Recruter des combattants

L’affirmation semble péremptoire, mais elle est le fruit de nos réflexions: la vie d’entrepreneur comme de DRH est un parcours chaotique, composé de crises mineures comme majeures. Le monde a changé et il faut désormais prendre en compte le surgissement possible d’événements incroyables dont les causes sont volatiles, obscures et changeantes. Conscients de cette situation – les DRH devront se mobiliser et penser le recrutement autrement, de façon «agile» c’est-à-dire un recrutement fondé sur le triptyque anticipation, coopération, innovation.

 

Le DRH saura que les crises sont des défis qui nous font entrer dans une histoire qui peut mal finir, qu’elles interrogent nos limites, qu’elles révèlent qui nous sommes. Les DRH chercheront ce qu’il y a d’humain dans les hommes et femmes qu’ils recherchent. Et cette humanité se révèle dans l’émergence de trois qualités: la cohésion avec les autres, la capacité à travailler hors les normes et à savoir déroger, enfin l’aptitude à s’entraîner et à accueillir l’incertitude.

 

Des qualités de combattant subtil et vigilant: des hommes et des femmes qui apprennent en permanence parce que les crises sont des questions à traiter dans le temps, des hommes et des femmes souples et adaptables qui soient flux dans le flot (dans le «flow»), qui connaissent leurs vulnérabilités, savent encaisser, parce que face aux crises, il faut préserver ses forces, des hommes et des femmes qui savent inventer.

 

Autrement dit, les qualités, compétences et aptitudes qui sont celles qu’exigent les arts martiaux imprégnés de taoïsme: s’insérer dans le Tao, c’est aller avec le flux, être eau avec l’eau, s’adapter aux circonstances et au temps et faire en sorte que, face à l’ennemi qu’est la crise, «ma faiblesse soit ma force»: il faudra recruter des hommes et des femmes qui ne modélisent pas systématiquement des schémas, qui respectent le cours spontané d’un mouvement sans attaques frontales ou corps à corps.

 

Les DRH sont donc amenés à inventer de nouveaux cahiers des charges pour les collaborateurs des entreprises de demain. Les savoirs et les diplômes doivent s’effacer derrière l’intelligence émotionnelle des candidats: quelles sont les qualités requises? Des hommes qui soient de vrais leaders, en empathie avec les émotions des autres, qui savent rendre leurs propres émotions contagieuses et qui ont toujours le bon feedback. Des hommes tolérants qui savent qu’on ne peut pas y arriver seul et admettent des points de vue différents, enfin des hommes qui savent «commencer», se jeter à l’eau. Difficile? Utopique? Face aux incertitudes à venir, il est vital de s’ouvrir aux expériences venues d’ailleurs.