L'atelier

Les agences de recrutement débattent de leur avenir

Plusieurs recruteurs externes – cabinets ou agences de recrutement – ont débattu en novembre 2013 des problèmes de leur métier. Au menu: réseaux sociaux, comment améliorer l’image de la profession et des contrats de plus en plus longs avec certains clients.

La nouvelle Association Professionnelle du Recrutement fixe en Suisse romande (APFR) a convié en novembre 2013 ses membres à une soirée- débat à Rolle pour évoquer ses défis d’avenir. Voici une synthèse de ces échanges.

Qu’est-ce qu’un recruteur externe?

C’est un vrai partenaire qui doit être perçu comme tel par le client. Il faut rappeler cet élément important aux entreprises clientes et donc aux Ressources Humaines avant tout. Le recruteur n’est pas – et ne doit pas être - un pourvoyeur de CV. Il faut absolument préserver et cultiver ce rapport humain. Grâce à son expérience, il sait analyser les candidats, poser les bonnes questions, prendre des références. Il a un réel talent, on peut presque parler de don et flair dans son intérêt pour l’humain. Le recruteur externe cultive régulièrement son réseau de contacts et de candidats.

En 2016, les réseaux sociaux auront-ils remplacé les recruteurs externes?

Nombre d’entreprises, grandes mais aussi petites, ont décidé d’internaliser les recrutements qu’elles offraient autrefois à l’externe. Aujourd’hui, elles se reposent toujours plus sur les réseaux sociaux – LinkedIn est le nom mentionné le plus fréquemment. Mais les réseaux sociaux posent d’autres problèmes. Les RH en interne doivent trier l’énorme quantité d’informations sur les réseaux sociaux. C’est donc que le recruteur a encore sa raison d’être.

Comment encadrer et améliorer l’image de la profession?

De l’avis de certains, il faudrait proposer une formation initiale aux recruteurs. L’APRF envisage de la mettre sur pied. L’APRF pourrait aussi proposer une validation des acquis pour les recruteurs n’ayant pas obtenu cette formation initiale. Et il faudrait sanctionner les mauvais recruteurs. Ensemble, ces éléments feraient référence et contribueraient à un véritable label de qualité.

Contrats toujours plus longs

Depuis environ cinq ans, les recruteurs externes se voient soumis toujours plus souvent liés à des contrats dits de prestataires privilégiés («Preferred Suppliers») rédigés de manière unilatérale par leurs clients, généralement des multinationales. Ces contrats sont imposés et les recruteurs ont très peu, voire aucune marge de manœuvre sur le contenu et les tarifs des honoraires.

Ces mêmes contrats sont souvent très longs (25 à 35 pages n’est pas inhabituel!), rédigés dans un langage juridique difficile à comprendre pour le laïc, de surcroît pas toujours conformes au droit suisse. Les recruteurs externes avec des clients de type PME ne sont pas confrontés à ce genre de contrat. Ils parlent directement avec la ligne ou le patron. Ces agences ont souvent réussi à instaurer un partenariat avec leurs clients. Les PME semblent plus prêtes à recourir à des recherches exclusives.

Autorisation du SECO et charte éthique

Les recruteurs aimeraient que leur profession soit plus encadrée: presque n’importe qui peut ouvrir une agence de placement fixe (ou cabinet, selon la terminologie employée). L’autorisation cantonale et fédérale délivrée par le SECO n’est en définitive pas un label suffisant. C’est à cela que l’APRF aimerait pallier. De plus, il faut respecter une charte éthique. Celle qui est édictée par l’APRF devrait être un minimum pour toute agence de recrutement fixe. Il est à relever que le place- ment temporaire a d’autres particularités.

Une association pour les recruteurs

L’Association des Professionnels du Recrutement Fixe de Suisse romande (APRF) a été créée en janvier 2011, réunissant d’abord 4 agences de recrutement sur Vaud et Genève. A la fin 2013, l’APRF s’est élargi à 12 agences présentes dans toute la Suisse romande. L’objectif de l’APRF est de permettre aux recruteurs de Suisse romande de discuter des caractéristiques et des difficultés liées à leur métier et de lui donner ses lettres de noblesse. Ses membres sont invités à participer aux activités de l’APRF, organisées sous forme de Commissions: Formation – Ethique – Evènements – Relations avec les autorités – Communication.

Les questions à se poser avant d’externaliser un recrutement

•    L’agence a-t-elle une autorisation de pratiquer le placement privé? Une auto- risation de pratiquer la location de services? En effet, le placement privé et la location de services sont régis par la loi fédérale sur le service de l’emploi et la location de services (LSE).
•    Procède-t-elle à un entretien détaillé avant de présenter une candidature à un client?
•    Présente-t-elle une candidature après avoir obtenu l’accord préalable du candidat et lui avoir donné une description détaillée du poste?
•    Publie-t-elle des offres d’emploi correspondant à des postes existants?
•    Assure-t-elle à ses candidats la gratuité de ses services?
•    Les consultants sont-ils expérimentés et de confiance?
•    Concernant les tarifs appliqués, demandez à recevoir les conditions générales 
du cabinet, car les honoraires varient non seulement d’une agence à l’autre, mais également selon le niveau de salaire du poste ou le type de mandat. Par exemple, est-il exclusif ou non?

L'auteur

Linda Allan est responsable marketing et communication au cabinet de recrutement Alec Allan et Associés SA à Genève.

 

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