Covid-19: il faut investir en faveur d’une reprise centrée sur l’humain estime l’OIT
La reprise économique et sociale après la pandémie demandera des politiques qui favorisent le travail décent, s'attaquent à la pauvreté et aux inégalités, et encouragent une reprise verte, a déclaré le Directeur général de l'OIT lors des réunions de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.
Les mesures prises pour sortir de la crise économique engendrée par le COVID-19 doivent être centrées sur l’humain et remédier aux difficultés auxquelles le monde du travail devait déjà faire face auparavant, ainsi qu’aux conséquences de la pandémie, a indiqué Guy Ryder, Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT) aux membres du Comité du développement et du Comité monétaire et financier international (CMFI) qui se sont réunis à l’occasion des Réunions de printemps 2021 du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI).
Mentionnant la forte augmentation de la pauvreté et des inégalités depuis le début de la pandémie, il a également mis en garde les délégués contre le fait que sans un effort concerté et étendu en matière de politiques, il existait «un risque bien réel de voir la crise du COVID-19 laisser derrière elle des inégalités grandissantes et de l’injustice sociale».
Il a indiqué qu’une action multilatérale cohérente était essentielle afin d’assurer que la reprise économique et sociale soit tout autant centrée sur l’humain que les conséquences de la pandémie, soulignant que la Déclaration du centenaire de l’OIT pour l’avenir du travail , adoptée en 2019 à l’unanimité par les Etats Membres de l’OIT, offrait une feuille de route validée au plan international pour aller vers des sociétés plus inclusives et plus résilientes.
«[L’accélération] de la mise en œuvre de cette feuille de route devrait constituer une priorité centrale en matière de politiques publiques et de coopération internationale», a-t-il affirmé.
Dans sa déclaration écrite au Comité du développement, M. Ryder a indiqué que la réponse au COVID-19 devait donner la priorité à la création d’offres de travail décent, et il a cité les quatre composantes nécessaires pour aller vers une reprise économique centrée sur l’humain qui pourrait également renforcer les capacités de résilience face aux chocs futurs. Cela passe notamment par le renforcement des processus de sécurité et de santé au travail, où l’on constate des conséquences importantes au niveau humain en matière de procédures défaillantes sur le plan de la sécurité et de la santé, dont on estime le coût économique à 4 pour cent du PIB annuel mondial.
Par ailleurs, il est également nécessaire de venir en aide aux populations pauvres et vulnérables, y compris en améliorant la protection sociale. «Aujourd’hui, nous avons l’occasion d’unir nos efforts autour d’un paradigme commun reconnaissant à la fois la valeur et le caractère urgent d’un investissement dans des systèmes de protection sociale complets et adéquats», a-t-il poursuivi.
De plus, le soutien apporté à la croissance des entreprises et aux créations d’emplois doit être durable et se focaliser sur la qualité des emplois, par le biais de politiques et de mesures touchant l’ensemble des travailleurs et des entreprises, y compris au sein de l’économie informelle.
Il est également nécessaire de renforcer les institutions du travail, y compris la liberté syndicale, les négociations collectives et d’autres formes de dialogue social – y compris en ce qui concerne les salaires.
Dans sa déclaration au CMFI, M. Ryder a soulevé la question du changement climatique. Alors même que ce dernier menace la stabilité macro-économique ainsi que les moyens de subsistance de millions de personnes, il existe un potentiel considérable pour associer la transition vers un avenir avec de faibles émissions de carbone et la création d’emplois décents.
«Les milliards de dollars investis dans le processus de reprise économique peuvent constituer le moteur pour aller vers la durabilité et la création d’emplois décents», a -t-il déclaré, ajoutant que, selon les recherches menées par l’OIT, une relance verte qui se concentrerait sur des investissements dans les énergies renouvelables en allant vers une meilleure productivité et des transports écologiques pourrait permettre d’ajouter quelque 20,5 millions d’emplois d’ici 2030.
Pour aboutir à cette transition, il serait essentiel d’offrir un accès égal aux compétences nécessaires et à l’apprentissage tout au long de la vie, ce qui constituerait un élément essentiel pour un développement inclusif et durable, a-t-il ajouté.
Les Réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI ont lieu de manière virtuelle entre le 5 et le 11 avril 2021. Le Comité du développement et le CMFI ont une mission de conseil auprès des conseils d’administration du Groupe de la Banque Mondiale et du FMI sur des questions d’intérêt mondial, y compris en matière de perspectives économiques mondiales, d’éradication de la pauvreté, de développement économique et d’efficacité des aides octroyées.