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Organisations apprenantes
Nous sommes tous des leaders collaboratifs!
Développement du leadership et organisations apprenantes vont de pair: instaurer un leadership collaboratif permet de créer des conditions propices au modèle des organisations apprenantes. Explications.
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Illustration: iStockphoto
Bien que souvent ignoré ou méconnu, un leader collaboratif sommeille en chacun de nous. Le laisser s’exprimer rend possible la mise en place d’organisations apprenantes. Explorons tout d’abord la posture du leader collaboratif. À l’opposé du leader héros, de l’animateur ou du médiateur, le leader collaboratif est reconnaissable à ses qualités d’explorateur, d’entremetteur, de gardien de la cohérence et surtout, de facilitateur.
Le leader collaboratif est flexible et adaptatif, il sait tenir compte de la contribution de chaque individu. Il encourage l’action et la prise de risques, sait reconnaître les preuves de courage et les signes de confiance. De cette façon, il contribue à créer un espace «sécure» où les collaborateurs se sentent à l’aise. Le leader collaboratif encourage les individus à faire de petits pas, il accueille les peurs sans jugement, célèbre les réussites et transforme les erreurs en opportunités d’apprentissage, par exemple. Son coffre à outils est rempli notamment de questions efficaces.
Chercher les bonnes questions avant les bonnes réponses
L’art de poser des questions efficaces a été proposé par les précurseurs des approches collaboratives Éric Vogt, Juanita Brown et David Isaacs. Nos cultures accordent plus d’importance à la bonne réponse qu’à la bonne question. Elles mettent davantage l’accent sur la mémorisation et les réponses toutes faites que sur l’art de rechercher de nouvelles possibilités. Ainsi, «il est rare qu’on nous demande de poser des questions qui font réfléchir, et on ne nous apprend d’ailleurs pas pourquoi nous devrions soulever de telles questions.» Dans le même sens, Einstein disait: «Si je disposais d’une heure pour résoudre un problème et que ma vie en dépendait, je consacrerais les cinquante-cinq premières minutes à définir la
question à poser car, une fois cela fait, je pourrais résoudre le problème en moins de cinq minutes.»
Poser des questions efficaces signifie, d’une part, arrêter de chercher une réponse unique et, d’autre part, miser sur l’intention plutôt que sur l’action. Les questions efficaces laissent entrevoir des perspectives nouvelles, des possibilités inexplorées. Dans cet esprit, le leader collaboratif privilégie les questions ouvertes formulées autour d’un pourquoi, d’un comment ou encore d’un «et si?». Par exemple: Quelle est votre intention, qu’est-ce qui fait que cela vaut vraiment la peine que vous fassiez le maximum d’efforts? Quelle est la chose la plus importante que vous ayez apprise, comprise ou découverte jusqu’à présent? Les questions efficaces nous ramènent à l’essentiel, à ce qui compte vraiment pour l’individu comme pour l’organisation. Il est important de s’assurer que l’on se pose les bonnes questions avant d’aller de l’avant.
Le Diamant de la participation
Une fois que l’on comprend mieux le ou les défis qui nous attendent, on peut utiliser un processus (ou un modèle) comme le Diamant de la participation.
Il comporte trois zones de cheminement qui sont la divergence, l’émergence et la convergence. Dans la zone de divergence, les individus explorent ensemble de nouvelles idées. Même s’ils ne partagent pas exactement la même vision des choses, ils entrevoient des choix et des possibilités sur lesquels ils peuvent communiquer. Dans la zone d’émergence, le groupe traverse un état d’incertitude, voire de remise en question tout à fait normale et même nécessaire à l’émergence de nouvelles perspectives. Les individus tentent alors de s’entendre ou de «créer ensemble». Cette zone implique un temps de réflexion et, au besoin, un réexamen de l’intention ainsi que des objectifs. C’est dans la zone d’émergence que se dessine une vision plus claire et partagée. Dans la zone de convergence, cette vision se concrétise (c’est ce qu’on appelle aussi la convergence des idées).
Le Diamant de la participation est un modèle à partir duquel on peut s’inspirer pour imaginer des activités de collaboration à court terme (une à trois journées) ou à moyen voire à long terme (entre quelques mois et une année). Pour chaque zone, différentes questions efficaces peuvent être posées.
Par exemple, des questions divergentes:
- Quels défis ou opportunités rencontrons-nous actuellement?
- Quels objectifs, si rencontrés, permettraient de répondre à nos besoins?
- Quelles sont les questions pour lesquelles nous devons trouver des réponses pour faire ensemble un pas en avant?
Des questions émergentes:
- Quels sont les principes que nous aimerions voir se dégager de notre organisation?
- De quoi rêvons-nous?
- Qu’est-ce qui nous fait hésiter, quelles sont nos peurs?
- Comment imaginons-nous l’organisation sans ces peurs?
Des questions convergentes:
- Comment imaginons-nous la participation et la contribution de chacun?
- Quelles façons de faire ou d’être pouvons-nous apporter à l’organisation?
- Comment allons-nous y parvenir?
- Quels engagements pouvons-nous prendre ensemble?
Des outils encore plus concrets
Pour rendre les questions efficaces encore plus concrètes, vous pouvez utiliser des outils comme le World Café, le Forum ouvert, le Pro-action Café ou le Storytelling (voir http://www.chriscorrigan.com/parkinglot/facilitation-resources/). Le principe de pollinisation se trouve au cœur de ces méthodes collaboratives. La pollinisation est une image qui évoque l’importance capitale du maillage, de la circulation féconde des idées. Il nous ramène aux abeilles, qui contribuent depuis plus de 80 millions d’années à l’évolution de la biodiversité et nous rappellent que l’homme peut, lui aussi, assumer un rôle de leader collaboratif.
Le leadership collaboratif fait partie de votre ADN, le savez-vous?
L’Homme a toujours été un être social, qui se regroupe pour se protéger, qui unit ses forces pour survivre. On peut supposer qu’il y a six millions d’années, à l’époque préhistorique, un homme seul devant un mammouth avait peur, tandis que cinquante hommes ensemble étaient plus forts. C’est dans sa nature, l’Homme est fait pour s’entraider et collaborer. Comme si cela avait toujours fait partie de son ADN.
À l’époque actuelle, on ne chasse plus le mammouth, mais on est confronté à des enjeux humains et organisationnels de taille qui nécessitent de faire appel à une intelligence dite collective. L’intelligence collective est une habileté de groupe à interagir avec succès devant une situation de défi ou de changement et de trouver ensemble une réponse ou une solution adaptée dans laquelle chacun peut se reconnaître. Étonnamment, il semble qu’on ait perdu de vue cette capacité naturelle et qu’on ait besoin de réapprendre à être et à agir ensemble.
Une hypothèse est que notre environnement évolue à grande vitesse, la concurrence vient de partout, les échanges sont quasi instantanés à l’échelle planétaire et les attentes augmentent. Nous évoluons dans un monde de plus en plus interdépendant, rapide, connecté et complexe. Face à ces conditions, nous sommes appelés à ne pas agir à courte vue et de façon individualiste, mais à faire preuve de bon sens. Ce qui signifie: évoluer vers un leadership davantage collaboratif. cd