Conseils pratiques

Quelques pistes pour maintenir les seniors motivés et intégrés en entreprise

Contrairement à une idée reçue, bien des collaboratrices et collaborateurs auraient envie de travailler au-delà de l’âge de la retraite. Mais ces seniors quittent souvent leur poste en raison de plusieurs freins institutionnels et à cause de grossières erreurs de management. Voici quelques conseils pour créer des conditions favorables à leur épanouissement. 

Comme l’a bien compris ABB Suisse depuis plusieurs années, il devient impératif de développer une véritable politique de rétention des seniors, richesse pour l’entreprise en termes de compétences, de savoir-faire et de ciment culturel. Le défi consiste aujourd’hui à les maintenir motivés le plus longtemps possible et à leur montrer à quel point ils sont importants pour l’entreprise. Si leur coût salarial est un peu plus élevé que celui de collaborateurs plus jeunes, leurs capacités à identifier des problèmes et à les résoudre permettent souvent aux entreprises de faire des économies bien plus importantes.

Pour éviter les licenciements, de nombreuses entreprises et administrations font appel à des plans sociaux et mettent en place des programmes de mise à la retraite anticipée! Et pourtant, dans un délai de cinq à dix ans, on sait que les jeunes qui arrivent sur le marché de l’emploi ne seront pas assez nombreux pour combler les postes laissés vacants par les «baby-boomers» des années 50 et 60.

De plus, avec l’allongement de la durée de la vie et la baisse prévisible des rentes, il deviendra impératif de prolonger la vie active et la période de cotisation.

Contrairement à une idée reçue, bien des collaboratrices et collaborateurs auraient envie de travailler plus longtemps, même au-delà de l’âge de 65 ans, et non seulement pour améliorer leurs revenus à la retraite. En témoignent notamment les nombreuses personnes indépendantes dont les médecins, consultants, artisans, artistes qui ne s’arrêtent pas avec l’arrivée de l’AVS.

Partager leur expérience avec les jeunes générations

L’entreprise Hublot ainsi que certaines écoles professionnelles, face à la difficulté de recruter des spécialistes, se sont mis à cibler des personnes étant déjà à la retraite. Ils n’y parviennent pas en premier lieu par un intéressement financier. Les principaux arguments pour attirer des retraités portent sur l’intérêt à faire partager leur expérience professionnelle aux générations plus jeunes ou encore sur la liberté d’organiser leur travail et leur emploi du temps. En effet, les seniors n’ont souvent plus les mêmes charges de famille. Ils désirent se rendre utiles, mais sans les inconvénients d’une activité inutilement stressante.

Développer une politique de promotion des seniors commence par la suppression des nombreux freins institutionnels à leur activité, comme l’interdiction, pratiquée par certaines collectivités publiques, de travailler après un certain âge ou encore les pertes financières sur les rentes si une personne diminue son taux d’activité ou travaille après l’âge légal.

Il s’agit également de donner un signal clair au personnel en place, en valorisant l’expérience et en supprimant notamment les mentions de limites d’âge dans les offres d’emploi.

Dans le cadre d’entretiens de conseil à la retraite anticipée, j’ai pu m’apercevoir qu’une grande partie des seniors quittent leur poste malgré eux. Ils se sentent obligés de partir, sont fatigués d’un boulot pratiqué trop longtemps de façon routinière ou ont la fâcheuse impression de ne plus être pris au sérieux, en raison d’une politique interne qui favorise les jeunes ou encore de chefs qui leur rendent la vie dure.

Une politique ciblée de rétention des seniors n’a pas pour objectif de les obliger à travailler plus longtemps, mais de créer des conditions favorables à leur épanouissement; et cela marche! Les entreprises auraient tort de négliger le potentiel existant. Fidéliser les compétences clés n’a pas de prix!

Voici quelques propositions pour favoriser la rétention de seniors:

  • Chez les collaborateurs de plus de 50 ans, c’est moins l’âge qui pose problème que le fait de rester trop longtemps au même poste sans nouvelles stimulations.
  • Diminuez les tâches pénibles et stressantes au profit d’activités nécessitant de l’expérience et de l’endurance.
  • Cherchez votre interêt : investissez dans la formation et le perfectionnement des seniors (p. ex. au travers de chèques-formation). Un jeune que vous formez reste en place entre 3 à 5 ans un senior près de 10.
  • Garder les seniors signifie s’intéresser à leurs besoins particuliers en   termes de qualité de vie au travail. Préférez les solutions souples et négociées individuellement : diminution progressive du taux d’activité, voire paiement au mandat ou à la tâche.
  • Comme les seniors sont plus particulièrement sensibles à leur santé, portez une attention particulire au bien-être physique: environnement de travail, prestations de type «wellness», horaires de travail basés sur les courbes énergétiques (gestion du stress).
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Titulaire d’un Master en administration publique, Didier Rochat est chef de projet RH et responsable de formation dans de grandes administrations publiques. Il est également coach et formateur indépendant chez Roconseil. www.roconseil.ch

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