La carrière ou l’amour?

Une femme cadre hésite entre sa carrière et une relation amoureuse.

Le cas pratique

«La situation d’Isidora* lui paraissait désespérée. Son entreprise lui proposait une promotion à l’étranger alors qu’elle venait de commencer une relation avec quelqu’un à qui elle tenait. Son dilemme mêlait le développement de sa carrière professionnelle et son épanouissement de femme. Et comme elle avait développé une tournure d’esprit intellectuelle, elle tournait et retournait sans cesse son problème, sans lui trouver mentalement d’issue. 

En m’en parlant, il lui apparut qu’elle devait établir une liste de priorités, ce qu’elle fit. Son analyse à tête reposée fut que sa carrière avait été le moteur de sa vie et qu’elle l’avait payé de sa relation de couple, assez douloureusement, se sentant coupable pendant plusieurs années de célibat qui s’en suivirent. Elle n’était pas prête à prendre ce risque à nouveau et décida que sa vie de femme allait devenir sa première priorité, qu’elle allait essayer de concilier avec sa vie professionnelle, et non l’inverse. 

Le deuil de sa promotion à ce nouveau poste à responsabilité lui coûtait cependant plus qu’elle n’aurait imaginé. Dès lors, le coaching porta sur le bilan de sa vie entière, et non plus seulement sur les seules compétences professionnelles acquises, en vue de … de quoi au fait? Ce bilan de vie lui prit quelques semaines, puis elle revint me trouver avec quelques prises de conscience qui l’étonnaient et la soulageaient: 

• depuis son enfance, elle n’avait cessé de faire des efforts pour plaire à son père et obtenir son amour, pensait-elle, en se dépassant régulièrement, à coups d’études, de diplômes et de promotions diverses. Elle ne regrettait pas ce chemin, mais savait au fond d’elle-même qu’un ressort était cassé et qu’elle ne pouvait plus croire qu’elle allait s’épanouir de la sorte. En fait, le choix avait été impossible tant qu’au fond d’elle-même, elle croyait perdre l’amour du père en cessant de mettre la barre toujours un cran plus haut. 
• elle avait aussi constaté que son chef avait parfois une allure un peu paternelle avec elle, et redoutait un partage franc et ouvert avec lui, de peur de le décevoir. Toute surprise de sa découverte d’une projection de la figure paternelle, elle se demandait comment revenir à une vision simple et neutre de la situation. Elle finit par se décider à lui demander un entretien au cours duquel elle présenta sans fard les faits tels qu’ils étaient. Et cet homme réagit à sa façon, très éloignée de ce père intérieur idéal qui exigeait de la performance avant tout. Ils trouvèrent ensemble une solution qui n’impliquait pas de s’établir loin de Paris. Aujourd’hui, Isidora s’applique à respecter un équilibre satisfaisant entre vie professionnelle et personnelle, au sein de l’entreprise qu’elle a créée.

L’analyse du coach

«Pour Isidora, plusieurs opportunités l’ont amenée vers l’équilibre qu’elle souhaitait au fond d’elle-même: sa nouvelle relation qui avait généré une tension entre sa carrière et son bonheur, l’occasion d’y voir plus clair dans ses motivations inconscientes et d’oser communiquer sur sa situation sans préjuger de la réaction de sa hiérarchie. 

Enfin, ayant gagné en assurance et en autonomie, la possibilité d’être créative, devenant ainsi propriétaire de l’entreprise qu’elle dirige aujourd’hui. La solution était de réaliser puis communiquer ce qu’elle voulait, alors que rester dans son dilemme en résistant à la situation, la piégeait dans un évident mal-être. Quand une personne accepte le changement inhérent au fait d’être vivant, elle revient alors dans le courant et retrouve de l’énergie pour aller de l’avant, vers l’accomplissement de ses projets.

L’utilisation optimale du potentiel de la personne est une voie privilégiée pour qu’elle éprouve du plaisir à l’exercice de son travail. Si elle évolue, son potentiel évolue avec elle. Une organisation aussi, doit savoir rester vivante. Elle l’est quand elle tient compte du développement nécessaire à tout individu, quand elle sait lui proposer des défis à relever qui soient intéressants, sans pour autant générer trop de stress pour lui. A l’inverse, une activité routinière qui laisse la personne trop en dedans de son potentiel se révèle à la longue, lassante, voire démotivante.»

* Prénom d’emprunt