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Suis-je le seul à avoir ce problème?

Il y a des moments où un manager se sent seul et impuissant face à des difficultés de gestion d’équipe. Ni ses formations de management, ni son expérience ou bagage technique ne semblent pouvoir l’aider. Cet article présente les échanges de pratiques managériales, un outil utile au développement des cadres et au dialogue intersecteur.
Nous sommes en 2012, l’entreprise de presque 2000 employés se porte bien. Elle est en pleine croissance depuis de nombreuses années. Cependant, quelques indicateurs sont au rouge pour notre équipe «Formation et développement du personnel». Des cadres semblent devoir faire face de manière récurrente aux mêmes questions de management. Ils sont bien formés sur les plans techniques et des soft-skills mais se sentent seuls avec leurs difficultés de gestion d’équipe. Ils parviennent difficilement à transférer dans la pratique les outils divers et variés acquis en formation. Défi supplémentaire pour l’équipe, la direction exige du pragmatisme dans les actions de développement, ainsi que la garantie d’un ROI visible et évaluable.
 
Nous avons décidé de relever ce défi en organisant des intervisions ou «échanges de pratiques managériales». Il est assez courant d’organiser des tables apprenantes entre des personnes d’un même secteur, à l’intérieur d’une équipe formée. Mais nous souhaitions aller plus loin. Nous voulions provoquer la rencontre entre des personnes ayant comme point commun majeur une fonction de management et un statut hiérarchique donné. Nous étions animés par une conviction profonde: la richesse réside dans les expériences des collaborateurs. Il était également crucial pour nous de permettre aux managers de mener ces échanges pour garantir une utilisation autonome et pérenne de la méthode.
 
L’intervision comprend quelques étapes simples: la présentation synthétique des cas problématiques, l’expression du ressenti et des hypothèses des autres participants. Ensuite, sur demande uniquement du «porteur du cas», le groupe propose des pistes concrètes, que le manager peut choisir de mettre en œuvre, ou non, selon ses besoins et la faisabilité.
 
Un avantage indéniable et particulièrement apprécié de la méthode est de pouvoir bénéficier du regard de pairs non impliqués directement dans la situation – et donc, plus créatifs et libres de proposer des solutions différentes, nouvelles... et parfois surprenantes.
 
La première étape du projet a été de sélectionner un groupe-pilote. Notre critère pour les choisir était leur motivation à participer à l’expérience. La direction a elle-même joué le jeu, donnant la légitimité nécessaire au projet. Le groupe, constitué d’une dizaine de cadres intermédiaires, a été suivi durant une année par un animateur externe, garant de la méthode, et un responsable du développement de l’encadrement, gardien de la culture d’entreprise. Nous avions planifié deux jours en cours d’année pour l’apprentissage de la méthode ainsi que pour la création d’un climat de confiance, et cinq demi-journées de suivi (espacées de deux mois environ). Cette première phase de formation, soutenue par les directeurs des secteurs concernés, s’avéra cruciale.
 
À la fin de ce projet pilote, le degré de satisfaction et d’utilité perçue par les participants a dépassé les 90%. Il y avait tout d’abord un réseau solide de pairs intersecteur qui a permis à ses membres de se sentir soutenus et leur a donné le courage de prendre en main des situations délicates qui stagnaient. Les résultats concrets suivants ont également été observés: qualité d’écoute accrue, ajustement de comportements inadéquats de collaborateurs, responsabilités clarifiées, conflits résolus, équipes remotivées. Plus de trente nouvelles personnes ont voulu participer à la suite de la démarche. Cette phrase d’un participant m’est restée en mémoire: «Au début, j’étais méfiant à l’idée de parler de situations délicates me con- cernant. Rapidement, j’ai été impressionné de voir à quel point la confiance et le respect se sont installés.»
 
À ceux qui doutent du pragmatisme et du ROI des actions de développement RH en entreprise, je conseille de tester cette démarche. La valeur ajoutée ne manquera pas de se manifester, clairement, concrètement et rapidement. Vous aurez probablement la chance d’observer également son impact positif sur la maturité managériale de votre encadrement. La clé du succès sera: vous vous y consacrez sincèrement!
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François Roduit, responsable RH à la Ville de Lausanne, a mené une expérience de développement des cadres dans une grande entreprise romande en 2012.

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