Les limites de salaires des patrons devraient rester l'exception
Le patron d'une banque est-il suffisamment rémunéré avec un salaire annuel de 600'000 francs? La Banque cantonale d'Argovie (AKB) a décidé de verser ce montant à son futur directeur Andreas Waespi. Selon les experts, ce cas est atypique, la tendance n'étant pas aux plafonds, mais aux systèmes flexibles.
"Les banques cantonales qui font également de la gestion de fortune ou de fonds institutionnels ont une hiérarchie salariale plus large que celle des banques de détail". C'est le cas de la Banque cantonale de Zurich (BCZ) où le patron Martin Scholl (en photo) a perçu 1,7 million de francs l'an dernier. Source: zkb.ch
Zurich (ats) Andreas Waespi, actuel directeur de la Banque Coop, recevra 100'000 francs de moins lorsqu'il s'installera dans son nouveau bureau à Aarau en mai 2015. En fixant une limite au dirigeant de l'établissement bancaire cantonal, qui ne peut pas recevoir un montant supérieur au double du salaire d'un conseiller d'Etat, le Parlement argovien a lancé le débat.
Pour 600'000 francs, aucun banquier ne dirige un établissement de moyenne importance, avaient critiqué les opposants à la limitation. A l'époque de sa nomination, M. Waespi avait répondu qu'il n'avait pas accepté son poste pour le salaire, mais pour les défis à relever. Rien ne présage toutefois que sa décision fera école dans les autres cantons.
Différences régionales
Les banques cantonales n'appliquent pas toutes la même politique salariale. Les différences sont régionales, mais dépendent également de la grandeur et du modèle d'affaires de l'établissement, a expliqué à l'ATS Axel May, du cabinet de conseils en entreprise HKP.
"Les banques cantonales qui font également de la gestion de fortune ou de fonds institutionnels ont une hiérarchie salariale plus large que celle des banques de détail".
C'est le cas de la Banque cantonale de Zurich (BCZ) où le patron Martin Scholl a perçu 1,7 million de francs l'an dernier. A la BCZ, certains banquiers d'affaires sont d'ailleurs parfois mieux rémunérés que leurs dirigeants, relève M. May.
Blaise Goetschin, patron de la Banque cantonale de Genève, a lui obtenu 1,34 million de francs et son collègue de la Banque cantonale de Bâle-Campagne 1 million de francs en 2013. En comparaison, les 600'000 francs du futur chef de l'AKB semblent "maigres".
Valeurs
Dans les banques cantonales, des valeurs culturelles comme l'ancrage dans une région ou l'environnement social jouent un rôle important, explique Stephan Hostettler, spécialiste des systèmes de rémunération chez HKP. Mais cette situation a aussi ses désavantages: une entreprise est plus concurrentielle si elle lie les salaires aux performances.
Dans les instituts cantonaux, la politique est en outre essentielle, ces établissements étant totalement ou partiellement en mains des cantons et bénéficiant d'une garantie d'Etat.
"Un membre de conseil d'administration ou de conseil de banque issu du monde politique va appliquer d'autres principes qu'un décideur venant d'une banque purement privée ou cotée en bourse", poursuit M. Hostettler. Les premiers s'en tiennent aux réglementations et les seconds à l'économie de marché.
Dépolitisation en marche
Les experts d'HPK observent néanmoins une tendance à la dépolitisation des membres des conseils d'administration. Plusieurs cantons ont décidé d'accorder plus de marge de manoeuvre en matière de rémunérations, précise Axel May.
De plus en plus, ils divisent les salaires en part fixe et en part variable. Ainsi, pour les patrons des banques de St-Gall et de Bâle-Ville, seule la moitié du salaire est fixe. Dans les grandes banques, le salaire est composé à hauteur de 60 à 70% d'une rémunération variable différée. Cette part est de 10 à 20% dans les banques cantonales, selon M. Hostettler.