La PNL, une technique à succès qui ne repose sur aucune base scientifique
La PNL (programmation neurolinguistique) est très utilisée, en particulier en coaching. Pourtant, contrairement à d’autres techniques validées par la psychologie moderne, elle ne repose sur aucune base scientifique. Décryptage.
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Depuis plus de 40 ans, la PNL connaît un énorme succès populaire et commercial: livres, formations, certifications. Ses domaines d’application sont nombreux: coaching professionnel, coaching sportif, développement personnel, techniques de ventes, etc.
Mais qu’est-ce que la PNL? La définition donnée par ses auteurs (Bandler et Grinder) dans les années 70 est très large: «étude de l’expérience subjective». D’autres définitions trouvées dans la littérature n’aident pas vraiment à distinguer la PNL d’autres pratiques. Il apparaît ainsi très vite que la PNL renvoie avant tout à un ensemble de techniques empruntées à d’autres disciplines, mises sous un chapeau commun. Les plus cyniques diront sous un chapeau commercial. Le présupposé «la carte n’est pas le territoire», emprunté à la linguistique, en est un exemple datant des années 50.
L’idée de base des auteurs de la PNL était d’extraire les meilleures pratiques thérapeutiques en observant les psychothérapeutes stars de l’époque comme Perls (Gestalt), Erickson (hypnose) ou Satir (thérapie familiale). Pour une raison obscure, ils ne firent jamais tester et valider leur théorie, comme le veut le processus scientifique standard; ils passèrent directement à l’écriture d’ouvrages grand public – and the rest is history.
Où en sommes-nous aujourd’hui? La constatation embarrassante est que malgré son succès, la PNL n’a pas de bases scientifiques solides. Les différents articles consultés font tous le même constat: les effets des interventions basées sur la PNL sont indétectables ou très faibles. Une méta-analyse de 2012 montre par exemple que sur 1459 études sur la PNL, seulement 10 étaient expérimentales; sur ces 10, seulement 5 incluaient un groupe de contrôle. Sur ces 5, une seule trouvait un faible effet positif de la PNL. Dans une autre étude de 2010, sur 315 articles considérés, seulement 63 étaient publiés dans des revues sérieuses; sur ces 63, 33 étaient des analyses quantitatives ; sur ces 33, seulement 9 semblent soutenir les hypothèses de la PNL, bien que leurs bases méthodologiques laissent à désirer, alors que 18 études solides ne montrent aucun effet. Une étude de 2019 sur les effets du coaching PNL montre que ceux-ci sont inexistants.
La déontologie professionnelle invitant à utiliser des techniques dont les bases théoriques sont prouvées d’une manière qui soit indépendante de la subjectivité, il est donc légitime de s’interroger sur la pertinence de techniques à la fiabilité aussi peu démontrée. Si je crois que faire le tour du bâtiment à cloche-pied est bon pour ma confiance en moi, grand bien m’en fasse; mais je ne peux décemment présenter cette technique comme une technique sérieuse de travail de la confiance en soi. C’est la validation par une analyse scientifique rigoureuse qui me permet d’avoir confiance dans la théorie qui sous-tend ma pratique, pas ma croyance personnelle ou celle d’auteurs renommés.
Sources:
Passmore & Rawson (2019) Neuro-linguistic programming: a review of NLP research and the application of NLP in coaching. International Coaching Psychology Review, 14, 57.
Sturt J, Ali S, Robertson W, et al. Neurolinguistic programming: a systematic review of the effects on health outcomes. Br J Gen Pract. 2012;62(604):e757-e764. doi:10.3399/bjgp12X658287
Witkowski, T. (2010). Thirty-five years of research on Neuro-Linguistic Programming. NLP research data base. State of the art or pseudoscientific decoration? Polish Psychological Bulletin, 41(2), 58–66