Think Tank

Merci Temps présent!

Le reportage de Temps présent sur les RH* fait beaucoup parler de lui au sein de la communauté, allant jusqu’à créer des blogs et autres murs des lamentations modernes (voir notamment le groupe de discussions HR Today Magazine sur LinkedIn).

Au lieu de jouer les caliméros, je pense qu’il faut reconnaître que notre métier jouit d’une mauvaise image auprès du «grand public», une image qui est certainement plus nuancée chez les managers que nous accompagnons au quotidien. Le reportage de la RTS traduit bien ce que pensent beaucoup de collaborateurs et ce qui doit se murmurer dans les arrière-salles des bistrots: «A quoi servent donc ces RH? Que font-ils vraiment?» Dans un reportage de 2012, réalisé au Salon RH de Genève, la RTS avait déjà fait ressortir la difficulté qu’ont les RH à se mettre d’accord sur le camp qu’ils ont mission de défendre (employeur ou employés)... Dès lors, avant de s’attaquer à la question de la dénomination de la fonction, nous ferions mieux de clarifier notre posture dans les organisations.
A l’époque des chefs du personnel, les choses étaient plus claires. Mais à force de nous focaliser sur l’épanouissement de l’Humain, certains ont oublié que l’objectif de la GRH est de permettre à l’entreprise d’atteindre ses objectifs. Au pays des «Bisounours RH», soutenir que des cadrages serrés et autoritaires se justifient dans certains contextes est inadmissible. Pourquoi ne pas accepter que nous ne sommes pas un contrepoids aux objectifs économiques? Au contraire, notre rôle est d’accompagner la ligne et les équipes pour qu’ils atteignent ces objectifs en créant de la valeur. Et c’est dans ce contexte que nos valeurs et notre sensibilité doivent s’exprimer. C’est à nous d’édulcorer subtilement certaines solutions trop radicales, décidées par des managers toxiques qui craignent de donner leur confiance aux hommes et aux femmes qui font la valeur ajoutée de nos entreprises.
 
Si nous sommes les garants de l’éthique et des valeurs de l’entreprise, il faut accepter et assumer que la place à laquelle nous prétendons au sein des directions est faite pour participer au développement du business. Ainsi, nous aurons au moins le mérite d’être clairs avec le personnel à qui nous laissons croire aujourd’hui qu’il pourra compter sur nous pour le «défendre» en toutes circonstances. Pour ce faire, nous pouvons proposer aux collaborateurs-trices une orientation sociale ou un partenaire externe (également disponible pour des PME), mieux à même de les écouter, de les soutenir et de les orienter selon leurs problématiques personnelles. Les DRH, RRH et conseillers RH pourraient ainsi se concentrer sur des solutions purement professionnelles. Comme on dit en Valais: «Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées.»
 
Un autre élément qui solidifiera l’assise de notre fonction est la maîtrise de la communication, interne du moins. Le personnel est sensible aux messages qu’il reçoit, s’assurer de leur bonne forme, c’est aussi de la GRH.
 
Je souhaiterais également que les différentes associations RH se mobilisent pour faire connaître la valeur ajoutée de notre fonction auprès des décideurs (conseils d’administration, CEO, etc.) et non pas uniquement d’organiser des débats et formations entre pairs.
 
En conclusion, si ledit reportage peut permettre à l’ensemble de la profession de se questionner et de conscientiser l’ambiguïté de la perception «grand public» de notre fonction, il ne me reste qu’une seule chose à dire: «Merci Temps présent!».
 
* «Ressources humaines ou inhumaines?», émission diffusée le jeudi 7 mai 2015 sur la RTS.
A visionner sur rts.ch/emissions/temps-present/archives/
commenter 0 commentaires HR Cosmos

Frédéric Favre est le DRH de Migros Valais, où il siège au comité de direction. Il dirige aussi la formation au diplôme fédéral RH en Suisse romande; est juge-assesseur au Tribunal du travail du Valais et expert aux examens du brevet fédéral RH.

Plus d'articles de Frédéric Favre