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Quid de la vocation «sociale» de l’entreprise?

Apparu au temps de la reconstruction, le modèle d’entreprise d’après-guerre tend à s’essouffler, reléguant la fonction RH à des tâches principalement administratives et centrées sur la réglementation; écartant de fait la vocation humaine et sociale de l’entreprise, dont elle devrait être le fer de lance.
 
A l’heure de l’économie 3.0, cette crise d’identité implique des exigences d’adaptation très fortes et une véritable évolution de la fonction RH au travers d’une réhabilitation de la vocation «sociale» de l’entreprise. Mais quand on invoque le «social», de quoi parle-t-on au juste? Voici un mot-valise fort commode mais qui mérite cependant qu’on le définisse avec justesse.
 
Revendiquer le social, c’est assumer une responsabilité vis-à-vis de tous les membres de l’entreprise: il faut tout faire pour garantir au mieux dans le temps la pérennité des activités, pour garantir l’emploi; mais aussi assumer la responsabilité de parler et d’agir vrai, que les choses aillent bien ou mal. Ainsi, il est normal qu’un entrepreneur qui prend des risques soit rémunéré en conséquence lorsque tout va bien; en revanche, il est choquant que celui-ci puisse garder le même niveau de rémunération lorsque tout va mal et qu’il faudrait réduire la voilure.
 
Il y a une attitude faussement sociale qui, par une sympathie mal placée, concourt à une mauvaise lecture de l’entreprise. Il est nécessaire de bien définir en quoi consiste l’engagement humain et social du monde entrepreneurial qui se pare aujourd’hui d’atours trompeurs; ainsi certaines start-up, sous couvert d’attitudes progressistes et aguicheuses, poursuivent des logiques strictement financières et noient leurs collaborateurs dans des cultures d’entreprise aux sonorités parfois totalitaires (aménagement du lieu de travail comme un lieu de vie ‘en trompe l’œil’).
 
Sans doute les entrepreneurs devraient-ils repenser le succès de leurs efforts à l’aune d’authentiques critères sociaux: l’entreprise comme produit d’investissement financier et l’entreprise comme aventure humaine, vectrice de rencontres, ça n’a pas la même valeur; ce n’est pas le même système de valeurs.
 
Plutôt que d’assister à un véritable versioning des modèles d’organisation, c’est un sens qu’il faut trouver et une culture commune qu’il faut acquérir.
Il est impératif de faire en sorte que l’entreprise reste un territoire de justice – à défaut d’équité. Une entreprise responsable socialement, c’est une entreprise qui veille à la justice et la justesse du traitement de celles et ceux qui la composent. Ainsi, n’est-ce pas justement à la fonction RH d’incarner, d’exprimer et de diffuser ce nouvel imaginaire du changement?
 
La condition idéale d’une entreprise qui revendique sa vocation humaine et sociale, c’est son indépendance, celle de disposer de la pleine liberté de parler vrai ou d’être juste dans ses actes! Par extension, la fonction RH, afin d’assurer le relais de cette ambition au sein de l’organisation, ne doit-elle pas jouir de la même indépendance?
 
Au fond, est-elle l’acteur central de la modernisation ou une simple chambre d’enregistrement?
 

4HumanBeing

4HumanBeing est un think tank (sans visées commerciales) constitué en 2013 par un groupe d’entrepreneurs de PME romandes autour d’un axe principal de réflexion: la meilleure promotion de l’humain dans l’entreprise et la proposition d’une alternative à la pensée RH dominante.
 
Membres fondateurs: Penda Coulibaly (Ampersand World SA), Claire Matias (Expert’Eyes), Pascal Mino (Mino SA), Damien Gentilhomme (GR Creative SA), Cyrill Borgeaud (Metrisis SA), David Gerosa (Rhônalia SA) et Raphaël Bennour (Rhônalia SA). En partenariat avec HR Today, 4HumanBeing souhaite diffuser ses idées et stimuler le débat dans la communauté RH de Suisse romande.

 

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