24.07.2024

Employabilité des seniors: les entreprises romandes peuvent faire mieux

Près de 20% des entreprises suisses romandes n’emploient aucun senior de plus de 55, alors que les employeurs les apprécient pour leur savoir-faire et leur expertise. C’est l’un des constats d’une étude récente réalisée par l’institut MIS Trend pour le compte du programme AvantAge de Pro Senectute.

Voici les 5 principaux constats qui ressortent de cette étude auprès de 433 entreprises:

1. Des entreprises « sans seniors », une réalité romande.
Si tous les employeurs interrogés emploient des travailleurs de moins de 45 ans, le nombre de collaborateurs plus âgés se réduit ensuite progressivement. Pas moins de 2 entreprises sur 10 ne comptent pas de travailleurs de plus de 55 ans, et 3 entreprises sur 10 de plus de 60 ans. A contrario, 3 sur 10 indiquent employer encore au moins une personne de plus de 65 ans. Les petites structures (moins de 30 personnes), qui sont aussi les plus nombreuses en Suisse romande, sont celles chez qui la proportion de travailleurs seniors est la plus faible.

2. Les employeurs préfèrent garder leurs travailleurs au-delà de 65 ans, plutôt que d’en engager de nouveaux de plus de 60 ans pour les remplacer.
Si les employeurs engagent encore sans réserve (61%) ou à certaines conditions (33%) de nouveaux travailleurs âgés de 55 à 59 ans, leur attitude se renverse vis-à-vis des candidats âgés de 60 à 65 ans. Pas moins de 22% d’entre eux n’entrent actuellement plus en matière, et 48% qu’à certaines conditions. Au-delà de 65 ans, plus de la moitié (52%) rejette totalement cette possibilité. Par contre, 8 employeurs sur 10 envisagent volontiers de conserver des collaborateurs au-delà de 65 ans ; d’ailleurs 27% le font déjà.

3. Les employeurs apprécient les seniors pour leur savoir-faire et leur expertise, moins pour leur maîtrise des nouvelles technologies ou leur coût.
Une majorité des employeurs apprécie clairement (87%) de pouvoir conserver le savoir-faire et l’expertise dans l’entreprise grâce aux seniors. Contrairement à certaines idées reçues, ils estiment aussi qu’ils ne créent pas davantage de conflits au sein de l’entreprise que leurs cadets (82%), qu’ils ne sont pas moins productifs (79%) ou créatifs (73%), ou encore moins souples et flexibles (67%). Seule une minorité estime en revanche qu’ils ne coûtent pas trop cher (47%) ou qu’ils ne sont pas moins à l’aise avec les nouvelles technologies (37%).

4. L’employabilité des seniors, une préoccupation encore peu présente.
A une large majorité (80%), les entreprises n’ont que peu aujourd’hui le sentiment d’être confrontées à de réelles difficultés en matière d’« employabilité des seniors », soit selon l’Organisation internationale du travail (OIT) : l’aptitude à trouver et conserver un emploi, à y progresser et à s’adapter au changement jusqu’à la fin de sa vie professionnelle. Environ la moitié des entreprises (49%) se sentent d’ailleurs bien informées sur la question. Néanmoins, à part l’octroi de vacances supplémentaires (48%), de salaires adaptés (39%) ou de tâches physiques réduites (31%), peu ont déjà pris des mesures en amont pour préserver l’employabilité des seniors. Seule une petite minorité (16%) offre par exemple des formations pour leurs seniors afin de maintenir leurs compétences, ou dispose d’un accompagnement de « case management » pour le maintien de la santé en entreprise (24%).

5. Des retraites pas suffisamment bien anticipées et préparées.
Si 57% des entreprises ont le sentiment d’être suffisamment informées sur le thème de la préparation à la retraite, peu en réalité (25%) disposent d’un réel programme de planification de fin de carrière ou de préparation à la retraite (24%) pour le personnel. Elles sont malgré cela conscientes que leurs seniors se font du souci pour ce cap important à passer, principalement en ce qui concerne les aspects financiers (59%), la santé (30%) et la gestion de l’emploi du temps (23%).

Pour Costantino Serafini, directeur du programme romand AvantAge rattaché à Pro Senectute, les résultats de l’étude montrent que de nombreux employeurs ne sont pas encore prêts aux changements rapides qui vont s’opérer sur le marché du travail. «Deux tiers admettent ne pas en faire assez aujourd’hui pour garder ou attirer les seniors, mais sont conscients dans la même proportion que recruter sera nettement plus difficile dans 5 ans ou qu’il faudra davantage compter sur les seniors, souligne-t-il dans un communiqué. Il s’agit donc dorénavant de passer à l’action. Les entreprises et organisations, même petites, qui n’anticiperont pas risquent clairement de manquer de cerveaux et de bras pour assumer leurs missions ou rester compétitives.»

Cette étude quantitative a été effectuée entre mars et mai 2024 par l’institut MIS TREND (marge d’erreur 5%) auprès de 433 entreprises et organisations représentatives du tissu économique romand, soit 24% dans le secteur secondaire et 76% dans le secteur tertiaire, avec une forte proportion (83%) de PME entre 10 et 49 personnes.

Le programme AvantAge de Pro Senectute offre de nombreuses prestations d’accompagnement et de formation pour aider les entreprises à maintenir l’employabilité des personnes entre 45 et 65 ans, et de les soutenir dans la préparation à la retraite. Deux nouvelles formations viennent par ailleurs d’être lancées ; l’une à destination des collaborateurs seniors: «Bien vivre sa vie professionnelle et privée après 50 ans», et l’autre à destination des responsables RH: «Connaître, évaluer et mettre en place des mesures pour les jeniors».

Télécharger le résumé de l'étude (format PDF): Etude sur le thème de l’employabilité et de la préparation à la retraite