GRH sans DRH

«On ne peut pas gérer ses RH à la petite semaine»

«Les cinq premières années, la structure est restée relativement petite, avec 5 à 6 personnes. Puis, nous avons grandi assez rapidement. Pour consolider cette croissance, j’ai pu m’appuyer sur une secrétaire, formée en ressources humaines. Elle a mis en place l’organisation et les dossiers nécessaires pour assurer le suivi du personnel. Quand on est une PME en démarrage, trois défis majeurs se posent à vous: proposer de bons produits ou de bonnes prestations; avoir une trésorerie équilibrée et bien gérer votre personnel. J’ai donc rapidement engagé un directeur marketing et finance. Puis j’ai mis en place une hiérarchie d’exploitation, avec des directeurs régionaux sur le terrain, proches de nos clients. En revanche, je n’avais pas les ressources ni suffisamment de besoins pour engager un responsable RH. J’ai donc décidé d’assumer cette fonction moi-même. Ce travail correspond à un 40 pour cent: 20 pour cent par la comptabilité et les salaires et 20 pour cent pour le recrutement et le suivi du personnel. Il faut se donner le temps pour cela. Voilà le problème. Tant qu’on n’a pas posé la fonction RH comme un besoin fondamental, on s’imagine qu’on peut le faire à la petite semaine.

Je m’en sors bien pour le recrutement et la formation. Je travaille en binôme avec les directeurs régionaux. Et comme je suis souvent sur le terrain, je connais les profils qu’il nous faut et les besoins en formation. Ma double casquette de directrice et responsable RH n’est par contre pas toujours évidente vis-à-vis de mon équipe. La posture n’est pas la même. En cumulant les deux fonctions, il n’y a pas cette notion de tampon que peut jouer un responsable RH. J’ai tenté de biaiser cette relation en responsabilisant les cadres. Mais eux ne sont pas des tampons non plus. Cette posture est donc complexe.

Nous avons aussi mis en place un système de médiation interne. Nos collaborateurs peuvent aller demander des conseils ou du soutien de manière anonyme. Cet espace donne de l’écoute et des pistes mais à un certain moment, il faut prendre une décision. Un RH va donner la règle et la faire respecter. De mon côté, comme je connais le travail qui est effectué sur le terrain, je suis trop influençable. C’est là où le bât blesse. Comme je suis impliquée dans l’opérationnel, j’ai toujours tendance à donner des circonstances atténuantes ou, au contraire, à avoir des positions trop tranchées.»

 

Annick Rieker

Annick Rieker a créé PMSE SA en 2000, une société de services spécialisée dans la santé en entreprise. Cette PME genevoise emploie aujourd’hui 35 personnes en Suisse.

 
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