Marschall Goldsmith était de passage à la Zfu International Business School de Zurich les 13 et 14 novembre 2014.
traduit par Marc Benninger