Berne (ats) Dans un communiqué, GE précise avoir entamé la procédure de consultation avec les représentants du personnel des sites concernés. La restructuration vise à adapter ces unités aux conditions du marché de la production d'énergie en Europe, en particulier dans le domaine des turbines à gaz et à vapeur.
GE ajoute que les segments touchés par la restructuration, lesquels avec leurs 5500 salariés ont été repris au groupe français Alstom, ont subi d'importants reculs ces dernières années. Au final, les sites helvétiques paient un lourd tribut, la restructuration concernant au maximum 6500 emplois sur un total de 35'000 en Europe.
Pour mémoire, l'opération signant le recentrage d'Alstom sur le transport a été finalisée début novembre 2015, près de 15 mois après l'accord signé entre les deux groupes. L'Etat français a fortement pesé sur les discussions, avant de donner son feu vert à l'absorption d'un de ses champions industriel à fin 2014.
Engagement à long terme
Donnant son approbation conditionnelle en septembre, la Commission européenne a elle notamment exigé que GE réduise le périmètre de la reprise. Le conglomérat a ainsi dû se résoudre à céder le lucratif portefeuille de contrats de maintenance des centrales électriques d'Alstom ainsi que des turbines à gaz de grande puissance à l'italien Ansaldo Energia.
En Suisse, cette cession a entraîné le transfert de 430 salariés vers la firme établie à Turin. Malgré la coupe sévère annoncée mercredi, GE assure vouloir s'engager pour une présence significative en Suisse, et ce à long terme.
A ce titre, le géant d'outre-Atlantique rappelle sa décision d'implanter à Baden les sièges des secteurs Power Services et Steam Power Systems. L'entreprise entend aussi maintenir en Suisse des activités fortes dans le domaine de la recherche et du développement.
Si GE se montre avare en détails dans sa communication, le syndicat Syna précise que le géant établi à Fairfield, dans l'Etat américain du Connecticut, va cesser la production de turbines à gaz en Suisse pour la concentrer en France voisine, à Belfort. Le syndicat note que la plupart des postes seront biffés à Baden et Birr.
Syndicats consternés
Consterné par la mesure, Syna la juge dispensable. A l'image d'Unia, le syndicat reproche au conglomérat américain une opération destinée à maximiser ses profits et rémunérer ses actionnaires, ces derniers recueillant les fruits des synergies. Une stratégie plus facile à appliquer en Suisse, compte tenu d'une législation sur le travail libérale, poursuivent Syna, Unia et Employés Suisse.
Syna note ainsi que l'Etat français, par exemple, n'a pas manqué d'exiger des garanties pour les sites présents sur son territoire. "La politique suisse, elle, ... n'a pas bougé le petit doigt", accuse le syndicat. Outre-Jura, GE veut biffer 765 emplois sur un peu moins de 9000.
Selon Syna, les chiffres démontrent que les suppressions d'emplois prévues en Suisse ne sont pas indispensables du point de vue financier. Et de rappeler qu'en 2014, GE a distribué pas moins de 23 milliards de dollars (autant en francs) de dividendes et pourrait encore verser 26 milliards cette année.
Si Syna reconnaît que la reprise par GE représente une chance, le syndicat refuse que l'exploitation des synergies qui en découlent se fasse au détriment du personnel. De nature temporaire, les surcapacités et une conjoncture mondiale hésitante ne justifient pas une "restructuration précipitée".
Johann Schneider-Ammann touché
Prévenu de l'ampleur de la coupe de GE en Suisse, le président de la Confédération, Johann Schneider-Ammann, s'est dit touché, évoquant une "situation dramatique pour les employés concernés". Mais on ne peut rien faire d'autre que montrer les avantages de la Suisse", a déclaré le ministre de l'économie.
Interrogé sur un "lobbying" insuffisant de la Suisse auprès de GE, le conseiller fédéral a botté en touche. Le groupe a tenu parole en basant par exemple deux sièges en Suisse. Les entreprises suisses ont très bien réagi à la crise du franc fort, mais il faut poursuivre les efforts contre une désindustrialisation rampante, estime Johann Schneider-Ammann, à l'unisson avec les syndicats.