Les fausses-bonnes idées en matière de formation linguistique
L’arrivée de nouvelles technologies a permis l’avènement de systèmes d’apprentissage des langues originaux, dont la qualité première réside dans leur accessibilité – partout et en tout temps – et correspond aux vœux de celles et ceux qui travaillent et se déplacent.
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Fortes de ces avantages, les méthodes d’e-learning ont connu rapidement leurs heures de gloire, même si de nombreuses études scientifiques significatives montrent qu’à peine 20% des apprenants vont au bout de leur programme e-learning en autonomie.
Il en va de même pour le Distance Learning (parfois dénommé «face à face à distance») dont l’un des principaux avantages consiste à abaisser le prix des cours de langues, puisque les formateurs enseignent généralement depuis des pays où les salaires n’ont rien à voir avec ceux pratiqués en Suisse: Est de l’Europe, 15 euros et 20 euros de l’heure, voire Asie, où l’on est plus proche des 5 USD.
Mais qu’obtient-on pour ce montant? «Lorsque j’ai commencé ma leçon, le professeur d’anglais m’a demandé: «De quoi voulez-vous que l’on parle?! Il ne connaissait pas vraiment mon niveau, n’avait rien préparé à mon intention, donc pas de thème à proprement parler et pas de support de cours non plus... Ces 45 minutes de leçon ne m’ont menée nulle part. J’ai eu davantage l’impression d’une «Happy Hour», façon Pub anglais, que d’un véritable cours d’anglais», témoigne Charlotte, désabusée.
Et que dire de ces programmes à vocation ludique, qui prétendent vous apprendre une nouvelle langue à raison de quelques mots par jour, par le biais d’applications installées sur nos Smartphones. A ce rythme, la plupart d’entre nous aura atteint l’âge de la retraite avant de pouvoir s’exprimer convenablement dans une autre langue.
Ne nous y trompons pas: ce n’est pas en développant des méthodes centrées sur la flexibilité d’utilisation que l’on améliorera la vitesse et la qualité d‘apprentissage d’une langue, mais en appliquant une systématique de l’apprentissage, permettant une assimilation plus rapide par notre cerveau.
De même, se borner à comparer des tarifs horaires revient à imaginer que tous les cours de langues se valent. Si la notion financière doit être prise en compte, ne doit-on pas avant tout considérer le budget global nécessaire pour accéder au niveau requis, plutôt qu’un tarif horaire attractif ?
Appliquant la politique de l’autruche, les écoles de langues traditionnelles ont ignoré l’évolution du marché et se sont livrées à une dévastatrice surenchère au niveau de leurs services pour tenter de rester concurrentielles: totale flexibilité des horaires, annulations tardives, frais de déplacements des formateurs et matériel pédagogique offerts, etc.
Parce que nous avons tous séché sur nos bancs d’école, martyrisant la langue de Molière, de Goethe ou de Shakespeare, nous en avons hâtivement déduit qu’apprendre une langue demandait plusieurs années d’efforts. Balivernes!
Une centaine d’heures de cours gérée avec rigueur permet d’atteindre un niveau suffisant pour participer à une conversation même professionnelle. Tout dépend bien sûr de la langue envisagée, du temps et de l’investissement de l’apprenant concerné.
Les nouveaux systèmes apparus sur le marché il y a quelques années n’ont pas pour but d’améliorer la rapidité d’accès à une autre langue, car elle n’intervient que fort peu sur le récepteur (nous), mais seulement sur la manière d’apprendre. Elles n’aident aucunement l’apprenant à mieux mémoriser, à mieux utiliser les connaissances acquises. Elles lui permettent seulement d’apprendre en se distrayant, ce qui en soi constitue un amusant dérivatif, mais pas un réel progrès.
Nombre d’entreprises ont applaudi à l’arrivée de ces nouveaux venus qui cassaient les habitudes autant que les prix et se sont laissé séduire. Tout cela semblait révolutionnaire et dans l’air du temps. Malheureusement, avec un peu de recul, le constat est sans appel: ces méthodes «innovantes» ont déçu et les résultats ne sont pas au rendez-vous. A quand la prochaine innovation déroutante?