C’est la quatrième étude que vous menez avec HR Today. Quel est l’objectif en 2021?
Anne Donou: Cette année, nous examinons de plus près les pratiques de licenciement des entreprises en Suisse. Nous souhaitons regarder comment les employeurs gèrent les licenciements
et quelles sont les pratiques en cours. Nous aimerions également savoir dans quelle mesure ces pratiques ont été modifiées par les conditions difficiles du marché du travail actuel.
Pourquoi ce sujet?
Tout le monde parle de la pénurie des compétences. Malgré cela, les licenciements sont toujours d’actualité sur le marché du travail suisse. Les entreprises adaptent en permanence leur force de travail: les restructurations entraînent des licenciements, y compris les années où l’économie se porte bien. Cependant, en raison de l’impact économique négatif des mesures sanitaires prises pour lutter contre la COVID-19, la question des licenciements est encore plus d’actualité.
Nous entendons d’une part parler de licenciements massifs (dans quelques secteurs directement concernés) et, d’autre part, on constate l’augmentation des licenciements individuels en marge de la COVID-19. Il est donc très intéressant d’examiner de plus près le comportement des employeurs suisses en matière de licenciement.
Comment percevez-vous le marché du travail à l’heure actuelle?
La demande de candidats sur le marché de l’emploi semble actuellement plus importante qu’attendue. L’utilisation massive du chômage partiel en Suisse permet de ne pas détruire les emplois et de maintenir les employés en poste même lorsqu’ils ne travaillent pas. Néanmoins, il y a beaucoup plus de licenciements que d’habitude. Parallèlement à cela, et contrairement à ce que l’on entend régulièrement, il y a actuellement des embauches et des créations d’emploi. La situation varie considérablement d’un secteur à l’autre. Tout bien considéré, le choc COVID-19 ne conduit pas automatiquement à une réduction ou à une destruction des emplois, mais bien à une accélération des changements structurels actuels liés à la transformation digitale.
Quelles sont vos prévisions?
La transformation digitale s’accélère et va continuer à accentuer la polarisation sur le marché de l’emploi. Cela signifie également que le chômage structurel va augmenter, car de plus en plus de personnes voient leur employabilité se détériorer. L’offensive sur la formation n’aura que peu d’impact sur cette tendance, à court terme. L’augmentation du chômage structurel n’est pas reflétée par les chiffres du chômage du SECO. Pour avoir une image plus précise, nous devons examiner le taux de pénurie de main d’œuvre. Ce pourcentage était en moyenne de 11,8% en 2019 et de 12,5% en 2020. Je suis convaincue que le taux de pénurie de main d’œuvre augmentera à nouveau fortement en 2021. La pénurie de travailleurs qualifiés s’accroît dans la même période, de nombreuses entreprises ayant de plus en plus de mal à trouver des profils spécialisés sur le marché.