Fraude fiscale

Lourde peine pour le président du Bayern Munich

Le président du prestigieux club de football allemand du Bayern Munich, Uli Hoeness, a été condamné à trois ans et demi de prison ferme pour avoir fraudé le fisc de 28,5 millions d'euros. Le parquet avait requis une peine de cinq ans et demi.

Munich (ats/afp) L'ancienne légende du football allemand a été reconnu coupable de "sept cas graves de fraude fiscale", a annoncé le juge Rupert Heindl. Uli Hoeness, réputé notamment pour la gestion rigoureuse du club bavarois, reste toutefois en liberté en attendant l'examen de son pourvoi en cassation.

Son avocat, Hanns W. Feigen, a effet annoncé ce recours, peu après le jugement. Mais son avenir à la présidence d'un des plus grands clubs d'Europe pourrait être remis en cause avec cette condamnation même si actionnaires et dirigeants lui ont jusqu'ici manifesté leur soutien sans faille.

Les instances dirigeantes du Bayern ont prévu de se réunir au plus vite mais aucune éventuelle décision n'était attendue jeudi.

Jusqu'à dix ans de prison

Uli Hoeness, 62 ans, risquait au maximum dix ans de détention. Le Parquet avait requis cinq ans et demi de prison ferme. Il était jugé depuis lundi devant le tribunal de grande instance de Munich pour n'avoir pas déclaré des revenus boursiers réalisés en Suisse dans les années 2000.

D'abord estimé à 3,5 millions d'euros dans l'acte de renvoi, le préjudice fiscal a été réévalué à 27,2 millions d'euros au fil des témoignages, accablants, avant d'être finalement porté à 28,5 millions d'euros lors de l'énoncé du jugement.

Personnage haut en couleur aux colères légendaires, Uli Hoeness s'était lui- même dénoncé au fisc en janvier 2013 et avait remboursé dix millions d'euros. Cette procédure permet de mettre sa situation en règle moyennant une forte pénalité financière, tout en mettant le fraudeur à l'abri de toute poursuite pénale.

Mais la justice était convaincue qu'il se savait sur le point d'être démasqué, notamment par la presse qui a d'ailleurs révélé l'affaire quelque temps après.

Affaire atypique

L'avocat de M. Hoeness a essayé de plaider qu'il ne s'agissait pas d'une affaire d'évasion fiscale typique. "Le fraudeur fiscal normal amasse de l'argent en Suisse". Mais Hoeness "voulait flamber, il ne voulait pas amasser d'argent", selon lui.

Ulrich Hoeness, également ancien grand joueur professionnel, avait admis avoir "par moment boursicoté jour et nuit" avant de mettre fin à ses activités boursières notamment à cause de la crise financière en 2008.

L'argent à l'origine de la fraude proviendrait d'un "prêt" concédé en 2001 par l'homme d'affaires français Robert Louis-Dreyfus, alors propriétaire d'Adidas, équipementier et actionnaire du Bayern Munich.

Immense intérêt

Ancien manager du Bayern pendant quelque 30 ans, Uli Hoeness a vu son étoile ternie par ce scandale, l'un des plus gros de l'histoire du sport allemand, qui avait fait réagir jusqu'à Angela Merkel. La chancelière allemande s'était dite "déçue" par son comportement.

Le procès suscite d'ailleurs un immense intérêt dans un pays où le football est roi. Jeudi, dès les premières heures de la matinée, un public important faisait la queue devant l'entrée du tribunal pour tenter d'assister à l'audience.

Malgré ses déboires judiciaires, Uli Hoeness assistait encore mardi soir à la qualification de "l'oeuvre de (sa) vie" pour les quarts de finale de la Ligue des champions, aux côtés du patron du club, Karl-Heinz Rummenigge et non loin du sélectionneur national, Joachim Löw.

Largement en tête du championnat d'Allemagne, le Bayern Munich a réalisé l'an dernier un triplé historique (Ligue des champions, Championnat et Coupe d'Allemagne) qui font de lui actuellement l'un des clubs européens les plus prestigieux et les plus riches.

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