Temporairement vôtre

La flexibilisation est-elle un problème? Non, elle est la solution!

Le travail gagne en flexibilité à plus d’un titre. Les personnes et les entreprises présentes sur le marché du travail le souhaitent, cependant la flexibilité constitue une menace pour certains acteurs, qui s’emploient à lutter contre chaque évolution en ce sens. Et pourtant, la question n’est pas de savoir si la flexibilisation est bonne ou pas, mais plutôt comment elle peut être orientée de la meilleure des façons possibles.

Le travail flexible possède de multiples facettes. La flexibilité peut se manifester par le lieu, le temps ou la forme donnée au contrat (ou une combinaison de ces critères):

• flexibilité spatiale: télétravail, équipes virtuelles, espaces de coworking

• flexibilité temporelle: horaires variables/temps de travail annuel, temps partiel, travail sur appel
• flexibilité contractuelle: travailleurs temporaires, free-lances, indépendants

Plus encore que la pandémie, ce sont avant tout la possibilité pour chacun d’aménager sa vie en fonction de ses besoins, l’équilibre nécessaire entre vie privée et vie professionnelle, le manque de main-d’œuvre qualifiée et la mondialisation de l’économie qui entraînent la flexibilisation croissante du travail. Le travail flexible offre de nombreux avantages aux travailleurs: assumer des missions d’accompagnement à caractère privé en parallèle à son travail, tester des emplois différents, voyager entre deux périodes de travail ou se former, se lancer dans des projets personnels ou tenter l’aventure de l’indépendance professionnelle, etc.

Du côté des entreprises, la flexibilité permet d’optimiser l’affectation des ressources afin d’avoir les experts adéquats pour chaque projet, de s’imposer face à la concurrence internationale et d’apprendre à connaître de nouvelles recrues. À une époque où tout va plus vite, le travail flexible est une nécessité et un atout.

Fixer le cadre approprié

Face aux changements, les solutions qui ont fait leurs preuves par le passé se retrouvent en porte-à-faux. C’est pourquoi la flexibilisation du marché du travail est un motif d’inquiétude, ce qui pousse certains responsables politiques à stopper le mouvement. C’est le cas notamment dans les cantons du Tessin et de Genève, où des initiatives politiques ont été lancées pour restreindre le travail temporaire.

Autant lutter contre des moulins à vent. Car le travail flexible s’impose déjà comme une réalité indispensable. Il serait préférable de consacrer cette énergie politique à aménager la flexibilisation, autrement dit à définir un cadre approprié pour que la flexibilité soit au service des hommes et des femmes et représente un progrès pour la société. C’est ainsi qu’un nouvel équilibre sera atteint.

Le travail temporaire comme modèle

Les bonnes pratiques en la matière existent déjà. Le secteur temporaire, une forme du travail flexible qui a fortement progressé au cours des dernières décennies, n’aurait pas connu cette croissance sans un minimum de règles qu’elle s’est en partie elle-même fixées.

Il s’agit notamment d’exigences légales imposées aux entreprises temporaires, de systèmes de couverture sociale sur mesure pour la vieillesse ou la perte de revenus en cas de maladie, de solutions flexibles pour la formation continue et le développement de l’employabilité, mais aussi du salaire minimum et de la réglementation du temps de travail.

Les responsables politiques devraient s’en inspirer à l’heure où il faudra adapter le cadre légal pour le monde du travail de demain. En revanche, toute tentative visant à restreindre cette flexibilité en marche ressemble à un aveu d’impuissance. Pire encore: lutter contre la flexibilisation empêche le progrès. Efforçons-nous plutôt de l’aménager pour faire avancer la société. Bon nombre des défis qui se poseront à nous aujourd’hui et demain pourront être relevés beaucoup plus facilement avec des structures flexibles. Acceptons la flexibilisation et faisons en sorte de l’adapter à nos besoins.

commenter 0 commentaires HR Cosmos

Myra Fischer-Rosinger est la directrice de swissstaffing, l'Union suisse des services de l'emploi. Après des études à l'Université de Zurich, elle a exercé en tant que conseillère politique, notamment auprès d'Avenir Suisse et Reichert Consulting.

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