«La seule façon de faire du bon travail, c’est d’aimer ce que vous faites», disait Steve Jobs. On comprend alors l’intérêt d’utiliser l’ikigaï au travail. Initialement outil introspectif, il devient mesure d’évaluation de la satisfaction professionnelle et permet d’engager une réflexion sur les composantes de son poste, ainsi que les améliorations ou adaptations à apporter pour plus d’épanouissement au travail.
Car aujourd’hui, derrière la crise sanitaire et la crise économique, une autre crise plus sourde se fait entendre: celle du sens. Avec l’ikigaï, c’est justement la question du sens au travail que l’on vient éclairer. Le plus intéressant dans cette quête, c’est que l’on découvre bien souvent qu’il n’est pas nécessaire de quitter son poste, voire de se reconvertir, pour trouver son job de rêve. En effet, travailler sur son ikigaï apporte un regard plus précis, plus objectif et plus juste sur les zones d’insatisfaction, évitant le fameux effet de «halo»: un seul détail nous dérange et finit par contaminer notre ressenti global, au point de nous rendre prêt à tout plaquer pour voir si l’herbe est plus verte ailleurs.
L’ikigaï nous enseigne qu’il est possible de décomposer son travail en différentes dimensions. On y trouve alors non seulement les points à améliorer, mais également les supports et les sources de la motivation profonde; il est possible d’en comprendre l’origine et le fonctionnement et ainsi apprendre à la nourrir et la développer sur le long terme. Ainsi, en dépassant même les frontières du cadre professionnel, l’ikigaï intègre le travail dans un processus plus global d’épanouissement.
Zones bleues
Il existe dans le monde cinq «blue zones» identifiées par les démographes Gianni Pes et Michel Poulain. Leur particularité? Le taux de prévalence singulièrement élevé de centenaires en bonne santé. Il s’agit de la communauté de Loma Linda en Californie, d’un village de Sardaigne, de l’île grecque Icarie, de Nicoya au Costa Rica et d’Okinawa au Japon. Partant de cette découverte, Dan Buettner, journaliste et explorateur, s’est penché sur les facteurs communs à ces cinq zones bleues pour tenter de trouver la recette de la longévité et du bonheur. Parmi ces facteurs, certains paraissent logiques, voire évidents: alimentation, activité physique, consommation modérée d’alcool, bonne gestion du stress, etc. Mais l’un deux est plus surprenant, la volonté de «trouver un sens à sa vie». Ce facteur porte un nom différent selon la zone bleue; parfois, il ne se nomme pas du tout et correspond alors davantage à un état d’esprit. A Okinawa, on l’appelle l’ikigaï.