Supplément GSE 2023

Monde du travail flexible, GSE flexible

Le New Work a ses bons et mauvais côtés. Sven Goebel, responsable développement GSE
chez Promotion Santé Suisse, revient ici sur le sentiment de stress.

Le monde du travail évolue rapidement et de manière très dynamique. La numérisation, l’accélération des changements et la densification obligent la plupart des entreprises et organisations de tous les secteurs à s’adapter en permanence. Les anciennes structures ne sont plus adaptées. Comment les entreprises doivent-elles évoluer?

Sven Goebel: toutes les entreprises ne sont pas touchées de la même manière par l’évolution du monde du travail. Il s’agit donc tout d’abord d’analyser dans quels domaines d’activité les conditions se sont modifiées et de vérifier ce qui doit être adapté dans l’interaction entre organisation, technologie et humain. Si un mode de travail mobile et flexible nécessite une technologie adéquate, qui garantit également la protection des données, les collaboratrices et collaborateurs ont besoin de compétences pour dissocier vie professionnelle et vie privée. Il peut cependant s’avérer nécessaire, du point de vue organisationnel, d’établir un règlement pour fixer les éléments principaux du travail mobile et flexible.

Malgré la plus grande autonomie, le sentiment de stress a tendance à augmenter chez les personnes actives. Comment expliquez-vous cela?

Cela ne correspond pas aux résultats du Job Stress Index de Promotion Santé Suisse. Selon cette «moyenne du stress», qui évalue le rapport moyen entre contraintes et ressources au travail, le niveau de stress de la population active en Suisse est stable depuis 2018. Il est cependant considérablement plus élevé qu’en 2014 et 2016. Alors que le sondage de 2020 révélait que près de 29,6 pour cent de la population active se plaignait de plus de ressources que de contraintes, ce taux a baissé à 28,2 pour cent au dernier sondage. Le sentiment de stress s’est donc légèrement amélioré.

Les personnes stressées ressentent cependant une plus grande pression temporelle, sont plus souvent confrontées à des conflits, disposent d’une moindre marge de manoeuvre ou reçoivent moins de reconnaissance. Le New Work pourrait bien sûr en être une cause, mais n’est certainement pas seul responsable du sentiment de stress. Pendant la pandémie par exemple, de nouvelles contraintes sont apparues, comme la crainte de tomber gravement malade, la peur de perdre son emploi ou un sentiment d'isolement social.

Comment aborder le sentiment de stress dans les entreprises?

Puisque les causes sont diverses et variables, il faut analyser les ressources et les contraintes dans l’entreprise. À l’aide de sondages, il s’agit de définir des mesures en collaboration avec le personnel pour renforcer les ressources et réduire les contraintes. Avec l’outil Job Stress Analysis, Promotion Santé Suisse met à disposition un instrument permettant une analyse fiable des ressources et contraintes et de l’état des collaboratrices et des collaborateurs.

À quel point le travail à distance et le télétravail augmentent-ils le stress des collaboratrices et des collaborateurs?

Bien que la flexibilité du télétravail permette aux collaboratrices et aux collaborateurs de mieux s’organiser et d’allier les besoins professionnels, personnels et familiaux, la possibilité de travailler partout et à tout moment brouille la frontière entre professionnel et privé. Cet amalgame affecte non seulement le temps de récupération, mais également la vie familiale et sociale. Avec la HR Toolbox pour les responsables RH et le Leadership Kit pour les cadres et directions nous aidons les PME à se préparer au New Work de demain et à en perler au sein de l’entreprise. Il s’agit par exemple d’informations, d’arguments, d’outils, de checklists et de modèles pour le télétravail.

Outre les structures et les processus organisationnels, la gestion de la santé en entreprise doit également être flexibilisée. Selon vous, quels en sont les leviers?

Quand de nouveaux modes de travail chamboulent le monde du travail, la GSE doit s’adapter aux environnements de travail dont les changements affectent la santé des collaboratrices et des collaborateurs. Concernant la GSE, nous identifions actuellement un besoin d’évolution dans les domaines suivants: gouvernance et processus de décision, santé sociale, développement des compétences pour les nouveaux modes de travail, élaboration de processus de travail et analyse de données GSE. Il pourrait également s’avérer utile d’adapter la GSE de manière agile aux nouveaux modèles d’entreprises qui, bien que toujours hiérarchisés, sont confrontés à des organisations et équipes en évolution constante. La planification doit s’orienter à ces nouveaux principes. L’adaptation au public cible devient également de plus en plus centrale.
 

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Photo portrait de Corinne Päper

Corinne Päper a été la rédactrice en chef de HR Today en Suisse Alémanique entre 2008 et 2023.

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