15.01.2018

Brexit: Jusqu'à 500'000 emplois menacés en l'absence d'accord avec l'UE

Le Royaume-Uni pourrait perdre près d'un demi-million d'emplois à l'horizon 2030 s'il sort de l'Union européenne (UE) sans accord. C'est en tout cas ce que prévoit le scénario le plus pessimiste d'une étude commandée par le maire europhile de Londres, Sadiq Khan.

Image
Brexit_emploi.JPG

(ats afp) "Si le Royaume-Uni quitte l'Union européenne en mars 2019 sans accord sur le marché unique, l'union douanière ou des dispositions transitoires (...), cela pourrait engendrer la perte de 482'000 emplois", a prévenu l'élu travailliste dans un communiqué.

Parmi les secteurs passés en revue par le cabinet de recherche Cambridge Econometrics, les services financiers souffriraient le plus d'une absence d'accord (-119'000 emplois). Suivraient les sciences et technologies (-92'000) ainsi que la construction (-43'000).

Rien qu'à Londres, centre financier du Royaume-Uni, les pertes d'emplois pourraient s'élever à 87'000, mais la capitale souffrirait moins que le reste du pays.

Les investissements pourraient, eux, chuter de 15% à l'échelle nationale, soit 46,8 milliards de livres (près 61,2 milliards de francs) de moins.

"Manque total de préparation"

Cette étude se penche sur l'impact potentiel de cinq scénarios liés au Brexit sur le pays et sa capitale dans neuf secteurs clés de l'économie, du maintien d'un statu quo d'ores et déjà exclu par le gouvernement britannique au scénario extrême d'une sortie de l'UE sans accord ni période de transition.

Dans le plus optimiste des scénarios possibles, à savoir le maintien du Royaume-Uni dans le marché unique à l'issue d'une période de transition, mais pas l'union douanière, le Royaume-Uni pourrait perdre 176'000 emplois.

Sadiq Khan a accusé le gouvernement britannique d'un "manque total de préparation" sur les conséquences du Brexit, l'appelant à changer sa position de négociation et à accepter un maintien du pays dans le marché unique et l'union douanière.

Pas d'étude secteur par secteur

En décembre, le ministre du Brexit, David Davis, avait reconnu devant des députés que ses services ne disposaient pas d'étude d'impact secteur par secteur de la sortie de l'UE.

Sollicitée par l'AFP, une porte-parole de son ministère a indiqué que Londres et Bruxelles pensaient pouvoir "conclure un accord ambitieux garantissant la prospérité pour le Royaume-Uni et l'UE à 27". "Le Royaume-Uni veut un partenariat approfondi et spécial avec l'Union européenne", a-t-elle ajouté.

Après la conclusion d'un accord intermédiaire sur le Brexit en décembre 2017, le Royaume-Uni et l'UE doivent négocier cette année une éventuelle période de transition ainsi que leur future relation commerciale et en matière de sécurité à l'issue de ce laps de temps.

Equipementiers allemands aussi touchés

Une autre étude du cabinet Deloitte publiée jeudi estime que la sortie britannique de l'UE sans accord pourrait se traduire par la disparition de jusqu'à 14'000 emplois chez les équipementiers automobiles allemands.

"Etant donné l'énorme volume d'affaires et le haut degré d'interdépendance du secteur allemand de la sous-traitance automobile avec la Grande-Bretagne, de nombreux emplois seraient touchés en cas de Brexit dur", peut-on lire dans l'étude.

D'après Deloitte, 42'500 emplois dépendent directement ou indirectement du commerce avec la Grande-Bretagne, qu'il s'agisse de fournir l'industrie automobile britannique ou des constructeurs exportant leur production au Royaume-Uni.

Ce pays est le plus grand marché des équipementiers automobiles allemands en Europe, rappelle le cabinet de conseil. Les mastodontes Bosch, Continental ou encore ZF Friedrichshafen, mais aussi une pléthore d'entreprises de taille moyenne, fabriquent ainsi 18% des pièces utilisées dans la production automobile en Grande-Bretagne.

Dans le cas d'une sortie de l'UE sans accord ni période de transition, la livre serait durablement affaiblie et les droits de douanes passeraient de 0% à 10%, faisant chuter le chiffre d'affaires des équipementiers automobiles allemands de 3,8 milliards d'euros, a calculé Deloitte.