Une certaine tension est nécessaire
Dans une PME comme la nôtre, le plaisir au travail est un ingrédient absolument nécessaire. Les collaborateurs qui viennent travailler avec envie seront toujours plus performants et agréables.
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Je ne suis pas un patron strict et autoritaire. Je tutoie tout le monde et je fais volontiers une partie de babyfoot avec l’équipe durant la pause de midi. Si le curseur est donc plutôt du côté du bonheur au travail, j’estime qu’une certaine tension est nécessaire pour progresser. Ainsi nous pouvons manger ensemble à midi et s’énerver dans l’heure suivante si nous ne sommes pas d’accord sur un point. Notre équipe de développement IT travaille par exemple sur des projets très complexes. Dans les moments difficiles, la tension est palpable. Mais c’est quand ils ont surmonté ces obstacles qu’ils ont le plus de satisfaction.
Si je devais définir nos priorités, je dirais que l’humain doit toujours rester au centre. Nos clients d’abord, car c’est leur satisfaction qui nous fait vivre. Mais le collaborateur vient tout de suite après. La qualité des personnes est vitale, d’autant plus dans une petite équipe. Ce ne sont pas des mots vains, si beaucoup de patrons préféreraient ne pas avoir d’employés, de mon côté, j’aime travailler avec une équipe, j’en ai besoin, même avec tous les soucis que cela implique.
Je me considère comme un chef d’orchestre qui coordonne les projets et les équipes. Nous avons un fonctionnement très participatif, avec une hiérarchie faible et des rôles clairs. Après avoir posé un cadre précis, je fais confiance à mon équipe sur le chemin à prendre pour atteindre les objectifs.
J’attache aussi une grande importance à l’agilité dans notre organisation. Nous utilisons la méthode Scrum pour avancer dans nos projets. Nous travaillons par itération, en remettant en question les décisions prises lorsque cela est nécessaire. La méthode prévoit des objectifs à atteindre toutes les deux semaines. Cet horizon court nous permet d’être en permanence dans le réajustement. Et donc de garder une certaine tension positive. A l’inverse, un objectif fixé sur douze mois serait beaucoup plus vague et donc plus difficile à intégrer pour les collaborateurs.
J’ajouterais enfin que ce genre d’organisation du travail, avec une grande liberté laissée à chacun et des objectifs courts et précis, ne convient pas à tout le monde. Certaines personnes ont besoin d’être bousculées et d’avoir un chef qu’elles peuvent détester. Ici au contraire, j’ai besoin de gens qui sont autonomes et autoporteurs. J’engage des gens qui sont bien meilleurs que moi dans leur domaine. Cela stimule une atmosphère de critiques constructives dans le but de toujours surpasser les attentes. Les échanges sont parfois vifs car la participation de chacun est encouragée.
Dans un monde où le salaire et un titre ne suffisent plus à motiver les milléniums, une approche participative et basée sur la confiance me semble être indispensable pour recruter les meilleurs talents. Et ainsi répondre aux besoins d’un marché en constante évolution.