Recrutement

La pénurie de talents touche 41 pour cent des entreprises

Paradoxe de notre économie: malgré la crise et le chômage, près de la moitié des entreprises suisses peinent à trouver des candidats. C’est ce qui ressort des dernières statistiques publiées cet été. 
A la question: «Avez-vous des difficultés à pourvoir les postes vacants dans votre société?», 41 pour cent des entreprises suisses ont répondu par l’affirmative. Publiée cet été, la dixième enquête annuelle sur la pénurie de talents révèle que plus de deux entreprises sur cinq sont affectées par ce problème en Suisse. Cela représente une augmentation de 8 points par rapport à 2014. Un employeur sur deux (contre 36 pour cent en 2014) cite le manque de compétences techniques des candidats comme l’une des principales raisons des difficultés à recruter. L’absence de certification est évoquée par 31 pour cent d’entre eux. 
 
L’étude, qui a porté sur 750 employeurs interrogés durant le premier trimestre 2015, indique également qu’une grande partie des employeurs déclarent ne pas avoir de stratégie de recrutement particulière pour faire face à la pénurie de talents. Conséquences: une réduction de leur capacité à satisfaire les clients (64 pour cent des employeurs) et une baisse de la compétitivité et de la productivité (49 pour cent). Sans compter une hausse des coûts salariaux et un recul de l’innovation et de la créativité. Cependant, la motivation et le moral des employés sont moins affectés par le manque de talents ou de compétences dans leur entreprise qu’ils ne l’étaient l’année dernière (29 pour cent contre 48 pour cent respectivement). 
 
Pénurie massive d’ouvriers qualifiés
Parmi les dix professions les plus recherchées en Suisse, les ouvriers qualifiés occupent la première place du classement pour la sixième année consécutive. Il s’agit de la seule profession toujours représentée dans le top 10 depuis le lancement de l’enquête en 2006. Les cadres et les dirigeants d’entreprise figurent au 2e rang pour la troisième année consécutive et les représentants de commerce passent au 3e rang cette année (6e en 2014). «Il y a un décalage de plus en plus marqué entre le profil des candidats et les besoins des entreprises. L’inadéquation se remarque surtout par l’absence de qualification ou de certification, et par le manque de compétences en termes de savoir-être», affirme Patrick Maier, General Manager de Manpower Suisse.
 
Les observations sur le terrain confirment ce constat. Ainsi, au Tessin, la demande en personnel juridique a beaucoup augmenté cette année. C’est un phénomène nouveau. Il est corroboré par l’étude puisque la catégorie des juristes arrive en 7e position. Plusieurs filiales de Manpower ont d’ailleurs rapporté avoir eu de la peine à trouver des chefs d’équipe ou des responsables de service, une catégorie de personnel qui n’avait jamais fait partie du classement en dix ans. Enfin, les chiffres suisses concordent avec la moyenne mondiale: 38 pour cent des 42000 employeurs interrogés dans 42 pays rencontrent des difficultés à pourvoir des postes vacants.
 

Adapter les méthodes de recrutement 

Les idées de solutions proposées par Manpower rejoignent une partie des mesures préconisées par le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann, avec l’initiative visant à combattre la pénurie de personnel qualifié lancée en 2011. Les sociétés pourraient adapter leurs méthodes de recrutement pour ouvrir le champ de recherche et acquérir de nouvelles pratiques de gestion des ressources humaines, ou encore, promouvoir leur proposition de valeur afin de positionner l’entreprise comme une destination privilégiée des talents. Mais l’élément central de leur stratégie devrait reposer sur la culture d’apprentissage et de formation au sein même des organisations.
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Romain Hofer est responsable du secteur marketing et communication chez Manpower Suisse.

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