Sur la base de données de l’Office fédéral de la statistique (OFS), les deux chercheurs de l'Université de Berne documentent d'abord l'ampleur de l'expansion de la formation, dont les femmes ont particulièrement profité. Alors que dans la cohorte 1951-55 40% des hommes et 20% des femmes avaient un diplôme tertiaire, dans la cohorte 1986-90 ils étaient 50% tant chez les hommes que chez les femmes.
Si davantage de parents ont un diplôme tertiaire, moins d’enfants peuvent être mobiles vers le haut en termes d’éducation, ces enfants faisant tout au plus jeu égal avec leurs parents. Cet effet de plafond explique pourquoi la mobilité éducative a diminué au fil du temps. En effet, plus de la moitié des enfants de la cohorte la plus ancienne (1951-55) ont obtenu un niveau de formation supérieur à celui de leurs parents, alors qu’ils n'étaient plus qu'un tiers dans la cohorte la plus récente (1986-90). Néanmoins, même dans la cohorte la plus récente, la mobilité ascendante est plus importante que la mobilité descendante. Seuls 15% des enfants ont obtenu un diplôme inférieur à celui de leurs parents.
La mobilité éducative diffère selon le diplôme des parents. Les enfants vivant une mobilité descendante sont en grande partie issus de familles dont les parents ont un diplôme tertiaire. Le système éducatif suisse parvient donc à briser quelque peu le cycle de reproduction du niveau de formation au sein des familles dont les parents ont un diplôme universitaire. Parallèlement, le système éducatif suisse permet à plus de 90% des enfants issus de familles ayant obtenu un diplôme de niveau secondaire I de vivre une mobilité éducative ascendante. Pour les femmes en particulier, la probabilité d'obtenir un niveau d'éducation supérieur à celui de leurs parents a augmenté au fil des générations, quel que soit le niveau de formation parentale.
Nennstiel, Richard & Becker, Rolf (2023). La mobilité éducative en Suisse. Social Change in Switzerland, N°35, www.socialchangeswitzerland.ch