Le «blended learning» s’impose en Suisse romande
Une méthode d’apprentissage des langues a séduit plusieurs sociétés établies en Suisse. Baptisée «blended learning», elle combine e-learning, conversations téléphoniques et cours traditionnels. Pour optimiser les résultats, les managers doivent s’impliquer.
Le «blended learning» creuse son sillon en Suisse romande. Méthode de formation élaborée pour l’apprentissage ou l’approfondissement d’une langue étrangère, ce concept novateur combine à la fois e-learning, conversation téléphonique et cours traditionnels, privé ou en groupe. Ce mélange permet de solliciter les différentes compétences linguistiques des apprenants: parler, écrire et les compréhensions orale et écrite. Avec l’avantage principal de permettre la pratique immédiate de la langue dans des situations concrètes en immersion totale. En Suisse romande, c’est la société Supercomm qui a lancé le premier produit sur le marché. Créée en 1984 avec plus de 250 formateurs répartis sur quatre centres: Genève, Nyon, Lausanne et Zurich, la société est devenue une référence dans le segment des formations linguistiques puisque plus de 300 sociétés recourent à leurs produits. «Le «Blended Learning» a de plus en plus de succès auprès des entreprises: il y a trois ans, il repré-sentait 5 pour cent de nos parts de marché pour atteindre aujourd’hui 25 pour cent, c’est dire s’il correspond aux besoins et aux attentes des sociétés», relève Cyrille Pinget directeur commercial.
Procédure. Concrètement, le e-learning représente une à deux heures de travail individuel à la maison. Dans le cas de Supercomm, le support de cours est le «Tell me more» édité par la société française Auralog, leader mondial des logiciels linguistiques. Suivent ensuite trente minutes de conversation téléphonique sur le lieu de travail. La conversation se déroule entre l’apprenant et son professeur. Les deux acteurs sont devant leurs écrans ce qui facilite l’interaction entre conseils personnalisés et pistes didactiques à poursuivre sur le logiciel de e-learning. «L’autre avantage de ce système est d’enlever la peur très répandue d’une conversation téléphonique dans une langue étrangère», note Cyrille Pinget. Pour compléter la formation: une heure et demi de cours en face-à-face au rythme d’une à quatre fois par mois, selon les objectifs et les désirs de l’apprenant.
Conseils pour les RH. Comme c’est souvent le cas, le processus de formation est pris en charge de A à Z par le fournisseur des supports de cours. Quelques conseils aux départements RH permettent cependant d’améliorer la qualité et l’efficacité de la formation. Cyrille Pinget conseille d’abord de mettre en place une convention de cours qui clarifie à chacun les principes de fonctionnement de la formation. Le document permettra d’éviter tout malentendu une fois le processus démarré. Et pour s’assurer que les résultats escomptés seront au rendez-vous, mieux vaut avoir une feuille de route commune avant de se lancer. D’autre part, une formation en «blended learning» ne saurait s’effectuer sans un accès facilité à une salle de travail appropriée pour le e-learning.
L’expérience montre aussi que, lorsque les managers ont un rôle central à jouer, ils sont plus impliqués dans l’élaboration des supports de cours et des objectifs. Plus les vrais besoins apparaissent, plus les résultats seront meilleurs, assure Cyrille Pinget. Il poursuit: «Afin de soutenir et d’aider les HR dans leur rôle d’accompagnement, il est important d’impliquer les managers dans le suivi individuel. Le challenge est d’intéresser les managers à la progression de leurs équipes.»
Quant à la mesure objective des progrès effectués, elle est réalisée au travers de tests de niveau en ligne au début et à la fin du programme de formation. De plus, afin de conserver une motivation constante lors du programme de formation, l’organisation d’un examen tel que le TOEIC (la référence mondiale dans les certificats d’apprentissages d’anglais) ou le BULATS (questionnaires à choix multiples qui permettent de mesurer les capacités à un moment donné) est fortement conseillée.
Cas d’école. Parmi les premiers à s’être engagés sur la voie du «blended learning», le groupe Nestlé dispose aujourd’hui d’une expérience de trois ans dans ce domaine. Françoise Brouillard, responsable formation chez Nestlé a opté pour cette méthode formation dans les centres de recherche et de production pour Nespresso et Nescafé à Orbe. Elle proclame: «La formation «blended learning» remporte un grand succès: 100 pour cent des participants (80 personnes en 2007, ndlr) l’ont préférée à une formule traditionnelle. Encore plus parlants sont les taux de participation qui sont passés de 54 pour cent en 2003 à 100 pour cent en 2005.»
Mais le «blended learning» s’adresse à toutes les PME ou grandes entreprises dont les employés sont confrontés à des situations de travail dans une langue qui n’est pas la leur et qui veulent acquérir rapidement une aisance et une fluidité dans des relations de travail avec des collègues ou clients de différentes nationalités.
Cette méthode répond également aux attentes des employés puisque les cours s’effectuent sur leur lieu de travail aux horaires qui leur conviennent le mieux. Ceci leur permet également de travailler à leur rythme à la maison. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: les apprenants progressent de 30 pour cent à 40 pour cent plus vite par rapport à une méthode dite traditionnelle.