Insertion humanum est

Les parcours non-linéaires, une chance pour les recruteurs

Accidents de la vie, erreurs de parcours, mauvais concours de circonstances: une réalité à prendre en compte par tout spécialiste RH désireux d’intégrer dans sa politique de recrutement un processus de (ré)insertion professionnelle. Exemple concret et pistes de réflexion.

Il est important de sensibiliser les RH au droit à l’oubli et au faux pas qui permet la résilience. Prenons l’exemple d’un candidat spécialiste de l’informatique bancaire qui, un soir, commet par malheur un délit routier. Tout juste libéré après 18 mois d’emprisonnement, il possède désormais un casier judiciaire et souhaite se repositionner sur le marché de l’emploi. Les premiers retours de ses candidatures posent la problématique de son éligibilité dans le secteur banque/finance: un des prérequis majeurs est en effet le casier judiciaire vierge.

Après une période de déni, de colère puis enfin d’angoisse pour la suite de son avenir professionnel, le candidat trouve en lui la force de positiver son vécu et de réorienter ses recherches vers les SSII (Sociétés de services en ingénierie informatique) en misant sur la transparence. Malgré une première expérience difficile, le candidat ne se décourage pas et contacte une seconde société spécialisée. Le recruteur est un peu surpris, mais ouvert à la discussion. Il exprime des peurs et des réticences, de manière neutre et claire, auxquelles le candidat répond avec franchise. Après un processus de recrutement et une mission-test réussie, il sera engagé en fixe par cette société, dans laquelle il s’épanouit toujours.

Ce cas concerne certes une expérience carcérale. Mais n’oublions pas que le fait d’avoir des dettes ou d’être en poursuites représente également un sérieux frein en termes d’employabilité dans de nombreux secteurs d’activité. Mauvaise gestion du budget, arnaque subie, divorce et chômage sont autant de raisons pouvant conduire à cette situation, qui prétérite les démarches de nombreuses personnes en recherche d’emploi.

Quel est l’intérêt pour les RH de s’impliquer dans un processus d’insertion basé sur la résilience et le droit à l’oubli? Cinq raisons majeures émergent:

  • Responsabilité sociale et environnementale: les pratiques d’insertion sont un volet d’action à disposition des entreprises pour lutter contre l’exclusion et la précarité, et pour favoriser la tolérance.
  • Parfois confrontées à une pénurie de main d’œuvre dans certains métiers, les entreprises élargissent les sources de recrutement, induisant ainsi une plus grande diversité de profils.
  • Les initiatives en matière d’insertion constituent un outil puissant de marketing RH: l’insertion devient un moyen de communication autour de la «marque employeur».
  • Mise en valeur de la volonté de renforcer son ancrage local, dans une approche de collaboration avec des acteurs sociaux de l’insertion.
  • Possibilité de bénéficier d’un soutien financier par les autorités publiques.

Les points forts de ces collaborateurs au parcours que l’on pourrait qualifier de chaotique, mais bien souvent également de résilient, sont indéniables: développement de ressources personnelles en termes de savoir-être pour faire face à ces évènements et les dépasser, recul et sens critique engendrant plus d’écoute et de bienveillance, capacité de persévérance face à l’adversité, flexibilité pour faire face aux évolutions, nouveautés ou imprévus avec une volonté de s’impliquer et de s’investir à long terme.

Alors pourquoi ne pas oser faire confiance et offrir la chance à de nouveaux collaborateurs motivés et prêts à rebondir de convaincre en entretien?

Les aides au retour en emploi, à Genève et ailleurs

Dans le canton de Genève, l’AIT (Allocation d'initiation au travail) est une aide à destination des personnes au chômage qui permet la prise en charge du salaire du nouveau collaborateur à hauteur de 40% dégressifs sur une période de 6 mois (jusqu’à 12 mois pour une personne de plus de 50 ans). Quant à l’ARE (Allocation de Retour en Emploi), elle offre la prise en charge du salaire de toute personne suivie par l’Hospice général (issue du Service de Réinsertion professionnelle ou d’un Centre d’Action Sociale) à hauteur de 50% pour une durée de 2 à 12 mois (jusqu’à 24 mois pour une personne de plus de 50 ans).

Des mesures similaires sont également proposées dans les autres cantons romands:

-Vaud

-Neuchâtel

-Valais

-Jura

-Fribourg

 

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Texte: Sisu Lab

Sisu signifie en finnois «force intérieure qui donne du courage et de la créativité». Au travers d’une approche disruptive et créative, Sisu Lab propose des prestations de formation, d’animation de workshops, de guidance d’équipe, mais aussi des outils pédagogiques à destination des acteurs de l’insertion sociale et professionnelle. Ses créatrices sont Mickaëlle Haution-Pra, Céline Mercader-Cools et Elise Oudiné.

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